Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Brian Duffield
Traquée (No One Will Save You)
Sortie du film le 22 septembre 2023 sur Disney+
Article mis en ligne le 24 septembre 2023

par Julien Brnl

Genre : Thriller, fantastique, drame

Durée : 93’

Acteurs : Kaitlyn Dever, Zack Duhame, Geraldine Singer...

Synopsis :
Brynn Adams est une jeune femme créative et talentueuse rejetée par sa communauté. Solitaire et toujours optimiste, elle trouve son réconfort entre les murs de la maison où elle a grandi. Une nuit, elle est réveillée par d’étranges bruits provenant d’intrus manifestement non humains. Commence alors un éprouvant face-à-face entre Brynn et une foule de créatures extraterrestres qui, en plus de menacer son futur, l’amèneront à affronter son passé.

La critique de Julien

Après "Fresh", "Barbarian" ou "Prey", sortis tous les trois l’année dernière, Disney+ nous gâte encore d’un film de genre qu’on regrette déjà de ne pas avoir pu voir au cinéma, lequel est directement sorti sur la plateforme de streaming ! "Traquée/No One Will Save You", c’est le deuxième film de Brian Duffield après l’inédit "Spontaneous" (2020), qui était une adaptation du roman du même nom d’Aaron Starmer. Tandis qu’il a également écrit le thriller horrifique et aquatique "Underwater" (2020) de William Eubank ou encore récemment produit le "Cocaine Bear" d’Elizabeth Banks pour Universal, le cinéaste a produit, écrit et donc mis en scène ce thriller fantastique, dramatique et psychologique qu’il serait dommage de bouder, lequel raconte l’histoire de Brynn Adams (Kaitlyn Dever), une jeune couturière anxieuse, solitaire et renfermée, vivant toujours dans la maison de campagne de son enfance, et pleurant la perte de sa mère, tandis qu’elle écrit souvent à sa meilleure amie, Maude, se remémorant un événement survenu il y a dix années. Face à ces pertes, la demoiselle s’est alors construit une ville miniature dans son salon, elle qui est elle-même rejetée par tous les habitants de la petite ville voisine, étant donné un événement passé qui semble avoir retourné tous les habitants contre elle... Une nuit, Brynn se réveillera et découvrira alors un intrus dans son salon, réalisant rapidement qu’il s’agit d’une rencontre du troisième type. Traquée, la jeune femme aura fort à faire pour échapper à ce visiteur, l’amenant autant à affronter le présent que son passé...

Home invasion inventif et prenant des risques, "No One Will Save You" ne cache, d’emblée, pas ses clins d’œil à divers classiques du genre, dont "Signes" de M.Night Shyamalan (2002) et "Sans un Bruit" (2018) de John Krasinski, d’autant plus que le film de Brian Duffield n’offre qu’une ligne (et demi) de dialogue sur toute la durée de son exécution, de là à se demander si le personnage principal n’est pas muet. Dès lors, c’est toute l’inquiétante et imposante musique de Joseph Trapanese et le mixage sonore qui joue ici un rôle à part entière, avec notamment les bruits gutturaux des envahisseurs (car ils seront - très - nombreux) qui font froid dans le dos, lesquels nous font dès lors oublier les nombreux bruits de bouche - qui pourraient énerver - de l’héroïne, elle qui ne prononce étonnamment aucun mot, pour alors retenir, la majorité du temps, son souffle. Et on comprend pourquoi, étant donné que l’intrigue ne laisse que les huit premières minutes du film de répit à Brynn, avant la première apparition d’un extraterrestre, alors au design si populaire et classique des petits hommes verts, bien que leur taille varie ici, tandis que leur motricité et geste désarticulés rajoutent ici une part d’originalité à l’image imaginaire qu’on s’était faite d’eux. Le film ne lésine alors pas sur les effets spéciaux et maquillages, les intrus n’hésitant pas à utiliser ici leur télékinésie et des champs magnétiques pour littéralement tous retourner, ainsi que pour mettre des bâtons dans les roues de leur proie, mais qu’ils semblent cependant avoir bien du mal à apprivoiser...

