Genre : Drame
Durée : 82’
Acteurs : Makenzy Lombet, Purdey Lombet, Donovan Nizet, Amine Hamidou, Louise Manteau...
Synopsis :
Sous un soleil caniculaire, Purdey, dix-sept ans, et son frère Makenzy, quinze ans, sont livrés à eux-mêmes et tentent de se débrouiller seuls. Alors que Purdey fait des ménages dans un complexe hôtelier, Makenzy se fait un peu d’argent en volant des touristes. Entre l’insouciance de l’adolescence et l’âpreté de la vie adulte, ils devront se soutenir l’un l’autre dans ce voyage d’une douceur déchirante, qui semble bien être le dernier été de leur jeunesse.
La critique express de Julien
"Il Pleut dans la Maison", c’est le tout premier long métrage de Paloma Sermon-Daï, récemment primé au Festival du Film Francophone de Namur de deux Bayard, à savoir celui du Meilleur film et de la Meilleure interprétation, remis à Purdey et Makenzy Lombet, ses deux comédiens amateurs avec lesquels elle avait déjà travaillé pour son travail de fin d’étude "Mackenzy" (2017), tandis qu’ils sont en réalité demi-frère et sœur, ainsi que les neveux de la réalisatrice. Après son documentaire "Petit Samedi" (2020), également primé du Bayard d’Or l’année de sa sélection audit festival, "Il Pleut dans la Maison" nous emmène donc le temps d’un été caniculaire et orageux à proximité des lacs de l’Eau d’Heure, dans une région où chômage et tourisme ne font pas bon ménage. Purdey, dix-sept ans, et son jeune frère Makenzy vivent alors avec une mère alcoolique (Louise Manteau) dans une maison unifamiliale délabrée et peu entretenue, dans laquelle un plafond de verre n’est plus hermétique. Tandis que cette dernière disparaîtra une nouvelle fois, et cette fois-ci pour une longue durée, frère et sœur devront se débrouiller seuls pour subvenir à leurs besoins, alors que chacun d’eux se cherche encore. Tandis qu’ils découvrent l’âpreté du monde adulte face à l’insouciance juvénile, Purdey et Makenzy vont devoir apprendre à se serrer les coudes...
Dans ce film social introspectif d’inspiration autobiographique, Paloma Sermon-Daï nous parle d’une adolescence confrontée trop tôt aux responsabilités qui incombent généralement les adultes. La cinéaste nous plonge alors dans le quotidien sans fard ni paillettes de deux jeunes en manque de repères, si ce n’est l’un et l’autre, en tant que relation fraternelle. Sauf que lorsque Purdey travaille dans un hôtel en tant que femme de ménage, son frère, lui, préfère gagner de l’argent en volant, dont des touristes, et réaliser ainsi toutes sortes de bêtises relatives à son âge, mais sans qu’on ne puisse, finalement, lui reprocher. Par ce portrait à la fois brut et sensible d’une jeunesse étourdie et débrouillarde, "Il Pleut dans la Maison" touche par sa sincérité, par le jeu extrêmement naturel de ses jeunes acteurs amateurs, et le regard que leur porte leur metteuse en scène (et tante !). Purdey et Makenzy Lombet étonnent dès lors par leur maturité de jeu, par la profondeur de leurs regards et silences, lesquels se parlent entre eux avec authenticité, et d’irrésistibles accents. Ils parviennent dès lors, très bien dirigés, à nous immiscer dans leurs pensées, au travers de scènes aussi anodines que fortes, en témoignent celles où ils dînent avec leur mère, attendant d’elle quelque chose qu’ils n’auront jamais, et qu’ils savent très bien, c’est-à-dire de l’attention, ou ne fût-ce qu’un échange de regard... Aussi déchirant que lumineux, notamment par le biais de sa sublime photographie aux couleurs de l’été que décrit son synopsis, le film de Paloma Sermon-Daï est alors un cadeau qu’offre la cinéaste à ses acteurs, lesquels sont ici de tous les plans, tout comme les décors brûlants des lacs de l’Eau d’Heure qu’elle connaît bien, et qu’elle fait vivre ici avec une humanité à la fois complexe, magnifique et désarçonnante.