Genre : Action, fantastique
Durée : 127’
Acteurs : Xolo Maridueña, Bruna Marquezine, Susan Sarandon, Raoul Trujillo, George Lopez, Adriana Barraza, Elpidia Carrillo, Damián Alcázar...
Synopsis :
Jaime Reyes est un jeune plein d’ambition. Alors qu’il rentre de l’université, le Scarabée, une ancienne relique d’une biotechnologie extraterrestre, choisit de faire de lui son hôte. Ce dernier se voit alors revêtu d’une armure hors du commun qui lui octroie des pouvoirs extraordinaires – et imprévisibles. Tout bascule alors pour Jaime qui devient le super-héros Blue Beetle...
La critique de Julien
"Blue Beetle", c’est le quatorzième film de l’univers cinématographique DC, lequel met en scène le personnage du même nom, lequel a évolué sous trois identités différentes depuis sa création en 1939 par Charles Nicholas Wojtkowski et Will Eisner. Il y a d’abord eu Dan Garret, puis Ted Kord, et enfin Jaime Reyes, d’ailleurs héros de ce film, qui plus est le premier super-héros latino. Tandis que le film du Portoricain Angel Manuel Soto ferait partie intégrante du nouvel univers DC chapeauté par James Gunn et Peter Safran, c’était évidemment avec une certaine appréhension qu’on a découvert au cinéma cette énième origin-story, vouée au même destin que celui des derniers films adaptés des DC Comics, c’est-à-dire à l’échec commercial, et cela après "The Flash" d’Andy Muschietti, "Shazam ! La Rage des Dieux" de David F. Sandberg, ou encore "Black Adam" de Jaume Collet-Serra. Mais est-ce seulement mérité ?
Alors que Victoria Kord (Susan Sarandon), cofondatrice et PDG de l’entreprise Kord Industries vient tout juste de mettre la main sur un ancien artefact extraterrestre connu sous le nom de "Scarabée", celui-ci va choisir un étudiant mexicain comme ôte, en entrant par on ne sait où précisément (même si cela est souvent insinué), se greffant dès lors à lui et fusionnant avec son corps pour former un puissant exosquelette. Or, Jaime Reyes, s’attendait à tout, sauf à ça, lui qui vient d’ailleurs d’obtenir son diplôme de la Gotham Law University, tout en retournant dans sa ville natale de Palmera City, auprès de sa famille, très excentrique, dont sa sœur, Milagro (pas très discrète), son oncle Rudy (qui maîtrise évidemment la technologie comme personne), ou encore sa grand-mère Nana (ex-membre d’une guérilla anti-impérialiste). Sauf que ces derniers habitent du côté pauvre de la vie, à Edge Keys, eux qui risquent d’être expulsés de leur maison familiale par la société privée Kord, ce qui poussera Jaime et sa sœur à trouver du boulot pour rembourser leurs dettes. C’est alors au manoir de Victoria Kord qu’ils trouveront - étonnement - un job, où ils enlèveront les chewing-gums des dessous de chaises. C’est là qu’ils assisteront alors à une confrontation entre Victoria et sa jolie nièce Jenny (Bruna Marquezine), après que cette dernière ait critiqué la gestion de l’empire de son père par sa tante, lui qui a disparu sans laisser de trace, du jour au lendemain, laissant ainsi Victoria gérer seule ses projets cyborgs OMAC (One Man Army Corps). Mais la dame a désormais des plans bien sombres pour l’entreprise, d’autant plus en possession du Scarabée, aidée de plus par son prototype et garde du corps Carapax (Raoul Max Trujillo)...
"Blue Beetle" respecte d’emblée le cahier des charges si habituel et très strict des quêtes initiatiques d’individus ordinaires devenant, malgré eux, des super-héros, et sur lesquels vont alors être placées de grandes responsabilités. Bien qu’évoluant dans l’univers de la culture latino et ses valeurs, l’histoire de Jaime Reyes ne peut cacher ici ses étranges coïncidences avec celle de Spider-Man, ou encore d’Iron Man, tandis que le film ne passe ici pas à côté d’un humour lourd, criard, et donc très marqué. En effet, la famille archétype trop chaleureuse et pot de colle de Reyes en fait des tonnes, et encore des tonnes. Il est aussi question de gadgets (sous-exploités) en tous genres, créés jadis par le patriarche de Kord Industries, à défaut d’avoir trouvé le Scarabée pour profiter de ses pouvoirs, sans oublier un intérêt amoureux, pour pimenter un peu plus les aventures de Jaime, et faire affluer son sang dans le bas de son corps, comme le signalera la voix de Khaji-Da, qui n’est autre que le prénom du Scarabée. Par son intrigue, "Blue Beetle" met alors en exergue l’importance de la famille, ici comme force et non comme faiblesse, pointe du doigt l’horreur du colonialisme, de l’exploitation humaine (pour des ressources énergétiques), ou encore de l’esclavage (scientifique), ainsi que les dangers de la gentrification et de la marginalisation des communautés les plus fragiles par l’élite. Mais tout cela reste évidemment ici au stade de l’évocation, du contextuel, sans véritable point de vue, visant à aller chercher, en vain, l’émotion du spectateur. Aussi, le film n’offre que très peu de réponses quant aux origines du Scarabée, sans trop montrer (encore) l’étendue de ses pouvoirs, ce qui est assez frustrant...
"Des sacrifices doivent être faits pour le bien de tous", répétera le personnage si générique de Susan Sarandon, avant d’en faire, de manière très prévisible, les frais. Car le film d’Angel Manuel Soto ne brille pas non plus par son originalité, malgré le point d’ancrage de son histoire, et du public communautaire cible. Car on reste bien là dans un produit purement américain, opportuniste, et certes généreux en spectacle, mais pauvre en effets spéciaux qui se respectent. Cependant, on lui reconnaît la photographie si particulière tirant entre le bleu et le violet de Pawel Pogorzelski (l’acolyte d’Ari Aster), et cela jusqu’aux reflets sur le bitume des couleurs des bâtiments de la ville fictive de Palmera City, ainsi que la musique texturée et électrique de Bobby Krlic, allant de pair avec l’aspect technologique du métrage. Mais cela reste bien trop peu pour un film de super-héros, lequel s’inscrit dans un univers devenu pléthorique, désormais entre de nouvelles mains chez DC, et on l’espère pour le meilleur. Quant à l’avenir de Blue Beetle en son sein, rien n’est encore précisément écrit, malgré les révélations (attendues et) peu existantes de sa scène post-générique. Bref, il est temps de faire le tri chez DC, à la manière finalement que le scarabée triture la matière en décomposition...