"Traqué" met alors à profil son faible budget de production (22,8 millions de dollars) pour nous livrer un véritable petit film d’horreur dramatique efficace et généreux, alors que Brian Duffield plonge le spectateur dans quatre-vingts minutes de tension et d’action, au travers de laquelle la demoiselle va tout faire pour échapper à ces êtres aux intentions bien floues, lesquels se déplacent - bien évidemment - en soucoupe volante. Et autant dire qu’elle ne se laissera pas faire, la petite ! Le metteur en scène utilise alors intelligemment et à bon escient ses décors, nous livrant ici et là de très impressionnants plans, dont aériens (la maison et ses extérieurs, les symboles dans les jardins, etc.), de savants mouvements de caméra rallongeant l’arrière-plan lorsque Brynn court, déformant la réalité et appuyant le danger qui la poursuit, tandis que l’esthétique rétro (alors que l’intrigue se déroule bien de nos jours) rajoute une part d’âme à "Traquée", comme déconnectée du monde réel, au même titre finalement que Brynn, dont on fait ici finalement connaissance à mesure que les extraterrestres tentent de la contrôler.

Si le réalisateur surfe cependant sur une vision commune de l’invasion d’aliens, il le fait ici terriblement bien, en témoigne un judicieux jeu de lumière rougeoyante et blanche aveuglante, tout droit sorti des vaisseaux OVNI, éblouissant la nuit la plus longue d’une jeune femme confrontée à l’improbable. D’ailleurs, Brian Duffield trouve dans chacune de ses idées de mise en scène une manière de poursuivre l’action, sans se répéter, ce qui a tendance à nous fasciner, à divertir, à ne jamais détourner notre regard de l’écran. Et puis, que dire de l’interprétation de Kaitlyn Dever, qu’on a notamment pu voir dans les mini-séries dramatiques "Unbelievable" (2019) et "Dopesick" (2021), mais encore jamais jusque-là dans un premier rôle ? Autant dire que l’actrice n’a pas besoin de parler pour nous convaincre, même si l’écriture de son personnage, rongé par la culpabilité, aide à être en empathie avec lui-même, au même titre finalement que cette invasion va faire éclater la bulle qu’il s’était forgée au cours des années et l’aider à se confronter à ses propres démons, et à les accepter, quitte à lui sauver la vie...

Outre ses partis pris qui pourraient agacer, ou encore la manque d’explication de ses dernières lignes, ouvrant à plusieurs théories métaphoriques farfelues (mais auxquelles on ne croit pas), le gros point négatif de ce métrage est qu’on n’ait finalement pas eu la chance de le voir sur grand écran, lui qui aurait totalement mérité cela, pour toutes les raisons citées, mais surtout au regard de (très) mauvais films de genre sortis ces dernières semaines au cinéma. Qu’à cela ne tienne, le succès critique et en streaming de "No One Will Save You" pourrait ouvrir des portes à Brian Duffield, lequel pourrait bien voir son prochain métrage être très vite repéré. Et c’est tout ce qu’on, et nous souhaite !



Au hasard...

Il Pleut dans la Maison
le 21 avril 2024
Une Rencontre Inattendue (She Came To Me)
le 29 janvier 2024
Trois Amies
le 10 novembre 2024
Pupille
le 15 décembre 2018
Stan & Ollie
le 24 mars 2019
My Salinger Year
le 29 août 2021
Napoléon
le 30 novembre 2023
Un Autre Monde
le 24 février 2022
Les Fantômes (Ghost Trail)
le 31 août 2024
Une famille syrienne - le film / InSyriated
le 1er novembre 2017
La Panthère des Neiges (The Velvet Queen)
le 8 avril 2022
Santa & Cie
le 27 décembre 2017
Cocorico
le 3 mars 2024
Abigail
le 21 avril 2024
Eléonore
le 28 septembre 2020
Karaoké
le 25 mars 2024
En Guerre
le 10 juin 2018
Le Moine et le Fusil (The Monk and the Gun)
le 4 juillet 2024
Jalouse
le 6 janvier 2018
Zodi et Téhu, Frères du Désert
le 13 février 2023
Mentions légales Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.2.1