Genre : Comédie familiale
Durée : 102’
Acteurs : Charlotte Gainsbourg, José Garcia, Lily Aubry, Hadrien Heaulmé, Lyes Salem, Luis Rego, Sébastien Chassagne, Jérôme Niel, Simon Astier...
Synopsis :
Sandrine Leroy annonce à son mari Christophe qu’elle veut divorcer. Leurs enfants ont bientôt l’âge de quitter la maison. Dans une opération de la dernière chance aussi audacieuse qu’invraisemblable, Christophe organise un week-end pour sauver son mariage : un voyage passant par les endroits clés de l’histoire de leur famille. Un voyage qui ne va pas être de tout repos...
La critique express de Julien
Grand prix du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez 2024, "Nous, les Leroy" est le premier long métrage du cinéaste français Florent Bernard, lequel a également signé le scénario de cette comédie familiale douce-amère, empreinte de nostalgie, et inspirée par sa propre histoire. Portée par le couple à l’écran José Garcia/Charlotte Gainsbourg, le film s’ouvre sur leur histoire d’amour en accéléré au travers des années, tandis qu’on y entend conjointement les voix de ceux-ci uniquement échanger sur répondeur vocal, avec insouciance puis responsabilités, avant que seule la voix de la seconde s’entende de plus en plus, et sans réponse de la part de son mari... "Nous, les Leroy" met justement en scène l’essoufflement d’une vie de couple, alors que les enfants s’apprêtent à quitter le cocon familial. Désespérée, et abandonnée, Sandrine s’apprête alors à demander le divorce à son mari, faussement présent dans leur relation, mettant ainsi fin à vingt années de mariage, ce que Christophe ne voudra pas admettre, lui qui est encore fou amoureux d’elle. Ce dernier lui suppliera alors, ainsi qu’à ses enfants (avec qui le dialogue est compliqué), de partir en week-end, à quatre, afin de lui donner une dernière chance, et de passer ainsi du temps en famille, sur les traces des souvenirs heureux du couple, Christophe ayant, de plus, terriblement peur de se retrouver seul, à bientôt cinquante ans...
Sans tirer sur la corde sensible, Florent Bernard parvient à parler avec pudeur de la séparation parentale, mais également de l’importance de la communication au sein d’un couple, d’une famille ! Car bien qu’il soit question ici d’une vaine tentative de reconquête amoureuse, le film parle surtout de reconnexion avec les siens, étant donné des relations s’étant ici étiolées par le train-train quotidien, tandis qu’il est aussi question de l’acceptation de la réalité, qu’il faut donc accepter pour avancer, et cela dans une même direction, même si ce n’est pas au même endroit... Or, l’écriture des personnages et la justesse du jeu de ses acteurs doivent énormément à la réussite de ce film. Ainsi, José Garcia interprète un père de famille et loueur de voitures quelque peu égoïste, parfois cruel mais jamais méchant, lequel a une frousse bleue des répondeurs, tandis qu’il a toujours souffert du manque de communication avec son propre père (Luis Rego). Charlotte Gainsbourg, elle, joue une mère de famille en manque d’affection, et au bord du gouffre, sans cesse éclaboussée (si, si), car sous pression. Celle-ci travaille alors dans une agence de voyages, tout en vendant davantage de tristesse à ses clients que du rêve (au vu de son état), laquelle a appris à vivre "seule", sans son mari, donc, et à parler dans le vide. C’est d’ailleurs à ses enfants en premier qu’elle annoncera - très maladroitement - son choix, de peur qu’ils le prennent mal, ce qui ne sera pas le cas. Aussi, lesdits enfants, interprétés par Lily Aubry et Hadrien Heaulmé, tentent, eux, d’exister aux yeux de leurs parents, la première étant mal dans sa peau, et le second en plein dilemme amoureux. Or, le réalisateur parle en connaissance de cause, lui qui était aussi adolescent lorsque ses parents se sont séparés...
Même si les péripéties comiques et quiproquos que vivent les Leroy sentent un peu le forcing ou sont tirés par les cheveux, on est touché par cette belle petite histoire multigénérationnelle et familiale, tout en étant également amusé par ses dialogues, souvent piquants. On est aussi emballé par son irrésistible bande originale, à la fois enjouée et nostalgique, et particulièrement marqué par les regards qui y sont échangés, entre ses personnages sensibles et terriblement humains, et cela jusqu’au dernier, au travers d’un rétroviseur, terriblement symbolique...