Genre : Action, guerre
Durée : 91’
Acteurs : Jorma Tommila, Aksel Hennie, Mimosa Willamo...
Synopsis :
Finlande, 1944. Dans la nature sauvage et hostile de la Laponie, alors occupée par les nazis, un ancien soldat découvre un gisement d’or. Prêt à tout pour sauver son précieux butin, il ne reculera devant rien, quitte à devoir assassiner jusqu’au dernier SS qui se trouverait sur son chemin.
La critique de Julien
"Sisu", c’est un mot intraduisible d’origine finlandaise, lequel désignerait une forme de courage hors du commun et de détermination à toute épreuve, tout en se manifestant quand tout espoir est perdu. Du moins, c’est ce que nous apprend le pré-générique d’ouverture de ce film de guerre et d’action ultra-violent, réalisé par le metteur en scène finlandais Jalmari Helander ("Big Game", avec Samuel L. Jackson, sorti sur Netflix), lequel nous embarque en 1944, en Laponie finlandaise, où vit Aatami Korpi (l’acteur Jorma Tommila, 63 ans, pour la troisième fois devant la caméra du réalisateur, tandis qu’il est marié à la sœur de celui-ci, l’actrice Ida Helander-Tommila). Alors qu’il a décidé de laisser la guerre derrière lui une bonne fois pour toutes, les nazis, eux, font régner la "politique de la terre brûlée", détruisant tout sur leur passage pendant leur retraite. Devenu chercheur d’or, l’ex-commando le plus craint de son unité, qui a combattu dans la Guerre d’Hiver, va alors tomber sur un gisement d’or, qu’il compte bien échanger contre de gros billets. Accompagné de son fidèle Bedlington Terrier, ce dernier prendra alors la route à dos de son cheval, bien qu’il croisera sur son chemin un impitoyable peloton de la Waffen SS. Mais c’est sans savoir qu’il est surnommé par ses pairs "Kochtcheï", alias "l’Immortel", que ceux-ci tenteront de lui voler son or. Aatami n’est pourtant pas le genre d’homme à déranger, lui qui aurait tué 300 Russes à lui tout seul, dans la toundra, alors que ceux-ci ont rasé sa maison et décimé sa famille...
Inspiré par "Rambo : First Blood" (1982) de Ted Kotcheff, et par le véritable tireur d’élite militaire finlandais Simo Häyhä, ayant combattu l’Armée rouge, "Sisu : de l’Or et du Sang" porte très bien son titre, puisqu’on y voit, certes, des pépites d’or, et surtout couler beaucoup de sang. À vrai dire, le film de Jalmari Helander ne se prend pas au sérieux, et ne fait pas dans la légèreté, ne passant dès lors pas par quatre chemins. D’ailleurs, l’intense et silencieux Jorma Tommila n’a pas dû avoir trop de mal à étudier son texte, lequel prononce ici à peine quelques mots ; les images et les émotions suscitées parlant d’elles-mêmes. Escadron de la mort à lui tout seul, son personnage est, en effet, une machine de guerre, prête à tout pour arriver à ses fins. C’est, à peu de chose près, une légende, fuie par ceux qui le connaissent. Extrêmement gore et viscéral, ce film d’action devrait dès lors plaire aux fans de "John Wick" et consorts, lui qui met en place une véritable traque humaine, avant d’inverser la tendance, soit une décimation nazie. On a alors mal de jouissance pour ces nazis et violeurs, lesquels goûteront à la rage au ventre de cet homme, lequel n’a en rien été émasculé par ses multiples blessures (à la vue de ses cicatrices), lui qui trouve justement sa force dans sa soif de vengeance, et son refus de mourir...
Divisé en six courts chapitres, et outre sa magnifique affiche officielle, "Sisu : de l’Or et du Sang" profite évidemment de ses décors sauvages, tournés en Laponie, en automne, mettant en avant les couleurs vives de la région, aux conditions climatiques très rudes (vents, températures glaciales, etc.), auxquelles a dû faire face l’équipe technique, et surtout les acteurs. La reconstitution, plus fantaisiste qu’historique des événements, permet aussi de nous immerger dans ces paysages et cette époque, et qui plus est sur des terres reculées, où la terreur nazie était également de mise. Dommage cependant que les effets spéciaux relatifs à des plans plus larges laissent à désirer, les maquillages et scènes de combat à petite échelle étant bien plus réussis. Enfin, la musique de Juri Seppä et Tuomas Wäinölä participe quant à elle à une dimension très spirituelle, nordique, avec ses chœurs très prononcés.
Loin d’être une pépite, "Sisu : de l’Or et du Sang" demeure ainsi très efficace, sans cesse dans l’action et le survival, en plus d’être partiellement imaginatif, mais ô combien improbable. C’est un jeu de massacre et un plaisir régressif de tous les instants, qui est donc à prendre pour ce qu’il est...