Genre : Drame
Durée : 129’
Acteurs : Viggo Mortensen, Vicky Krieps, Jason Clarke, Danny Huston, Tom Bateman...
Synopsis :
L’Ouest américain, dans les années 1860. Après avoir fait la rencontre de Holger Olsen, immigré d’origine danoise, Vivienne Le Coudy, jeune femme résolument indépendante, accepte de le suivre dans le Nevada, pour vivre avec lui. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate, Olsen décide de s’engager et Vivienne se retrouve seule. Elle doit désormais affronter Rudolph Schiller, le maire corrompu de la ville, et Alfred Jeffries, important propriétaire terrien. Il lui faut surtout résister aux avances plus qu’insistantes de Weston, le fils brutal et imprévisible d’Alfred. Quand Olsen rentre du front, Vivienne et lui ne sont plus les mêmes. Ils doivent réapprendre à se connaître pour s’accepter tels qu’ils sont devenus…
La critique de Julien
Après son premier film intimiste "Falling" (2021), qui, sans être autobiographique, relatait une relation père-fils tumultueuse, alors influencée par son éducation et inspiré de conversations de sa jeunesse, Viggo Mortensen passe la seconde avec "The Dead Don’t Hurt", sur lequel plane toujours un peu de son histoire, alors que son métrage est dédié, cette fois-ci, à sa mère, Grace Gamble Atkinson. Tandis qu’il a également écrit, co-produit et composé la musique de son film, ce dernier y interprète aussi l’un des personnages principaux, lequel est un drame d’époque, et bien plus encore un western. Et c’est avec la talentueuse actrice germano-luxembourgeoise Vicky Krieps, révélée au grand public dans "The Phantom Thread" (Paul Thomas Anderson, 2018), qu’il partage ici l’affiche, incarnant dès lors les deux moitiés d’une histoire d’amour séparée par leurs guerres respectives...
Alors que celui qui interprétait Aragon dans la trilogie "Le Seigneur des Anneaux" (Peter Jackson, 2001-2003) est venu présenter son film à Mons en mars dernier dans le cadre du 39ème Love International Film Festival, "Jusqu’au Bout du Monde" développe son intrigue dans l’Ouest américain des années 1860, à la rencontre de Holger (Mortensen), un immigré d’origine danoise, lequel va tomber amoureux de Vivienne le Coudy, une jeune femme franco-canadienne résolument indépendante (Krieps), et rosophile. Mais après avoir commencé à bâtir une vie et construit une maison ensemble, ils se retrouveront séparés par la guerre de Sécession, le premier décidant de s’engager, tandis que la deuxième, dans l’attente, travaillera dans le seul Saloon de la ville, corrompue par son maire (Danny Huston). Mais alors que l’établissement appartient à un terrible propriétaire terrien (Garret Dillahunt), son fils (Solly McLeod), impitoyable, impulsif et violent, s’en prendra à Vivienne, laquelle devra ainsi tenir tête à ce monde d’hommes...
Toujours entouré de ses fidèles collaborateurs, dont du directeur de la photographie Marcel Zyskind, de la décoratrice Carol Spier, du directeur artistique Jason Clarke ou encore de la costumière Anne Dixon, Viggo Mortensen nous livre là une œuvre techniquement plus ambitieuse que la précédente, ne fût-ce qu’en matière de décors, lui qui filme ici d’immenses étendues sauvages de l’Ontario, de Colombie-Britannique et encore du Mexique. Ainsi, outre quelques rares arrière-plans réalisés sur fond vert et qui piquent aux yeux, "The Dead Don’t Hurt" est un film visuellement splendide, dans la lignée des films du genre, et cela malgré avec un budget restreint. Aussi, et alors que "Falling" s’étalait sur une cinquantaine d’années, sa nouvelle réalisation voit sa chronologie morcelée, et cela entre séquences passées (jusqu’à l’enfance de Vivienne) et actuelles, lesquelles sont, de plus, parsemées d’élans poético-oniriques. On voyage donc ici au travers des années, de quoi venir contrecarrer le classicisme habituel du film de western, que ce "The Dead Don’t Hurt" est en son cœur, notamment par la figure de son antagoniste. Dommage aussi que cette construction narrative vienne gâcher l’issue de cette histoire, et donc ses enjeux, jusqu’au bout du monde...
Viggo Mortensen traite alors ici de résilience, de l’horreur du machisme, du devoir et de la responsabilité civile de l’homme, mais aussi de son besoin de grands espaces, à une époque où la découverte du monde et la prospérité lui faisaient envie... Mais il offre surtout un puissant rôle féministe à sa partenaire Vicky Krieps, alors que la place sociale de la femme était dictée par l’homme, ayant tous les droits sur elle. Mais "The Dead Don’t Hurt" est surtout une belle et respectueuse histoire d’amour, sans chichis, avec ses compromis et sacrifices, et cela entre des personnages empathiques magnifiquement joués par ses acteurs, entre retenue et sensibilité, tandis que les dialogues et les silences mesurés laissent place ici à de belles émotions.