Genre : Comédie
Durée : 99’
Acteurs : Artus, Clovis Cornillac, Alice Belaïdi, Marc Riso...
Synopsis :
Pour échapper à la police, un fils et son père en cavale sont contraints de trouver refuge dans une colonie de vacances pour jeunes adultes en situation de handicap, se faisant passer pour un pensionnaire et son éducateur spécialisé. Le début des emmerdes et d’une formidable expérience humaine qui va les changer à jamais.
La critique de Julien
Serait-ce le début d’un (petit) phénomène au box-office pour le premier film d’Artus ? Dédie à tous ceux qui ont "un p’tit truc en plus" et à tous ceux qui s’en occupent, son film a, en tous cas, réalisé le huitième meilleur premier mercredi de tous les temps en France et le second relatif au cinéma français derrière "Bienvenue Chez les Ch’Tis (Dany Boon, 2007), et cela avec 252 mille entrées (et près de 280 mille avant-premières incluses), bien qu’il ait pu profiter du jour férié de sa sortie. Reste à savoir maintenant comment le bouche-à-oreille va se répandre dans les prochains jours. Mais il devrait lui être favorable, étant donné le caractère gentil et extrêmement bienveillant de cette comédie, en plus d’être solaire, et dans laquelle deux braqueurs père (Clovis Cornillac) et fils (Artus) en cavale vont se planquer dans une colonie de vacances pour adultes porteurs d’un handicap mental...
Parrain des Jeux Paralympiques et de Handicap International, le comédien Artus a commencé à écrire ce film il y a cinq ans, accompagné dans sa tâche par Clément Marchand et Milan Mauger, tandis qu’il fut poussé par ses producteurs et ses amis à le mettre lui-même en scène, en plus d’y inclure Sylvain, le personnage qu’il incarne sur scène depuis quelques années, soit un "grand loustic porteur d’un handicap mental". Dévoué à cette cause et à la normalisation de son image dans une société qui la rejette encore trop souvent, il tenait donc à cœur pour Artus de donner de la place au handicap, lequel met ici en scène onze personnes atteintes par l’une des ses nombreuses formes, dont Arnaud (un fan de Dalida), Boris (qui se déguise tout le temps), Ludo (sans filtre), ou encore Baptiste (fan de football très introverti). Or, il a fallu faire preuve de technique et de logistique pour les diriger, chacun réagissant différemment avec leur handicap, eux qui jouent ici au naturel, tandis qu’Artus, lui, a privilégié ici la relation horizontale avec ces derniers. En effet, son personnage va se faire passer pour une personne handicapée au sein de ladite colonie, et son père (Clovis Cornillac), lui, pour son éducateur, et cela afin d’échapper à la police, après un casse. Or, au contraire des pensionnaires, les trois éducateurs spécialisés, que sont Alice (Alice Belaïdi), Marc (Marc Riso) et Céline (Céline Groussard), n’y verront, eux, que du feu, sans doute trop préoccupés à gérer la troupe, ainsi qu’avec leurs enjeux personnels...
Si l’on est amusé par quelques situations et (rares) quiproquos, force est de constater qu’Artus passe majoritairement à côté d’un énorme potentiel comique avec son film, lequel a bien du mal à orchestrer son joli petit monde, étant donné notamment le fait que cela parte dans tous les sens, en plus de chercher son moment de gloire. Car on attend encore cette scène, qui fera la différence, mais sans finalement la trouver. Par son contexte narratif, l’humoriste y évite également quelque peu le problème qu’il y défend de l’inclusion des personnes souffrant d’un handicap dans la société, ces dernières étant ici isolées dans les montagnes, et rarement confrontées au monde citadin. Aussi, force est de constater qu’elles n’ont pas été choisies au hasard, étant donné leur personnalité décalée, laquelle engendre forcément le rire, mais surtout de la tendresse, et de la tolérance. Cependant, la grande intelligence du film est de ne jamais se moquer de ces personnages handicapés, mais plus de rigoler avec eux. Car ici, ce sont bien des adultes responsables dont on se moque. Mais dans l’ensemble, s’il évite l’embarras, le film peine à faire preuve d’originalité dans sa mise en scène, dans son humour, et à tenir la route sur la longueur, tandis que les deux braqueurs, eux, en cavale, vont y ouvrir (à moitié) les yeux.
Dans l’absolu, on est dès lors bien plus touché par cette petite comédie inoffensive qu’on y rigole à gorge déployée, elle qui met à l’honneur, et au ralenti, les visages souriants et bienheureux d’hommes et femmes ayant "un p’tit truc en plus". Et la lumière que dégage justement le métrage va de pair avec le regard qu’il porte sur ceux-ci. Ainsi, Artus et le directeur de la photographie ont réussi là à filmer ici un film ensoleillé, affectueux, qui fait dès lors du bien au moral, lequel est aussi parsemé de sublimes prises de vues de la nature, et d’audacieux plans très cinégéniques, ce qui est assez rare dans le paysage de la comédie. Bref, un film qui fait "clic, clic-clic, pan-pan-pan"...