Genre : Comédie dramatique
Durée : 95’
Acteurs : Nanni Moretti, Mathieu Amalric, Margherita Buy, Silvio Orlando, Barbora Bobulova, Elena Lietti, Jerzy Stuhr...
Synopsis :
Giovanni, cinéaste italien renommé, s’apprête à débuter le tournage d’une fresque politique. Mais entre son couple en crise, son coproducteur au bord de la faillite et le monde du cinéma qui change, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, Giovanni va devoir repenser sa manière de faire s’il veut mener tout son petit monde vers un avenir radieux.
La critique de Julien
Deux années après sa précédente réalisation "Tre Piano", le cinéaste italien Nanni Moretti est de retour avec "Vers un Avenir Radieux", lequel lui permet de revenir à la comédie, et plus précisément à la satire et la critique de la société italienne, sans pour autant être un film politique, bien que son titre fait référence à la fois au symbole du PSDI, soit un ancien parti de centre gauche social-démocrate italien [1], mais également à un vers de la chanson de la Résistance italienne "Fischia il vento" (1943). Développant son intrigue dans le milieu du cinéma et du cirque des années 1950, cette comédie dramatique met alors en scène un réalisateur, Giovanni (joué par Nanni Moretti lui-même), lequel est en train de tourner, de nos jours, son nouveau film au sujet pointilleux, à savoir la réaction du PSDI face à l’insurrection de Budapest, en 1956. Or, ses difficultés professionnelles et familiales vont bouleverser sa réalisation...
Tel qu’il l’a annoncé en conférence de presse lors de la présentation du film au Festival de Cannes en Sélection officielle en compétition, "Vers un Avenir Radieux" raconte en sous-texte une histoire peu connue, d’où le fait que le film dans le film ne devrait pas - d’après ses propos - intéresser grand monde, ce qui est effectivement le cas. Sauf que ça l’est également pour le film en lui-même. Heureusement, Moretti réécrit l’Histoire et la réalité pour mieux le (nous ?) faire rêver, à l’image de la scène finale, utopique, résultant du changement de fin dudit film dans le film, étant donné les éléments perturbateurs venant contrecarrer les pensées sur réalisateur fictif. Pourquoi pas ! Après tout, c’est aussi ça le cinéma ! Mais ce pied de nez n’est malheureusement pas suffisant...
De pratiquement tous les plans, Nanni Moretti, en se mettant lui-même en scène dans la peau de ce personnage, en fait d’ailleurs ici beaucoup trop, et cabotine, insistant sans arrêt sur son texte et ses intonations, tel que le ferait un comédien au théâtre. L’ensemble paraît alors fort appuyé et peu naturel, ce qui est dommageable à l’appréciation de son œuvre, elle qui nous parle justement de son cinéma, de la remise en question et de sa vision du cinéma actuel, ainsi que du processus de création, tout comme il en profile, au passage, pour doucement égratigner Netflix et le cinéma sensationnel.
Tandis qu’il regorge de références et de citations cinématographiques, "Vers un Avenir Radieux" est rythmé par quelques moments hors du temps, reflétant l’amour inconditionnel du réalisateur pour le septième art, les instants d’évasions qu’il procure, ainsi que pour ses envies de liberté. Cependant, il manque de la cohésion à ce scénario fourre-tout, touchant finalement à toutes les obsessions de Nanni Moretti, au regard notamment des scènes plus sentimentales [2]. Mal agencées dans le montage (assez brouillon), elles qui sont alors censées susciter l’émotion et l’intérêt nous gardent à distance, la faute, une fois de plus, au caractère quelque peu ironique, circassien et désillusionné de l’ensemble, au travers duquel Moretti se moque gentiment de lui-même.