Genre : Comédie
Durée : 89’
Acteurs : Michèle Laroque, Claudia Tagbo, David Mora, Sébastien Chassagne...
Synopsis :
Après une soirée pleine d’excès, Bénédicte, célèbre chanteuse d’opéra, voit sa carrière s’écrouler. Fatou, passionnée de karaoké, est la seule à lui tendre la main. Elle a une idée derrière la tête : convaincre Bénédicte de participer au grand concours national de karaoké. La parfaite maîtrise vocale de l’une et la ténacité de l’autre pourraient bien faire des étincelles et les amener très loin.
La critique express de Julien
Michèle Laroque ne se cantonnerait-elle pas à un seul rôle dans ses derniers films ? C’est en tout cas la question qu’on est à même de se poser quant à sa carrière d’actrice. En effet, après ceux qu’elle campait dans ses réalisations "Brillantissime" (2018), "Chacun Chez Soi" (2021) et "Alors on Danse" (2022), ou encore dans "Joyeuse Retraite 2" (Fabrice Bracq, 2022), l’humoriste campe ici pour la énième fois le rôle d’une bourgeoise dont la vie va se retrouver bousculée du jour au lendemain, ici dans la peau d’une célèbre cantatrice mezzo-soprano, célibataire et sans enfant, pour qui la scène est "chez soi", laquelle vit à l’hôtel. Sauf que sa carrière s’écroulera après avoir publiquement dénigré son directeur (joué par l’allemand Jochen Hägele, lequel prête sa voix au doublage francophone de l’acteur Daniel Brühl), à la suite d’une soirée un peu trop arrosée. Heureusement, Fatou (Claudia Tagbo), l’une des femmes de ménage de l’hôtel dans lequel elle réside, lui tendra les bras, et l’hébergera dans sa maison, avec sa famille. Fan de karaoké, cette dernière aura alors la folle idée de les inscrire au championnat de France de karaoké, en espérant ainsi s’envoler pour "La Mecque" du karaoké, c’est-à-dire au Japon, où se disputera la finale mondiale. Une proposition forcée qui ne sera pas d’avis de la chanteuse d’opéra, laquelle, après qu’on lui ait "montrer la porte", pourrait cependant bien "repasser par la fenêtre"...
Pour son deuxième film dans lequel il dirige Michelle Laroque après "Premier de la classe", tandis qu’il avait également coscénarisé ses deux dernières réalisations, Stéphane Ben Lahcene tend ici le micro à un improbable duo formé par deux mondes opposés, à savoir celui privilégié et populaire, avec la bourgeoise des beaux quartiers d’un côté, et la banlieusarde de l’autre. Le choc des cultures, donc, et des références musicales divergentes, avec l’une chantant du Chopin, et l’autre du Jul ou du Jean-Jacques Goldman. Les deux femmes vont dès lors devoir apprendre à s’apprivoiser, à se connaître, avec tout le respect qu’elles éprouvent l’une pour l’autre, avant - bien évidemment - se lier d’une amitié (où l’on se vouvoie, avec pudeur), autour du lien de la musique qui les unit.
Entre la spontanéité, la générosité, les fausses notes et les cerisiers - adorés - du Japon de Fatou, et l’autre planète sur laquelle vit déconnectée du "monde réel" Bénédicte, "Karaoké" nous offre une comédie pleine de bons sentiments, où ça chante forcément beaucoup (le spectateur pourra y mettre du cœur en lisant les paroles sur l’écran de cinéma tel un karaoké), tout en étant aussi prévisible que téléphonée. Et même en souhaitant éviter la caricature des deux univers qu’il confronte, Stéphane Ben Lahcene en fait de trop. Ainsi, en souhaitant plonger le personnage de Laroque dans un environnement de classe moyenne qui n’est pas le sien, le cinéaste surligne des différences pas forcément utiles, s’obligeant à montrer "ce que c’est" que de vivre dans un monde où l’on ne vit pas de l’art. De plus, s’il existe bien un championnat de France du karaoké, on doute que sa finale ait lieu dans un restaurant chinois façon wok à volonté. Sans doute là un élément de comédie ; mais en vain.
Malgré la naïveté de l’ensemble, on ne parvient cependant pas à en vouloir à ce film, lequel est porté par deux actrices en parfaite harmonie, lesquelles nous veulent du bien. Toutefois, c’est une autre paire de manches pour nos oreilles, lesquelles chantent véritablement ! "Karaoké" dégage alors suffisamment de sympathie, de bienveillance et de bonnes ondes pour se laisser regarder, tandis qu’une insoupçonnable touche d’émotion s’invite même sur scène sur le titre "J’ai un problème" (1973) de Sylvie Vartan et Johnny Hallyday, chanté par les deux compères, lors d’un final en c(h)œur..