Genre : Comédie
Durée : 95’
Acteurs : Cécile de France, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Bouli Lanners...
Synopsis :
Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mlle Pove est sollicitée pour suivre l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. Le favori est Pierre-Henry Mercier, héritier d’une puissante famille française et novice en politique. Troublée par ce candidat qu’elle a connu moins lisse, Mlle Pove se lance dans une enquête aussi étonnante que jubilatoire.
La critique de Julien
Fidèle à lui-même, Albert Dupontel revient au cinéma avec une comédie burlesque aux accents politico écolo, "Second Tour", portée par le metteur en scène et scénariste lui-même, ainsi que par son fidèle acolyte Nicolas Marié, et Cécile de France. L’actrice belge interprète ici une journaliste qui, après avoir été écartée de la rubrique politique par sa chaîne pour celle du "football", se retrouvera, par un concours de circonstances, à couvrir la prochaine élection présidentielle, avec son caméraman (Marié). Issu d’une riche famille, le candidat économiste Pierre-Henry Mercier se voit en être le favori, lui qui est pourtant novice en politique, mais plébiscité par la droite libérale. Rebelle, fouineuse, Nathalie (de France), qui n’a pas non plus la langue dans sa poche, va dès lors prendre la tangente, et passer outre la fonction qui lui est assignée pour enquêter sur la campagne de cet homme, qu’elle trouve bien étrange et pas net, en témoigne certains détails qui ne trompent pas, d’autant plus que des images du passé vont lui revenir...
Complotiste et caricaturiste sur les bords, "Second Tour" se savoure pour la trame et les péripéties décalées dans lesquelles va se retrouver ce duo de personnages qui font la paire, et qui amusent, Nicolas Marié en prime, et en roue libre, lequel a bien en lui une fibre comique indéniable, très expressive et loufoque. Cécile de France, elle, se retrouve quelque peu écrasée par la force de frappe du jeu de son partenaire, ainsi que par la profonde enquête (il y est notamment question d’exil politique) que mène son personnage autour d’un homme aux intentions troubles, lui qui, petit, dessinait tout en double. Mais l’actrice se révèle tout de même convaincante, et même touchante dans la peau de cette journaliste et la relation, de prime abord nulle, qu’elle entretient avec ledit candidat. Quant à Dupontel, on doute qu’il s’agisse là du meilleur choix qu’il ait fait de se mettre lui-même dans le costard cravate, étant donné le peu d’expressivité qu’il dégage à l’écran, alors que son rôle et ses vérités témoignent pourtant d’une puissante réalité politique. Par le prisme de son personnage, le réalisateur interroge alors sur des thèmes et des enjeux très actuels, sans pour autant parvenir à les approfondir, ni à leur insuffler l’éclat pour réussir à nous bouleverser, comme il avait déjà réussi à le faire avec ses précédents métrages...
C’est que "Second Tour" est mené tambour battant, et passe sans cesse du coq-à-l’âne en matière de ruptures de ton dans la mise en scène, avec tantôt de véritables scènes humoristiques et cocasses, tantôt des séquences empruntant plus au thriller policier, puis au drame familial, le tout surplombé d’une sorte de satire des médias et de la politique, et dont les enjeux sont ici écologiques. Le scénario, jouant de facilités, est également peu crédible. Mais ce mélange des genres s’avère pourtant ici d’une grande générosité, et possède une unité intacte de singularité, si caractéristique du cinéma de son auteur. Dupontel ne lésine pas non plus sur l’aspect technique, dont une photographie léchée, contrastée, à faible intensité jaunâtre, avec son chef-opérateur Julien Poupard, qui nous invite ainsi à plonger dans un conte, saupoudré également d’effets numériques et de mouvements de caméra audacieux, ou encore de focales qui donnent à regarder une scène avec différentes profondeurs de vue. On sent que Albert Dupontel est un orfèvre de l’image, et cela nous confère, en regardant son film, à un irrésistible sentiment d’évasion, au regard de certains montages photos rafistolés, témoignant du passé du personnage principal, à mesure que la journaliste et son comparse avancent dans leur enquête, et le confronte à celui-ci, lesquels risquent, quant à eux, de ne même plus pouvoir travailler pour la rubrique football...
Finalement, "Second Tour", qui laissait voir de la méfiance dans ses prémisses, donne à voir ses personnages avancer main dans la main, contre un système politique qui ferme les yeux, et avide d’argent. Mais le raccourci est trop vite fait. Moins dans l’irrévérence, et donc davantage dans l’émotion, bien qu’étouffée par ses ambitions, Albert Dupontel sort moins les griffes que le dard, pour un rendez-vous utopiste aussi distrayant que rocambolesque. Pour un film mineur ?