Genre : science-fiction
Durée : 133’
Acteurs : John David Washington, Gemma Chan, Ken Watanabe, Sturgill Simpson, Allison Janney...
Synopsis :
Dans un futur proche, les humains et l’intelligence artificielle se livrent une guerre sans merci. Joshua, un ex-agent des forces spéciales fragilisé par la disparition de sa femme, est recruté pour traquer et neutraliser le Créateur, l’insaisissable architecte d’une IA avancée à l’origine d’une arme qui pourrait mettre fin à la guerre... et détruire l’humanité tout entière. Avec l’aide d’une unité d’agents d’élite, Joshua traverse les lignes ennemies et pénètre au coeur de leur dangereux territoire. Il découvrira bientôt que l’arme funeste qu’il est chargé de détruire n’est autre qu’une intelligence artificielle supérieure qui a pris les traits d’un jeune enfant...
La critique de Julien
Gareth Edwards, le réalisateur de "Rogue One : a Star Wars Story" (2016), est enfin de retour au cinéma, et qui plus est avec un film de science-fiction dans l’air du temps, où il est question d’une guerre entre l’humain et l’intelligence artificielle, à l’heure des craintes à Hollywood concernant les studios de cinéma, utilisant l’IA pour notamment reproduire les ressemblances d’acteurs sans compensation, où écrire des scénarios sans l’aide de scénaristes. Référencé et tourné à moindres coûts pour un film du genre (moins de quatre-vingts millions de dollars du budget de production), "Le Créateur" est un ambitieux divertissement qui questionne alors la place de l’intelligence artificielle dans notre société, et sa nature-même, vis-à-vis de l’être humain...
En effet, dans un avenir proche, les Américains et leurs alliés occidentaux sont en guerre contre les IA, et cela à la suite d’une frappe nucléaire sur Los Angeles par ces dernières, lesquelles étaient pourtant censées servir et protéger les humains. Pourtant, en Nouvelle Asie, la population de robots intelligents, nommés les "simulants", est vénérée. C’est dès lors sur ce terrain de chasse que les États-Unis mènent à leur tour leurs frappes, depuis la station spatiale avancée en orbite, l’USS NOMAD (North American Orbital Mobile Aerospace Defense), capable de destruction d’une précision méticuleuse. Ils tentent alors d’assassiner « Nirmata », lequel serait le mystérieux architecte en chef derrière les progrès de l’IA en Nouvelle Asie. Ancien agent des forces spéciales meurtri par la disparition de proches, Joshua Taylor (John David Washington) sera alors recruté pour traquer et éliminer "Le Créateur" et son arme secrète, laquelle serait capable de détruire NOMAD, et ainsi de menacer (une bonne partie) de l’humanité. Mais cette découverte pourrait surtout permettre à Joshua de retrouver celle qu’il pensait morte, à savoir son épouse enceinte, Maya (Gemma Chan). Or, l’arme en question n’est pas celle qu’il pensait, puisqu’il s’agit d’un androïde de six ans, qu’il baptisera Alphie (Madeleine Yuna Voyles), mais capable, en effet, de contrôler exponentiellement la technologie à distance, pour devenir ainsi l’arme la plus puissante de la planète. Cette rencontre va alors remettre en question ses convictions les plus profondes, et faire éclater la vérité...
Tourné en format ultra-large, et donc à voir de préférence en Imax, "Le Créateur" est d’une beauté renversante, l’équipe technique ayant favorisé ici le tournage sur place, et dans plus de quatre-vingts lieux à travers le monde, et principalement en Thaïlande, dont dans les reliefs de Ban Mung et ses rizières, offrant ainsi à l’intrigue sa toile de fond. Outre dans le montage final, où les effets numériques ont été intégrés, le film laisse ainsi place à de majestueux décors, ignorant ainsi majoritairement les écrans verts. Dès lors, le film de Gareth Edwards possède ce cachet d’antan, digne des grandes épopées d’action et de science-fiction à l’ancienne, ce qui a donc également permis de réduire considérablement la facture. En y associant la photographie, le film nous a d’ailleurs fait étroitement pensé à d’autres films du genre, tels qu’au précédent film du réalisateur, tout d’abord, mais également à la filmographie de Neill Blomkamp, dont à son "District 9" (2009), sans oublier "Apocalypse Now" (1979) de Francis Ford Coppola, pour ne citer qu’eux. Dès lors, les effets spéciaux, minimisés et économisés, sont à leur tour très impressionnants, surtout au regard de la conception visuelle et auditive de cet énorme vaisseau spatial, scannant littéralement la "Nouvelle Asie" et ses zones susceptibles d’abriter des robots, avant de larguer des missiles sur leurs têtes, agissant dès lors comme un oiseau de proie.
Alors que son intrigue principale se déroule en 2065, "Le Créateur" alterne pourtant - et sans prévenir - entre images d’archives et scènes d’action décoiffantes, lesquelles s’enchaînent quant à elles tel un rouleau compresseur, et donc avec une grande fluidité. Malheureusement, c’est le scénario qui ne tient pas ici ses promesses, faute de facilités et d’inutiles complexités. Aussi, on regrette que cette histoire, de prime abord originale, s’enferme dans une écriture conventionnelle, où l’humain va changer son fusil d’épaule, et trouver plus d’humanisme dans la technologie qu’en lui-même, laquelle est ici victimisée plutôt que remise en question. La relation et la différence sont dès lors au centre des propos du film. Mais le script de Gareth Edwards et de Chris Weitz laisse d’ailleurs perplexe quant au message ambigu qu’ils ont voulu faire passer, surtout au regard de l’actualité, mais qu’ils n’auraient cependant pas pu prévoir. Quant à l’émotion tant espérée, celle-ci peine à profondément toucher, écrasée par l’envergure de l’image, et le spectacle rythmé, mais souvent expédié, qu’il nous offre. "Le Créateur" ne révolutionne dès lors pas grand-chose, mais reste une œuvre originale, très appréciable, fondamentalement belle, mais qu’a déjà l’impression d’avoir vu dans l’absolu...