Genre : Horreur
Durée : 89’
Acteurs : Sydney Sweeney, Simona Tabasco, Álvaro Morte, Giorgio Colangeli...
Synopsis :
Après avoir frôlé la mort, l’Américaine Cécilia part pour un couvent en Italie afin de consacrer sa vie à Dieu. Lorsqu’elle tombe miraculeusement enceinte, elle est considérée comme la nouvelle sainte Vierge Marie. Alors que des événements terrifiants se déroulent dans le couvent, Cécilia devient méfiante et se demande pourquoi elle a été choisie pour ce rôle spécial. Il devient de plus en plus clair que sa nouvelle maison cache de sombres et effroyables secrets.
La critique express de Julien
Sydney Sweeney est partout. Découverte dans les séries HBO "Euphoria" et "The White Lotus", la ravissante actrice australienne de 26 ans a été vue l’année dernière dans le drame "Reality" de Tina Satter, et cette année-ci dans la comédie romantique à succès "Tout Sauf Toi (Anyone But You)" de Will Gluck et le navet "Madame Web" de S.J. Clarkson. Et la voici cette semaine dans le film d’horreur "Immaculée", qu’elle coproduit elle-même via sa société Fifty-Fifty Films, laquelle semble dès lors s’essayer à tous les genres, (re)mettant ainsi les pieds dans l’horreur. La demoiselle y interprète une pieuse s’étant tournée, très jeune, vers la religion, et cela après avoir survécu à une noyade - son cœur s’étant arrêté de battre pendant sept minutes, estimant dès lors que Dieu l’avait sauvée dans un but précis. Originaire d’une ville à proximité de Detroit, sœur Cécilia sera alors invitée par le père Sal Tedeschi (Álvaro Morte, vu sur Netflix dans "La Casa de Papel") à rejoindre le couvent Notre-Dame de Douleur, en Italie, lequel s’occupe de religieuses en fin de vie. Bâti en 1632 sur d’anciennes catacombes, ce lieu de culte va ainsi accueillir cet oiseau blessé, instable ou fugueur, et révéler de terribles secrets, tandis que s’y trouverait un clou qui aurait été retiré de la croix sur laquelle Jésus-Christ aurait été crucifié. Sœur Cécilia sera alors rapidement témoin d’étranges événements, et sera victime de cauchemars, tandis qu’elle découvrira des inscriptions bibliques écrites sur un mur de sa chambre, derrière un cadre de la Vierge Marie. Mais après avoir bu un peu trop de "sang du Christ - du vin rouge", c’est bien un miracle qui habitera cette sœur immaculée, soit celui de tomber enceinte, tout en ayant fait vœu de pauvreté et de chasteté...
Avoir une ouverture poussive, mais un générique sous des cris assourdissants, lesquels mettent dès lors dans l’ambiance, tout va très vite dans "Immaculée", lequel est réalisé par l’inconnu au bataillon Michael Mohan, avec qui Sydney Sweeney avait pourtant déjà travaillé sur le film Prime Video "The Voyeurs" (2021). S’il exploite donc la figure de la nonne, laquelle a notamment inspiré James Wan pour son Conjuring-verse, ce film d’horreur le fait avec cependant plus d’ambition, soit celle ici de montrer la mainmise de l’homme sur le corps de la femme, contre sa volonté, et comment celle-ci s’en libérera, aussi douloureuse soit-elle. En témoigne ainsi l’incroyable final du film, tourné en une seule prise, sans répétitions ni préparation, et en gros plan sur le visage ensanglanté du visage de son actrice. Et autant dire que le film doit beaucoup à cette scène, très éprouvante, aussi visuelle qu’auditive, tel un climax, et surtout à l’interprétation de Sydney Sweeney, et la hargne grandissante qui habite son personnage (autant que le soi-disant "Sauveur" de l’humanité). On y apprécie également la musique originale de Will Bates, ses tonalités ecclésiastiques, sa cithare hongroise et ses chants en chœur comprenant des sections du texte latin "Te Deum". Dommage seulement que pour en arriver là, "Immaculée" ressasse ici et là les codes du genre sans vraiment d’originalité, jouant sur des images religieuses horrifiques assez éculées, tandis que le film n’est jamais aussi effrayant qu’il est gore. Mais outre qu’au travers du jeu de Sweeney, c’est dans sa symbolique qu’il s’en sort avec les honneurs, sœur Cécilia étant prise ici pour la Vierge Marie, laquelle, elle pleine oppression, devra dès lors se conformer aux attentes de l’Église, organisée par l’homme. Sauf qu’elle ne se laissera pas faire, ce en quoi repose la construction du scénario d’André Lobel, évoluant crescendo vers la libération de cette femme, coupant avec ses propres dents le cordon ombilical la reliant à sa foi ! Ave Maria !