Genre : Espionnage, action
Durée : 163’
Acteurs : Tom Cruise, Hayley Atwell, Simon Pegg, Ving Rhames, Rebecca Ferguson, Vanessa Kirby, Shea Whigham, Pom Klementieff, Esai Morales, Henry Czerny, Rob Delaney, Cary Elwes, Indira Varma, Mark Gatiss...
Synopsis :
Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière. Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission - pas même la vie de ceux qu’il aime.
La critique de Julien
Cela faisait longtemps, M. Hunt ! Après le très réussi sixième épisode "Fallout", sorti en 2018, "Mission : Impossible" revient au cinéma, pour l’avant-dernière fois (?). Après le triomphant succès de son précédent film "Top Gun : Maverick", Tom Cruise rempile donc dans le costume de l’agent de la Force Mission Impossible, pour sauver le monde d’une guerre qui s’approche, alors qu’une autre, une vraie, fait rage, actuellement, à Hollywood [1]. En effet, alors que le syndicat des scénaristes [2] s’est mis en grève depuis le 2 mai dernier pour réclamer une revalorisation de leur rémunération, alors en berne à l’ère du streaming, le syndicat des acteurs [3] les a rejoints sur les piquets de grève, depuis ce vendredi 14 juillet, après avoir constaté l’impasse des négociations. Mais l’un des enjeux de cette double grève, c’est bien évidemment le fait qu’ils souhaitent tous obtenir des garanties concernant l’usage de l’Intelligence Artificielle, pour empêcher cette dernière, pour les premiers, de générer des scripts à leur place, et pour les autres, de cloner leur voix et image. Or, dans ce septième volet de "Mission : Impossible", intitulé "Dead Reckoning" (terme employé dans la navigation), dont il s’agit ici de la première partie, Ethan Hunt et ses compères n’auront nul autre antagoniste (ou presque) qu’une IA, nommée "l’Entité". Autrement dit, le scénario de cet opus est on ne peut plus dans l’air du temps. Et comme à son habitude, Tom Cruise a repoussé ici les limites (sans doublure), toujours devant la caméra du cinéaste et scénariste Christopher McQuarrie, lesquels ont, ensemble, redoré de blason de cette saga (inspirée de la série homonyme de Bruce Geller) depuis "Rogue Nation", en 2015. Et quel spectacle de haut vol qu’est ce film et blockbuster haletant, à couper le souffle, malgré une histoire qui, en pensant tout contrôler, comme son IA (via tous les systèmes numériques, et de renseignement), s’octroie de maladroites incohérences, contournant ainsi certaines des facultés de "l’Entité", pour alors en jouer, et faire forcément, et heureusement, durer le plaisir...
De la mer de Béring, au désert Rub al-Khali dans la péninsule Arabique, en passant par l’aéroport d’Abu Dhabi, Rome, Venise et l’Orient-Express en direction d’Innsbruck, en Autriche, ce film voyage aux quatre coins du globe, et se regarde sans temps mort, lui qui est devenu l’un des plus chers jamais produits à la suite de son long et difficile tournage (débuté en février 2020) en raison de la pandémie. À vrai dire, on sent là que l’entreprise est à son summum d’efficacité narrative et de divertissement, étant donné une intrigue, une fois de plus, à tiroirs, convoitant aussi bien le passé d’Ethan Hunt que le retour d’anciens personnages, et de nouveaux, dont celui Hayley Atwell, dans le rôle d’une voleuse professionnelle, et future recrue de la FMI. Mais alors que Hunt a pour objectif de détruire cette IA, il lui faudra d’abord mettre la main sur une clef cruciforme, divisée en deux parties, laquelle aurait un lien très étroit avec cette IA, tout en ne sachant pas (encore) où elle est terrée, ou plutôt coulée. Or, cette IA va donner du fil à retordre à Ethan Hunt et les siens, elle qui connaît "parfaitement" ses ennemis, et l’avenir...
