Genre : Horreur
Durée : 107’
Acteurs : Patrick Wilson, Ty Simpkins, Rose Byrne, Andrew Astor, Lin Shaye, Spencer Locke, Caitlin Gerard, Hiam Abbass, Barbara Hershey...
Synopsis :
Pour mettre fin à leurs démons une fois pour toutes, Josh et Dalton doivent s’enfoncer plus profondément que jamais dans "le Lointain" pour y affronter le sombre passé de leur famille et de nouvelles forces maléfiques qui se terrent derrière la porte rouge.
La critique de Julien
C’est avec énormément d’appréhension que nous attendions le nouvel épisode de la saga horrifique "Insidious", initiée en 2010 par l’un des nouveaux maîtres du genre, James Wan, à qui l’on doit également l’univers "Saw" et "Conjuring". Tandis qu’il rempilait pour le deuxième opus (sorti en 2013), toujours centré sur la famille Lambert, lequel était d’ailleurs une suite directe aux événements précédents, les troisième (2015) et quatrième (2018) films étaient quant à eux des préquelles, et nous en apprenaient notamment sur la désormais célèbre parapsychologue Élise Rainier (Lin Shaye) et ses complices chasseurs de fantômes Tuckers et Specs, avec qui elle a fondé la société "Spectral Sightnings". Tandis qu’ils étaient respectivement réalisés par Leigh Whannell - lequel a également co-scénarisé tous les films de la franchise (c’est même lui qui joue le rôle de Specs !) [1] - et Adam Robitel, ce cinquième opus, intitulé "The Red Door" n’est aucunement la suite du quatrième opus "La Dernière Clef", mais bien celle - indirecte - du second film de la franchise. Vous suivez ? Toujours à la production (au même titre que Blumhouse), James Wan scrute évidement l’affaire avec autant attention, tandis que la mise en scène de ce film a été confiée à l’acteur Patrick Wilson, lequel a sauté sur l’opportunité qui lui a été présentée, lui qui reprend d’ailleurs ici son rôle de père de famille tourmenté...
Quand on sait que le quatrième film de la franchise a rapporté près de 17 fois la mise de son budget de production, il n’est pas étonnant que ses producteurs aient ainsi ouvert la porte (rouge) à un autre épisode. Pourtant, on était à même de se demander ce que la saga "Insidious" pouvait encore nous raconter de plus, sans pour autant venir parasiter les événements passés, pourtant clos. Or, cet épisode va justement "retourner là où tout a commencé"... L’intrigue de "The Red Door" débute alors neuf ans après que les souvenirs de Josh (Patrick Wilson) et Dalton (Ty Simpkins) aient été refoulés (de même que leur capacité de projection astrale), alors que Josh et Renai (Rose Byrne) ont divorcé, tandis que la mère de Josh, Lorraine (Barbara Hershey), vient de décéder. Or, depuis la fin des terribles événements survenus aux Lambert, une distance s’est creusée entre ses pairs, dont entre le père (sauveur... et agresseur) et le fils aîné, Dalton, lui qui rentre ici à l’université. Dans une énième tentative maladroite de rapprochement, Josh y conduira alors son fils, sans que cela leur soit favorable. Alors que son propre père l’a abandonné lorsqu’il était plus jeune, Josh, ayant l’esprit très confus depuis une petite dizaine d’années (...), promettra alors à son fils de se faire soigner, lequel sera pourtant de plus en plus hanté par l’esprit d’un homme. De son côté, Dalton suivra ses premiers cours d’art et de dessin, son professeur l’invitant à puiser dans les recoins les plus sombres et reculés de son esprit pour faire éclater la vérité, sur papier. C’est là qu’il dessinera alors une porte, sans parvenir à se maîtriser, laquelle n’est autre que celle qu’il a utilisée, jadis, pour entrer dans "le Lointain"...
Difficile de ne pas ressortir circonspect de la réalisation de Patrick Wilson, très académique dans le genre, et mécanique. Jump-scares prévisibles, jeux d’ombres floues (car derrière une vitre ou la lunette d’une voiture), maquillages qui ressemblent plus à des grimages d’Halloween ou autres contorsionnistes tombés dans la poudre blanche pour avoir l’air d’être physiquement plus menaçants (car jouant des âmes venues du "Lointain"), "The Red Door" n’offre que de très rares moments de tension, sans parler de terreur, elle qu’on était pourtant venu chercher, alors que James Wan, lui, réussissait à nous flanquer une sacrée trouille, tout comme Leigh Wannell, dans le troisième opus. Car outre deux, trois bonnes idées de mise en scène (les plombs qui se coupent alors que Josh passe un scanner, tout en y restant coincé), Patrick Wilson ne parvient jamais à installer une note d’épouvante dans son film, lequel n’a d’ailleurs d’autre choix, pour exister, que de réanimer, pour la troisième fois, les fantômes et démons du passé. Vous qui pensiez ainsi en avoir terminé avec la dimension perdue entre le Paradis, la Terre et l’Enfer qu’est "le Lointain" n’êtes pas au bout de vos peines, étant donné que Josh et Dalton, en proie, crescendo, à des forces lugubres, vont s’y retrouver (une dernière fois ?). Le scénario du film joue alors des propriétés fumeuses de ce lieu de purgatoire habité par les esprits torturés des défunts, où l’espace et le temps n’ont pas d’emprise, comme l’impact dans le monde réel des actions des sujets lorsqu’ils vont dans "Le Lointain". C’est toujours amusant, bien que des incohérences, des facilités scénaristiques demeurent, sans compter sur un montage qui laisse à désirer. Même la musique de Joseph Bishara, pourtant là depuis les débuts, n’est pas aussi percutante et stridente qu’elle l’a été...
Tout en nous en apprenant sur le passé du personnage de Patric Wilson, mais également sur ce qui a poussé le couple formé par son personnage et celui de Rose Byrne de se séparer, "The Red Door" se regarde davantage comme un drame familial plutôt qu’un véritable film d’horreur à proprement parler, car on sent les intentions de l’écriture et de Wilson d’appuyer ici l’idée de fracture familiale, due aux entités et de l’empreinte qu’elles ont laissée. À cet égard, l’acteur, qui passe donc ici aux commandes, s’en sort avec les honneurs en termes d’interprétation, lui qui a pris, pour le coup, un sacré... coup de vieux. Mais on le sent habité, et honnête avec son personnage, en pleine tentative de rédemption [2]. Par contre, on regrette que cette histoire mette autant le voile sur Renai, sur Élise (bien qu’elle soit décédée depuis belles lurettes), ou encore sur le duo Tuckers et Specs, sans oublier Carl (Steve Coulter). Pourtant, tous font ici une (voire plusieurs) apparition(s). Mais ils sont malheureusement trop peu exploités. Car finalement, quitte à revivre le passé, autant le passer avec les personnages qui ont fait le sel de la saga. Mais on ne va tout de même pas blâmer ce volet d’intégrer un nouveau personnage secondaire en la personne de Chris Winslow (Sinclair Daniel), camarade de chambre de Dalton, laquelle va étonnement (et rapidement) croire à ses délires, bien (ir)réels. Mais dans l’absolu, cet "Insidious 5" ne se concentre que sur le duo père et fils, sans nous apprendre finalement plus qu’on en savait déjà... En d’autres termes, quelle est donc l’identité de ce démon au visage rouge ?! Peut-être le saurons-nous (enfin) dans un futur opus ? Or, au vu du fantastique démarrage au box-office mondial de "The Red Door", le doute insidieux n’est désormais plus permis...