Genre : Comédie dramatique
Durée : 84’
Acteurs : Harris Dickinson, Lola Campbell, Alin Uzun...
Synopsis :
Banlieue de Londres. Géorgie 12 ans vit seule depuis la mort de sa mère. Elle se débrouille au quotidien pour éloigner les travailleurs sociaux, raconte qu’elle vit avec un oncle, gagne de l’argent en faisant un trafic de vélo avec son ami Ali. Cet équilibre fonctionne jusqu’à l’arrivée de Jason, un jeune homme qu’elle ne connait pas et se présente comme étant son père.
La critique express de Julien
Grand prix du jury de la compétition dramatique au Festival du Film de Sundance 2023 et faisant partie des 10 meilleurs films indépendants de 2023 par le National Board of Review, "Scrapper" est le premier long de la réalisatrice anglaise Charlotte Regan. La cinéaste, habituée à mettre en scène la communauté ouvrière dans ses courts, raconte ici l’été de Georgie, une gamine écervelée et débrouillarde de 12 ans, laquelle vit seule dans la banlieue de Londres depuis la mort de sa mère, tout en faisant croire aux services sociaux qu’elle vit avec son oncle. Elle parvient alors à payer les factures en volant des vélos et en les revendant, et cela avec l’aide de sa meilleure - et unique - amie ; la seule au courant de sa situation. Tandis qu’elle conserve la maison familiale dans l’état où l’avait laissée sa maman (dont elle regarde souvent une vidéo), la demoiselle y construit en cachette une tour de ferraille, s’imaginant qu’elle puisse devenir suffisamment haute pour pouvoir la rejoindre... Son tangible équilibre sera alors d’autant plus chamboulé lorsqu’un inconnu trentenaire aux cheveux décolorés frappera à la porte : son propre père, dont elle n’a que de vagues souvenirs...
Filmé dans le lotissement de Limes Farm à Chigwell où, d’après sa réalisatrice, "tous les balcons donnent sur l’endroit où jouent les enfants", "Scrapper" est un drame social dans lequel un père absent et sa propre fille en deuil vont apprendre à s’apprivoiser, à se connaître, et à s’accepter mutuellement dans leur relation retrouvée, lesquels vont se rendre compte qu’ils ont besoin l’un de l’autre pour désormais avancer. Et pour mettre alors en scène ces thèmes tant de fois développés au cinéma, Charlotte Regan ne lésine sur les ruptures de ton, entre émotion et impertinence, et dans laquelle s’invitent aussi bien des instants musicaux que des interviews face caméra des personnages que l’héroïne croise ici sur son chemin. L’humour est également au rendez-vous, au regard notamment de sa personnalité très mature et impénétrable, laquelle ne se laisse pas influencer ni marcher sur les pieds, tout en étant vulnérable, et jouée par la très jeune Lola Campbell. Harris Dickinson ("Triangle of Sadness", "The King’s Man : Première Mission") vient alors compléter cet émouvant portrait, dans la peau d’un père maladroit en devenir, suspecté par sa propre fille (qu’il n’a jamais assumée) d’être un gangster. Sans être un grand film, bien qu’imaginatif et parfois impromptu, "Scrapper" est une douce et vivace parenthèse réconfortante, également portée par la photographie colorée de Molly Manning Walker, à qui l’on doit la réalisation du récent "How to Have Sex" (2023).