Genre : Comédie dramatique
Durée : 100’
Acteurs : Chino Darín, Anna Castillo, Antonio de la Torre, María León, Alex Brendemühl, José Coronado, Maribel Verdú, Quim Gutiérrez...
Synopsis :
Rencontres inattendues, moments ridicules ou décisions absurdes, cinq histoires portant un regard acide sur l’incapacité à gérer nos propres émotions.
La critique de Julien
Réalisateur et scénariste espagnol originaire de Barcelone, Cesc Gay a connu le succès international avec sa comédie dramatique "Truman" (2016), récompensée de cinq Goya, dont celui du meilleur film, laquelle traitait de retrouvailles entre amis, en l’espace de quatre jours et trois nuits, avant des adieux définitifs. Alors que sa précédente réalisation "Sentimental (The People Upstairs)" restera inédite chez nous, le voici de retour dans nos salles avec "Historias Para no Contar" (littéralement traduit en français par "des histoires à ne pas raconter"), soit un film divisé en cinq histoires différentes, liées uniquement entre elles par leur géographie (Barcelone) et par un thème commun, soit celui des rencontres inattendues et des relations de couple, autour alors du petit secret ici révélé qu’il valait pourtant mieux garder pour soit, soit l’infidélité, et dès lors des réactions tous azimuts et incontrôlables qui en découlent. Dans la forme, on pense directement ici au premier film du réalisateur argentin Damien Szifron "Les Nouveaux Sauvages" (2014), une comédie noire d’anthologie, composée de six histoires ayant alors pour thème commun la catharsis, la violence et la vengeance, faisant état des conséquences de la société capitalisme sur nos comportements, poussant alors l’humain à réagir de manière inattendue, et souvent extrême. Sauf que ce dernier était un film à sketches, assumé (et c’est peu de le dire), alors que le métrage de Cecs Gay, lui, se veut être plus un film à nouvelles, et beaucoup moins incisif, malgré lui...
Une jeune demoiselle amoureuse secrètement de son voisin... Un cinquantenaire timide plaqué par sa femme qui rencontre, sous l’impulsion d’un ami, une comédienne de théâtre. Sauf que cet ami va très vite s’interroger sur cette dernière... Trois amies plutôt éloignées qui se retrouvent lors d’un même casting et parlent de leur conquête, et de sexe... Un écrivain d’un certain âge qui, lors d’un petit déjeuner avec sa jeune compagne, entendra par mégarde, alors qu’elle est aux toilettes au téléphone, qu’elle va le quitter... Un jeune père, qui s’apprête à le redevenir, apprend à son meilleur ami qu’il a trompé sa femme, lequel va lui avouer... Cinq petites de notre époque, cinq quiproquos qui se moquent gentiment de nous-mêmes, mais cinq histoires finalement pas bien méchantes, ni même féroces, et surtout cinq façons identiques de les raconter... Cesc Gay loupe malheureusement le coche avec "Historias Para no Contar", tombant dans le piège de ce type de films, ici répétitif et sans aucune rupture de ton dans sa mise en scène, dans le sens où toutes ces histoires sont racontées de la même manière. Ainsi, après la chute de chacune d’elle, on attend impatiemment celle de la suivante. Sauf que celles-ci, comparées aux révélations qui les précédent, sont souvent bien trop fades, et finalement anecdotiques. Rien ne permet ainsi de relancer notre attention, qui s’estompe au fur et à mesure, d’éveiller notre curiosité et, surtout, de la nourrir, ni même les dialogues et acteurs, certes pétillants, mais jamais mordants. Peut-être alors l’imprévisibilité de certaines situations, parfois cocasses, et encore. De plus, ces récits de citadins aisés ne s’équivalent pas, tandis qu’on ne rigole jamais de leurs mésaventures, nous limitant à des sourires en coin. Mais on a surtout du mal à voir où veut concrètement en venir le metteur en scène et coscénariste du film quant au vague message qui chapeaute ces segments narratifs superficiels, lequel, finalement, n’offre même pas une branche d’hyperbole complète à son sujet. On aurait aussi apprécié que ces histoires soient imbriquées les unes dans les autres, et que ses personnages reviennent dans chacune d’elles, ou au moins dans le décor... Sans être ainsi porté par elles, on referme alors rapidement le chapitre de chacune de ces histoires qui, soi-disant, "ne se racontent pas". C’est sans doute qu’elles n’en val(ai)ent pas la peine...