D’entrée de jeu, "Mission : Impossible 7 - Dead Reckoning, Partie 1" se jette à l’eau pour nous concocter une suite de séquences hallucinées, tout en maîtrisant - à merveille - les codes du film d’espionnage, ici à la pointe de la technologie, et d’une classe folle. C’est que Tom Cruise sait y faire, bien entouré pour l’occasion, dont par ses fidèles amis Benjamin « Benji » Dunnet (Simon Pegg) et Luther Stickell (Ving Rhames), et surtout par Ilsa Faust (Rebecca Ferguson), et donc Hayley Atwell, en qui, semble-t-il, la franchise compte beaucoup pour la suite. C’est d’ailleurs ici un vrai jeu du chat et de la souri qui se joue entre Ethan Hunt et le personnage de cette derrière, Grace, laquelle est pleine de ressources, tout en travaillant ici au nom d’un acheteur anonyme, en quête ainsi d’une des deux parties de ladite croix. L’intrigue s’intéresse d’ailleurs énormément ici à son apprentissage en tant que nouvel agent en devenir de la FMI, laquelle Hunt va cependant avoir du mal à convaincre dans un premier temps. En témoignent les très sympathiques coups tortus et jeux de dupes qu’elle lui réserve, notamment lors d’une course-poursuite hors-norme dans la capitale italienne. La relation qui se noue entre Grace et la FMI est d’ailleurs, et sans aucun doute, l’une des pierres angulaires du film, tandis que le traitement réservé au personnage d’Hayley Atwell est très convaincant, elle que l’on sent encore fort vulnérable quant à sa nouvelle mission, au contraire finalement d’un Ethan Hunt, qui ressort toujours indemne de ses cumulets et sauts.
Comme d’accoutumée, et c’est bien connu, chaque "Mission : Impossible" (ou presque) réserve son lot de situations cocasses. Or, si ce n’est pas ici une bombe qui déboule les marches de l’Escalier de la Trinité-des-Monts à Rome (comme dans le "Fast X" de Louis Leterrier), c’est bien ici une Fiat 500 jaune qui les descendra (peu importe la manière), que - sans entrer dans les détails - Ethan et Grace se retrouvent à conduire à tour de rôle, menottés l’un à l’autre, alors qu’ils sont poursuivis, d’une part, par des agents de la CIA, ainsi que par l’Arme des Carabiniers (les forces de l’ordre italiennes), et surtout par un certain Gabriel (Esai Morales), un agent de liaison de "l’Entité", ayant des liens avec le passé pré-FMI d’Ethan, et ses partenaires, dont Paris (Pom Klementieff, vue dans "Les Gardiens de la Galaxie), une assassin peu discrète, bien que très expérimentée dans son art, elle dont les traits et l’attitude empruntent à ceux d’un certain Joker... Cocktail explosif, cette fabuleuse scène filmée à Rome (où l’avant-première mondiale du film s’est déroulée), pleine d’idées de mise en scène et de cascades très impressionnantes, est l’un des joyaux de ce film, qui ne lésine d’ailleurs aucunement sur les grands moyens pour nous en mettre plein la vue, mais sans en oublier pour autant ses enjeux, et l’émotion. La scène du saut dans les airs en moto de Tom Cruise (ayant nécessité plus de six semaines de préparation à elle seule), ou encore celle du crash de la locomotive récréée en taille réelle, et jetée du haut d’une falaise dans une carrière désaffectée du Derbyshire en Angleterre, sont d’autres incroyables moments de cinéma que seuls les "Mission : Impossible" peuvent encore nous offrir, aujourd’hui, étant donné l’authenticité des démarches qu’ils mettent en œuvre, évitant au maximum les effets spéciaux. Or, cela se voit, et se ressent dans l’exécution, à l’image d’une époustouflante scène finale à bord de l’Orient-Express (ou ce qu’il en reste), lequel tombe, wagon par wagon, dans le vide, tandis que les principaux intéressés les remontent, tant bien que mal, un à un, en espérant ne pas être entraînés dans la chute de ceux-ci...
Malgré l’intensité et la haute dose de satisfaction avec laquelle se regarde "Dead Reckoning", le film tombe cependant dans le piège de sa propre idée d’intelligence artificielle, elle qui, d’après ce qu’on comprend, serait capable d’infiltrer les principaux systèmes de défense mondiaux, qu’ils soient militaires ou de renseignement, laquelle a, dès lors, toujours une longueur d’avance sur ses pions. Or, certaines péripéties dans lesquelles nous embarque le film auraient justement pu couper bien plus court si l’IA, hors de contrôle, et capable de surplomber l’humain, en avait décidé autrement. Or, qu’on se le dise, cela rajoute du piment à l’intrigue, et des rebondissements, et fait ainsi clairement durer le suspense. Aussi, quand est-il, tout simplement, du créateur de la clef cruciforme ? N’existe-t-il pas possible d’en créer une réplique à partir de plans ou de dessins ? De même, des questions, fausses pistes et inexactitudes restent largement en suspend à l’issue du film, en espérant ainsi qu’on en trouve les réponses dans la seconde partie, ayant déjà commencé quant à elle son tournage. Or, celui-ci devait reprendre à la suite de la promotion du film. Sauf qu’il n’en est rien, étant donné la grève en question. Dès lors, sa date de sortie, programmée (après déjà moult modifications) en juin de l’année prochaine, risque d’être encore une fois repoussée. Ne reste alors plus qu’à prendre notre mal en patience, et profiter de cette première partie, certes longue, mais hautement recommandable. Increvable, ce Tom !