Genre : Horreur, thriller
Durée : 109’
Acteurs : Josh Hutcherson, Piper Rubio, Elizabeth Lail, Matthew Lillard, Mary Stuart Masterson...
Synopsis :
Mike, jeune homme perturbé, s’occupe de sa sœur Abby, âgée de 10 ans. Il est toujours hanté par la disparition, jamais élucidée, de son petit frère, survenue il y a une dizaine d’années. Récemment licencié, il a absolument besoin de retrouver un emploi pour ne pas perdre la garde d’Abby. Il accepte donc un poste de gardien de nuit, dans un restaurant désaffecté : Freddy Fazbear’s Pizzeria. Mais Mike ne tarde pas à comprendre que les apparences y sont terriblement trompeuses. Avec l’aide de Vanessa Shelly, agent de police, il est confronté, la nuit, à des phénomènes surnaturels inexplicables et bascule dans un univers cauchemardesque...
La critique de Julien
Quel étrange projet que ce "Five Nights at Freddy’s" ! Produit par la célèbre maison de production Blumhouse, ce film est l’adaptation du premier jeu vidéo (2014) de la franchise du même nom, conçue par Scott Cawthon, et se déroulant dans des lieux liés à la pizzeria familiale nommée "Freddy Fazbear’s Pizza", d’après sa mascotte, l’ours animatronique Freddy Fazbear. Dans ce jeu, le joueur assume alors le rôle d’un employé de nuit qui doit se défendre et échapper aux personnages animatroniques qui habitent les lieux (Freddy, Bonnie, Chica, Mr. Cupcake et Foxy), lesquels deviennent mobiles et dangereux durant la nuit... Oui, vous avez bien lu ! Et le succès a été tel que huit autres jeux ont depuis vu le jour, ainsi que quatre spin-off, une trilogie de romans, et même une série d’anthologies, sans oublier des produits dérivés à l’échelle mondiale. Initialement développé par Warner Bros. Pictures, mais abandonné, faute notamment de retards de production, c’est finalement Universal Pictures qui a sauté sur l’occasion, laquelle ne s’est pas trompée ! En effet, bien que diffusé en parallèle de sa sortie aux États-Unis sur Peacock, le film a engendré quatre fois la mise de son budget de production lors de son premier week-end d’exploitation ! Mais est-ce seulement mérité ?
Mis en scène par la réalisatrice, scénariste et productrice, Emma Tammi, laquelle avait déjà travaillé avec Blumhouse, "Five Nights at Freddy’s" nous raconte ainsi l’histoire de Mike Schmidt (d’après le personnage dudit premier jeu, joué par Josh Hutcherson), lequel s’occupe de sa sœur cadette Abby (Piper Rubio), dix ans, depuis la mort de leurs parents, bien que leur tante (Mary Stuart Masterson) essaie - par tous les moyens - d’avoir la garde de celle-ci. Alors qu’il tente de joindre les deux bouts, à plusieurs reprises licencié pour ses négligences et violences, le jeune homme acceptera l’offre d’un conseiller d’orientation, soit un poste de gardien de nuit dans un restaurant familial abandonné, mais que les propriétaires n’ont pas vendu... Bien qu’initialement réticent, Mike finira par accepter, faute de pouvoir conserver la garde de sa petite sœur, sans revenus. Troublé depuis sa jeunesse par la disparition devant ses yeux de son petit frère Garett, Mike, qui utilise la thérapie par les rêves pour essayer de trouver le visage de l’homme qui l’a kidnappé, va rapidement être confronté à des événements troublants au sein des murs de cette pizzeria, où des animatroniques peu rassurantes se déplacent, et où "les rêves deviennent réalité"...
Alors certes, le potentiel horrifique de "Five Nights at Freddy’s" et de ses personnages était évident, mais autant dire que la réalisation d’Emma Tammi l’est nettement moins, malgré un scénario coécrit avec le créateur de jeu original, elle qui loupe ainsi le coche, même si l’ensemble demeure une œuvre troublante, comme on n’en avait jamais vue auparavant (ou presque), et plutôt bien interprétée...
Pour bien s’illustrer dans le cinéma de genre, le film, dès l’ouverture, joue alors sur le faux sensationnalisme, et nous montre un pauvre vigile poursuivi par lesdites animatroniques, et être tué. Mais sans rien montrer ! On comprend dès lors assez rapidement que l’exploitation de ces animatroniques ne sera qu’illusion. Emma Tammi est d’autant plus incapable de susciter le moindre effroi dans sa mise en scène, avec une caméra davantage subjective qu’on ne la voit filmer ces créatures en train de s’adonner à leurs massacres, lesquelles se déplacent en plus majoritairement hors-champ. Quelle déception... D’ailleurs, comment, et surtout pourquoi ces animatroniques prennent-elles vie, et tuent-elles ? Telles sont les questions que l’on se pose à répétition dans ce thriller (qui tourne au drame familial et à ses traumas), lesquelles ne trouvent malheureusement pas de réponses aussi censées et fondées qu’espéré. Car tirée par les cheveux, bien que respectant les fondements du jeu de Scott Cawthon, cette histoire ne tient évidemment pas la route, ses créatures robotiques cachant en elles bien plus qu’une mécanique rouillée. Mais "Five Nights at Freddy’s" n’assume jamais ce qu’il raconte, laissant sur le carreau certains de ses protagonistes, sans ne jamais savoir, en plus, que faire des personnages emblématiques du "Freddy Fazbear’s Pizza", il est vrai pas comme les autres.
Si "Five Nights at Freddy’s" prend alors le temps pour nous imprégner de l’ambiance glauque des lieux, mais sans parvenir à utiliser à bon escient ses décors, il tente d’approfondir lourdement le cas de son sujet principal, joué avec intensité par Josh Hutcherson, que l’on sent perturbé et rongé par la culpabilité, remontant à la disparition de son petit frère. Or, les rêves qu’il fera devant les caméras de surveillance (plutôt que de surveiller les lieux) seront d’autant plus révélateurs, bien qu’il en ressortira étrangement blessé, ce qui lui fera remarquer une policière, Vanessa (Elizabeth Lail), venue lui rendre visite. Celle-ci, en plus de sympathiser, lui expliquera l’histoire des lieux, elle que l’on sent un peu trop au courant, voire très louche. On se pose d’ailleurs également beaucoup de questions la concernant, le récit traînant trop en longueur son rôle dans l’histoire. Or, que dire également des révélations du film, qu’on sentait venir à des kilomètres à la ronde ? Le gâchis est donc entier, malgré une originalité bienvenue, bien que venue du matériau d’origine. Mais "Five Nights at Freddy’s" peine à convaincre, et à nous satisfaire de plaisir. Le comble pour une adaptation de jeu vidéo...