Genre : Biographie
Durée : 130’
Acteurs : Adam Driver, Penélope Cruz, Shailene Woodley, Sarah Gadon, Jack O’Connell, Patrick Dempsey...
Synopsis :
L’été 1957 est désastreux pour l’ancien coureur automobile Enzo Ferrari. Son entreprise automobile est en faillite, son couple avec sa femme Laura bat de l’aile et son fils Dino succombe à la maladie. Enzo n’a plus qu’un seul espoir : la course Mille Miglia qui traverse l’Italie.
La critique express de Julien
Projet de longue date inspiré du livre "Enzo Ferrari - The Man and the Machine" (1991) de Brock Yates, "Ferrari" est un film biographique réalisé par Michael Mann qui, faute d’un financement correct au début des années 2000, avait refusé de mettre en scène le film, d’ailleurs écrit par Troy Kennedy Martin, décédé en 2009. C’est dire que le projet reposait au fond d’un tiroir depuis toutes ces années ! Après avoir ainsi trouvé les fonds nécessaires (le budget de production final du film est estimé à 95 millions de dollars) et vu Michael Mann et les acteurs Adam Driver et Penélope Cruz réduire leur salaire à sa réalisation, "Ferrari" débarque finalement à vitesse réduite dans nos salles, et directement en France par la case Prime Vidéo, et cela après avoir été tout de même présenté en compétition officielle à la dernière Mostra de Venise et nommé l’un des 10 meilleurs films de 2023 par le National Board of Review...
D’emblée, "Ferrari" n’est pas, par définition, un biopic, étant donné qu’il ne se concentre que sur les trois mois de l’été 1957 d’Enzo Ferrari (Adam Driver). Au bord de la faillite, Enzo Ferrari dépense alors plus d’argent qu’il ne gagne, tandis que de nombreux pilotes de l’écurie Ferrari décèdent dans des tests ou accidents de course, ce qui l’amène à devoir dédommager leurs familles. Son entreprise manufacturière se doit alors de trouver un partenaire s’il veut pouvoir sortir la tête hors de l’eau, comme l’a fait Agnelli chez Fiat, ou Henry Ford, afin de trouver quelqu’un qui peut investir des capitaux. Sauf qu’Enzo Ferrari souhaite le contrôle total de Ferrari, bien qu’il le partage avec Laura (Penélope Cruz), son épouse. Ce dernier devra dès lors la convaincre de lui céder la totalité de l’entreprise, eux qui se sont sentimentalement éloignés suite au deuil de leur fils Dino, décédé un an auparavant. Mais pour ne pas compliquer les choses, Ferrari lui cache ses infidélités, dont sa maîtresse Lina Lardi (Shailene Woodley), laquelle fait pression sur lui pour qu’Enzo accorde à leur fils illégitime, Piero, le nom Ferrari à l’approche de sa confirmation, ce que ne tardera pas à découvrir Laura, pleine de ressentiments. Reste alors, dans leur intérêt commun, à voir gagner l’emblématique course Mille Miglia par Ferrari, car "qui gagne le dimanche, vends le lundi"...
Une chose est certaine : ce n’est pas le lourd échec financier de "Ferrari" qui aidera Michael Mann, 81 ans, à trouver des investisseurs pour son futur projet cinématographique, à savoir "Heat 2", la suite de son film culte de 1995 avec Al Pacino, Robert De Niro et Val Kilmer, lequel serait ainsi adapté du roman du même nom qu’il a écrit avec l’écrivain Meg Gardiner, et sorti il y a deux années. Or, au vu du résultat final, on peine à trouver en ce "Ferrari" l’obstination pour le réalisateur de vouloir mettre en scène cette histoire, somme très classe et parfaitement reconstituée, mais surtout très classique dans la forme. Car cette lutte personnelle, professionnelle et de pouvoir n’a rien d’autre à nous dire que ce que nous en apprend son synopsis officiel. La réalisation de Michael Mann ressemble alors à un feuilleton dramatique dans lequel un homme se bat contre ses propres démons tout en tentant d’aller toujours plus loin, toujours plus vite. Et c’est Adam Driver qui incarne ici l’ancien pilote automobile et entrepreneur, tout en étant plus réfléchi et moins impulsif qu’il l’était, et de vingt ans son cadet au moment des faits, tout en s’exprimant en anglais avec un accent italien plutôt qu’en l’italien, au même titre finalement que l’ensemble de la distribution. L’authenticité intimiste de la démarche n’en est dès lors qu’un peu plus mécanique. Quant aux (rares) courses automobiles, elles s’avèrent assez impressionnantes, parfois violentes, le cinéaste nous rappelant par la même occasion le danger qu’elles représentaient à l’époque, les pilotes risquant leur vie à chaque tournant, et celui du public...