Genre : Comédie
Durée : 78’
Acteurs : Benjamin Voisin, Emmanuelle Bercot, Rivaldo Pawawi, Grégoire Ludig, Laura Felpin, Aure Atika, Suzy Bemba...
Synopsis :
Après dix jours de compétition, les Jeux sont un fiasco pour la délégation française qui ne parvient pas à gagner de médaille d’or. Tous les espoirs de titre reposent désormais sur Paul, champion du monde de tir mais athlète immature et pas très malin. Alors que la compétition approche, il est contraint de partager sa chambre avec un nageur qui semble plus préoccupé par les tentations extra-sportives du village que par sa course.
La critique express de Julien
Sorti le 8 mai dernier en France, on ne peut pas dire que le premier film de Jérémie Sein, "L’Esprit Coubertin", présenté en sélection officielle du Festival de l’Alpe d’Huez en 2024, ait rassemblé les foules, malgré l’approche imminente des Jeux olympiques de Paris, lui qui a obtenu une moyenne de spectateur de 2,3/5 sur AlloCiné, tout en n’étant pas parvenu à intégrer le Top 20 des entrées en France la semaine de sa sortie. Or, sa comédie tombait pourtant à point nommé, puisqu’il y est question de Paul Bosquet (Benjamin Voisin), un champion de tir socialement (très) gauche et "complètement pas tranquille" participant alors aux Jeux olympiques, et sur qui tous les espoirs de la France vont reposer, étant donné les résultats décevants de ses compatriotes passés avant lui. Fils d’un journaliste sportif, et inspiré par le film "Ricky Bobby ; Roi du Circuit" (Adam McKay, 2006), le cinéaste égratigne dès lors ici, et de manière à la fois absurde et infantile, le chauvinisme français en matière d’esprit de compétition, l’absurdité ascendante qu’est devenue la tradition des Jeux olympiques (quelque part entre l’argent, les lobbys et la politique), l’hypocrisie des villages olympiques et des délégations, ou encore les tics de langage et l’usage de la novlangue par les commentateurs sportifs (joués ici par les comédiens de DAVA)...
À contre-emploi total, Benjamin Voisin incarne alors un anti-héros improbablement relooké (l’acteur est méconnaissable tellement il est arrangé), avec son training Adidas bleu, ses cheveux gominés, ses lunettes de vue, et son bouc barbe, lequel se tient droit comme un poteau, en plus d’avoir des tics faciaux. Tandis qu’il garde des séquelles d’une éducation paternelle à la dure, son personnage a nécessairement besoin de son espace vital, lui dont la devise est "on vient, on gagne, on s’en va" ! Autant dire qu’il n’est pas là pour se faire des amis. Mais c’était sans compter sur son entraîneuse (Emmanuelle Bercot, ses dreadlocks et ses chewing-gums) avec qui Paul entretient une sorte de désir contrarié, et un voisin de chambre (Rivaldo Pawawi) bien plus concentré sur ses performances sexuelles qu’olympiques (le film rigole d’ailleurs du nombre record de préservatifs à destination des athlètes lors de la compétition)...
Tandis que son titre fait écho au baron Pierre de Coubertin, lequel a réhabilité les Jeux olympiques de l’ère moderne en 1894 avant - notamment - de dessiner leurs anneaux ou de fonder le Comité international olympique (CIO) à Lausanne en 1915, "L’Esprit Coubertin" est une comédie difficilement qualifiable, elle qui part dans tous les sens, sans jamais se prendre au sérieux. On croirait dès lors voir une parodie régressive d’une parodie. Or, l’anecdote du réalisateur partagée dans le dossier de presse du film selon laquelle il a "beaucoup souffert psychologiquement sur ce tournage", lequel y voyait "les acteurs en slip dans la chambre en train de faire des bagarres homo-érotiques de gamins" et s’interrogeait donc sur la capacité de son film à rencontrer la critique et le public, semblait donc prémonitoire...
À voir au second degré (bien que son ton narratif soit au premier degré), ce film manque, de plus, de structure dans sa mise en scène, et de cinématographie. À vrai dire, son "faible" budget de production (2,5 millions d’euros) se voit à l’écran, étant donné notamment une reconstitution des décors olympiques peu crédible. En définitive, quand bien même s’il se moque ouvertement - et pour notre plus grand plaisir - de la devise olympique "Citius, Altius, Fortius - Plus vite, plus haut, plus fort" proposée par Coubertin d’après le père Henri Didon, ainsi que de ce que sont advenu ces Jeux, "L’Esprit Coubertin" ressemble trop à une grande cour de récréation, et fatigue rapidement...