Genre : Horreur
Durée : 88’
Acteurs : Lizzy Caplan, Woody Norman, Cleopatra Coleman, Antony Starr...
Synopsis :
Peter, âgé de huit ans, est tourmenté par un bruit mystérieux et incessant de tapotement provenant du mur de sa chambre – mais ses parents affirment que ce n’est que le fruit de son imagination. A mesure que sa peur s’intensifie, Peter se persuade que ses parents lui cachent un terrible secret et perd toute confiance en eux, ce qui ne fait qu’accroître son angoisse et ses terreurs...
La critique de Julien
Pour son premier film après sa série horrifique pour Netflix "Marianne" (sortie en 2019, et annulée après une saison), le metteur en scène français Samuel Bodin s’est lancé dans la course au long métrage. "Cobweb" (qui signifie "toile d’araignée" en français), c’est le titre de celui-ci, lui dont le scénario faisait partie de ceux de la Black List de 2018, écrit alors par Chris Thomas Devlin, à qui l’on doit celui de la suite/reboot du très décevant "Massacre à la Tronçonneuse" (2022) de David Blue Garcia (encore pour Netflix). D’après son pedigree, il s’agit là d’un projet né sous une bonne étoile, puisque pour ce premier essai, le cinéaste a reçu l’aide de Lionsgate Films (qui distribue son film aux États-Unis), tandis qu’il est notamment co-produit par le - très prolifique - duo Evan Goldberg/Seth Rogen. Tourné il y aura bientôt trois ans (!) en Bulgarie, avec à son casting Lizzy Caplan (vue dans "The Disaster Artist", "Insaissisables 2", ou encore dans la série "Masters of Sex") et Antony Starr (le Protecteur ou Homelander dans la série "The Boys"), ce film d’horreur installe son intrigue une semaine avant Halloween, dans la petite bourgade fictive d’Holdenfield, à la rencontre de Peter (Woody Norman), un jeune garçon de 8 ans, lequel vit avec ses parents autoritaires et émotionnellement distants. C’est d’ailleurs sur le compte de son "imagination débordante" que ses parents nieront les tapotements de plus en plus persistants qu’il entendra à l’intérieur des murs de sa chambre. Tandis qu’il est victime d’intimidation à l’école, sans amis, et dès lors renfermé dans son petit monde, l’enseignante remplaçante, Miss Devine (Cleopatra Coleman), sera alors interloquée par l’un de ses dessins, tout en lui venant en aide, tandis qu’une voix familière accompagnera tantôt lesdits bruits suspects...
Avec son titre francophone très générique, "La Maison du Mal" annonçait déjà la couleur, lui qui ne cache pas ses - maigres - ambitions, lesquelles, avec son scénario alambiqué, engloutissent tous les efforts de mise en scène. Celui-ci ne perd d’ailleurs pas une seule seconde pour installer son décorum, et nous immisce en pleine nuit, dans la chambre de Peter, avec "toutes les choses qu’il invente", puis le lendemain matin, à l’école, où il sera harcelé, et enfin à l’heure du souper, en compagnie de ses deux parents, très louches, lesquels lui refuseront de sortir le soir d’Halloween pour un porte-à-porte. Le scénario du film va donc rapidement tisser sa toile, et nous questionner. Ceux-ci ont-ils quelque chose à cacher à Peter ? Pourquoi réagissent-ils si froidement avec lui ? Pourquoi lui refusent-ils - maintenant - de sortir le soir d’Halloween ? Quelle est cette voix que l’enfant entend ? Faut-il la croire ? Quoi qu’il en soit, cette mystérieuse entité (spoiler : [1]) va littéralement hanter, pourchasser Peter, et bouleverser ses nuits. Mais pas que...
Or, à force que l’intrigue se dévoile, on se rend très vite compte que le postulat de base ne tient pas la route quant à la tournure des événements (spoilers : [2]). Trouée de partout, cette histoire - de maltraitance infantile - ne livre pas toutes ses réponses, préférant ainsi rester dans le flou, à défaut de pouvoir en donner des plausibles. On se retrouve alors face à un film de genre dépassé, qui surfe sur une idée de base originale, mais sans penser à ses arrières, et qu’on se doit donc d’accepter tel qu’il est, sans trop creuser, ni fouiller, que ça soit à l’intérieur d’une fosse recouverte d’une grille sous un congélateur, derrière une porte cachée dans le dos d’un réfrigérateur, ou une autre derrière une horloge de parquet. Quant à cette voix, on ne sait trop qu’en penser, si ce n’est qu’elle se retrouve piégée dans sa propre toile, face à sa condition, qu’on a bien du mal à déterminer, en l’état. Car selon nous, son (in)existence ne peut être que le fruit d’une imagination... D’ailleurs, le titre anglophone était bien plus ici approprié pour celle-ci, tandis que Peter sera confronté lui-même à l’image d’une araignée, qui effraie et rampe clandestinement dans une maison, et qui représenterait, en quelque sorte, cette entité...
Pour autant, "Cobweb" bénéficie de la cinématographie léchée de Philip Lozano, qui est l’une des réussites de ce premier film, les extérieurs étant particulièrement inquiétants, à l’image évidemment de la maison, mais surtout du jardin ensevelit sous une culture de potirons. La lumière participe aussi à cette ambiance lugubre, au contraire de celle des intérieurs, trop sombres, qui ne permettent pas d’y voir grand-chose, surtout lors du dernier tiers, qui se permet quelques effrois sanguinaires assez violents, et au cours duquel une part des révélations grimpera aux murs... La musique du compositeur italien Drum & Lace aide également à installer une atmosphère pesante, sans compter sur la personnalité des parents du petit garçon, mais malheureusement trop peu approfondie, alors que leurs réactions et histoires auraient mérité davantage d’explications. Quelques exercices de mise en scène prolonger l’horreur, et partiellement le suspens, bien que ceux-ci ne soient pas inédits, tandis que l’effet de terreur vient ici avant tout du travail réalisé autour du son, alors qu’on entend, par exemple, dans le noir, quelque chose dans un couloir, situé face à un lit, y courir alors trop longtemps par rapport à sa longueur, avant de bondir dessus. Mais c’est à peu près tout pour ce film hors saison...