Genre : Comédie, action
Durée : 125’
Acteurs : Ryan Gosling, Emily Blunt, Winston Duke, Aaron Taylor-Johnson, Stephanie Hsu, Teresa Palmer, Hannah Waddingham...
Synopsis :
C’est l’histoire d’un cascadeur, et comme tous les cascadeurs, il se fait tirer dessus, exploser, écraser, jeter par les fenêtres et tombe toujours de plus en plus haut… pour le plus grand plaisir du public. Après un accident qui a failli mettre fin à sa carrière, ce héros anonyme du cinéma va devoir retrouver une star portée disparue, déjouer un complot et tenter de reconquérir la femme de sa vie tout en bravant la mort tous les jours sur les plateaux. Que pourrait-il lui arriver de pire ?
La critique de Julien
"Quand on en fait de trop, on perd le spectateur...", peut-on ici entendre dire le personnage cascadeur de Ryan Gosling à celui de sa dulcinée réalisatrice jouée par Emily Blunt. Or, c’est justement ce qu’on pourrait reprocher - du moins en matière d’écriture - à la comédie d’action "The Fall Guy", de David Leitch, alors vaguement adaptée de la série télévisée "L’Homme qui Tombe à Pic" (Glen A. Larson, 1981-1986), et portée à l’époque par l’acteur Lee Majors.
On y suit alors l’histoire de Colt Seavers qui travaille comme doublure cascade à Hollywood pour la star de films d’action Tom Ryder (Aaron Taylor-Johnson), tandis que sa petite amie est la cadreuse Jody Moreno. Sûr de lui et se sentant invincible, il sera pourtant victime d’une terrible chute, ce dernier abandonnant sa carrière, et disparaissant même du jour au lendemain, sans donner de nouvelles, ne se pardonnant aucunement son erreur professionnelle. Dix-huit mois plus tard, un coup de fil changera pourtant son quotidien... de voiturier. En effet, la productrice de Ryder, Gail Meyer (Hannah Waddingham), le contactera afin qu’il rejoigne la production à Sydney d’une épopée de science-fiction intitulée "Metalstorm". Il refusera, bien évidemment, avant d’apprendre que c’est Jody elle-même qui le demande, laquelle réalise là son premier film, mettant justement en vedette Tom Ryder. L’occasion peut-être pour lui de se faire pardonner... Tel que nous l’annonce le synopsis du film, le personnage principal et héros de l’ombre sera ainsi la victime d’un complot usant de la technologie du deepfake pour l’incriminer dans une sombre affaire, lequel devra dès lors le déjouer tout en essayant de reconquérir la femme qu’il aime toujours...
Réalisé donc par David Leitch, à qui l’on doit les survoltés films d’action "Bullet Train" (2022), "Atomic Blonde" (2017), "Deadpool 2" (2018) ou encore "Fast and Furious : Hobbs and Shaw" (2019) sans oublier "John Wick" (2014, bien qu’il ne soit pas crédité au générique, au contraire de Chad Stahelski), force est de constater que le metteur en scène a trouvé ici le bon filon pour rendre un bel hommage au métier de cascadeur, lequel fut justement cascadeur, coordinateur des cascades et chorégraphe de scènes de combat dans de nombreux films, avant de passer derrière la caméra, tandis qu’il fut même la doublure attitrée de Brad Pitt, qu’il avait justement dirigé dans son précédent film. Car "The Fall Guy" offre ici la part belle aux cascades en tous genres, tandis que l’improbable conspiration dans laquelle il se retrouvera engendre quelques jolies scènes de comédie. Aussi, l’intrigue, qui se déroule manifestement sur un plateau de tournage ou dans ses coulisses, nous montre un envers décomplexé d’un studio de cinéma (Universal Pictures, pour ne pas le citer), ainsi que les trucs et astuces qui sont utilisés en matière d’effets spéciaux, d’écrans verts, de costumes, de pyrotechnie ou encore de décors. Le générique de fin, qui nous donne à revivre les cascades du film sous un autre angle, est également une belle manière pour le metteur en scène d’illustrer son amour pour son premier métier, lequel est trop souvent minimisé au regard de celui des interprètes du film. D’ailleurs, force est de constater ici que le personnage d’Aaron Taylor-Johnson souffre dans son ego de ne pas savoir lui-même réaliser ses propres cascades, lequel semble ne pas aimer l’ombre que lui fait son doubleur, lorsqu’on lui demande s’il réalise lui-même ses cascades...
En matière d’interprète, justement, Ryan Gosling s’amuse dans la peau d’un homme tiraillé, touché dans sa virilité, et qui se sent minable pour avoir failli, lequel est pourtant animé par la flamme qu’il porte pour une femme, lui qui se doit ainsi de ne pas saboter une nouvelle fois les choses entre eux, tandis qu’elle réalise là son premier film, et pour un grand studio. À cet égard, "The Fall Guy" s’avère traversé par de beaux et insoupçonnés élans de comédie romantique à l’ancienne, tandis qu’on s’étonne des quelques larmes que verse ici Ryan Gosling. Et le pire, c’est qu’on parvient à y croire ! Ken sait définitivement tout jouer ! D’ailleurs, la caméra de David Leitch semble particulièrement inspirée par cette idylle, qu’il assume, en témoigne des subtils split-screens entre les deux intéressés de l’histoire. Cependant, dommage pour Emily Blunt, laquelle se retrouve quelque peu effacée face à son partenaire, même si elle parvient à bien se défendre lors d’une scène d’intrusion dans sa loge, ainsi qu’à pousser la chansonnette au karaoké sur le titre "Against All Odds (Take a Look at Me Now)" de Phil Collins (1984). Quant à Aaron Taylor-Johnson, l’acteur ne brille malheureusement pas dans son rôle d’acteur excessif et présomptueux (sauf quand on lui parle de cascade), tandis que celui d’Hannah Waddingham, dans la peau d’une productrice de cinéma aux grands ongles et grosses lunettes, sirotant son gobelet de soda avec son calepin sous le bras, est totalement stéréotypé, et insupportable. Mais ne peut négliger ici l’intervention très amusante d’un autre personnage, soit Jean-Claude, lequel obéit au doigt et à l’œil à l’accent anglophone de son maitre, qui n’est autre que Colt Seavers. On a d’ailleurs encore mal pour les parties génitales masculines de certains antagonistes !
La recette de "The Fall Guy" réside alors dans un cocktail explosif et décomplexé d’action et d’humour, parsemé, ici et là, de douce romance. Sauf qu’à force d’être trop généreux, celui-ci s’éparpille, en plus de reposer sur une intrigue tarabiscotée pour laquelle on aurait tendance à ne pas signer, et donc à ne pas lever le pouce. Mais David Leitch revient toujours aux affaires, c’est-à-dire aux commandes d’un film méta qui se veut être un hommage au métier de cascadeur, en plus d’être agréablement référencé ("Jason Bourne", "Miami Vice", etc.), et de mettre une plaisante - mais dispensable - "dérouillée de l’espace" au spectateur... Ps. Restez bien jusqu’à la mi-générique de fin !