Genre : Drame
Durée : 91’
Acteurs : Mia McKenna-Bruce, Lara Peake, Shaun Thomas, Samuel Bottomley, Enva Lewis...
Synopsis :
Afin de célébrer la fin du lycée, Tara, Skye et Em s’offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne ultra fréquentée. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois... jusqu’au vertige.
La critique express de Julien
Présenté au Festival de Cannes 2023 dans la section "Un certain regard" [1], où il a fait sensation et remporté le prix Un certain regard, "How to Have Sex" est le premier long métrage de la cinéaste et directrice de la photographie britannique Molly Manning Walker, après plusieurs courts, dont "Good Thanks, You ?" (2020), lequel avait été sélectionné à la Semaine Internationale de la Critique à Cannes. Dans ce drame, trois jeunes femmes et meilleures amies de 16 ans se rendent dans une station balnéaire d’Héraklion pour fêter la fin de leurs années lycée, pour des vacances qui s’annoncent ainsi comme les meilleures de leur vie, avec pour objectif d’enchaîner les fêtes, les soirées bien arrosées, et les nuits blanches. Sur place, elles feront la connaissance d’Anglais, dont l’objectif s’avère être le même qu’elles. Mais pour Tara (Mia McKenna-Bruce), ce voyage a surtout comme un goût de "première fois", elle qui est encore vierge. La pression sociale de correspondre aux expériences sexuelles de ses amis et l’effervescence collective lui voileront alors la face. Car au lendemain de sa "première fois", partagée sur la plage avec Paddy (Samuel Bottomley), l’un desdits Anglais, Tara n’aura pas l’impression de l’avoir bien vécue, ni même de l’avoir consentie...
"How to Have Sex" commence comme une grande fête, insouciante et délirante, où ça crie, ça danse, ça boit (tout le temps), ça mange des frites au fromage, ça rigole gras dans tous les sens. Et cela se répète pendant plusieurs soirées, jusqu’à ce que se rapprochent les protagonistes, sans finalement d’autres véritables attaches que celle de passer du bon temps, et notamment de passer à l’acte. Sans ne jamais pourtant filmer de scènes de sexe crues (malgré une scène de fellation - cachée - sur scène et en public), Molly Manning Walker questionne ici sur le consentement et le viol avec subtilité, et cela au travers du regard de son héroïne, qu’interprète de manière hystérique Mia McKenna-Bruce, avant que le doute ne gagne son personnage. La cinéaste lui et nous fait dès lors vivre le grand écart, passant d’une émotion opposée à l’autre, filmant son visage au plus près, pour se focaliser ainsi sur ses ressentis, sur son malaise, mais aussi sa peur, elle que l’on sent se refermer sur elle-même, consciente que ce qu’elle a vécu avec Paddy n’est pas normal, agrémenté de la sensation de déception, loin de tout côté glamour et de romantisme, mais aussi d’incompréhension, elle qui n’a jamais été finalement maîtresse de son corps lors de l’instant t.
Le titre du film, qui se traduit littéralement par "Comment avoir des relations sexuelles", est donc volontairement contradictoire face à douloureuse perte de sa virginité que va subir Tara. Pourtant, "How to Have Sex" reflète bien un exemple d’éducation à la sexualité. Car tout acte sexuel - dont le premier (vu trop souvent dans notre société comme un rite de passage) - se doit d’être partagé à deux, avec respect mutuel, acceptation et écoute, faisant ainsi lever, par exemple, l’anxiété qui s’y rapporte. Molly Manning Walker réussit dès lors à inverser la tendance première de sa mise en scène explosive (bien que répétitive) en un thriller psychologique plus fin, plus profond qu’il n’y paraît, et en l’occurrence très actuel dans ses propos. Et le jeu tout en authenticité de l’actrice Mia McKenna-Bruce y est également pour beaucoup. On en ressort dès lors profondément touché, mais aussi frustré. Car c’est, en effet, lorsqu’elle se rend compte de la gravité de la situation qu’elle a vécue - notamment par le biais de sa sororité - que le film se termine...