Genre : Horreur
Durée : 98’
Acteurs : Chris Messina, Sophie Thatcher, Vivien Lyra Blair, Marin Ireland, Madison Hu, LisaGay Hamilton, David Dastmalchian...
Synopsis :
Sadie Harper, une jeune lycéenne, et sa petite sœur Sawyer sont encore sous le choc de la mort récente de leur mère. Dévasté par sa propre douleur, leur père Will, thérapeute de profession, ne leur prodigue ni le soutien ni l’affection qu’elles tentent de lui réclamer. Lorsqu’un patient désespéré se présente à l’improviste à leur domicile pour demander de l’aide, celui-ci fait entrer avec lui une terrifiante entité s’attaquant aux familles et se nourrissant de leurs plus grandes souffrances.
La critique de Julien
Décidément, l’œuvre de Stephen King ne cesse d’inspirer le cinéma de l’horreur. Récemment, nous avons pu découvrir les deux adaptations triomphantes du roman "Ça" (publié en 1986) par Andrés Muschietti, mais également de "Simetierre/ Pet Sematary" (1983) par Kevin Kölsch et Dennis Widmyer, ou encore - mais dans une très moindre mesure commerciale - celle de la suite de "Shining" (1977), "Doctor Sleep" (2013), par Mike Flanagan (sans citer celles qui n’ont pas connu chez nous de sortie en salles). Cette fois-ci, c’est sa nouvelle "Le Croque-mitaine/ The Boogeyman", parue initialement en 1973 dans le mensuel américain de presse masculine "Cavalier", puis dans le recueil "Danse Macabre" en 1978, que l’on peut voir au cinéma, et cela avant la sortie prochaine de celle de son (deuxième) roman (à avoir été publié) "Salem’s Lot" (1975), mis en scène quant à lui par Gary Dauberman (scénariste sur des films du "Conjuring-Verse", tandis qu’il en a réalisé "Annabelle : la Maison du Mal", sorti il y a quatre ans déjà). Or, à ne pas s’y méprendre, ce n’est pas la première fois qu’un certain "Boogeyman" est visible sur les écrans, étant donné que le film d’horreur de Stephen T. Kay, sorti en 2006 (et ayant connu deux suites sorties directement en DVD), et porté par l’acteur Barry Watson de la série "Sept à la Maison" (jouant Matt, le fils aîné de la famille Camden), portait déjà le nom de cette créature, mais sans être cependant adapté du roman de Stephen King, lequel avait été l’objet du court métrage "The Boogeyman" Jeffrey C. Schiro, sorti en 1982, et distribué en vidéo dès 1986 en tant que l’une des trois histoires de "Contes Macabres (Night Shift Collection), bien que sa VHS ait été retirée de la vente peu après pour des problèmes de droit. Autrement dit, c’est donc bien la première fois que cette histoire est adaptée pour le cinéma, tout en ayant ainsi le sentiment de l’avoir déjà vue. Et cette version est déjà approuvée par Stephen King lui-même ! Mais qu’en est-il de nous ?
Réalisé par le metteur en scène Rob Savage, à qui l’on doit l’inédit film d’horreur "Host" (2020) tourné pendant la pandémie en found footage, "Le Croque-mitaine" est une très libre adaptation dudit roman, étant donné que l’histoire se centre ici non pas sur la famille du personnage principal Lester Billings (David Dastmalchian), mais bien sur celle du thérapeute Will Harper (Chris Messina), bien qu’elle évoque la femme de Lester et leurs enfants. En effet, ici, Billings rendra une visite impromptue à Harper, dans son cabinet situé dans le domicile familial, lequel, avec ses filles Sadie (la méconnue Sophie Thatcher) et Sawyer (Vivien Lyra Blair, vue dans la série "Obi-Wan Kenobi" dans la peau de la jeune Leia Organa), ont bien du mal à accepter le récent décès de la matriarche, décédée subitement dans un accident de voiture. En effet, Sawyer souffre de cauchemars, alors que Sadie est pointée du regard à l’école et éprouve des difficultés à reprendre une vie sociale sereine (sa meilleure amie Bethany - Madison Hu - a rejoint un groupe de filles dédaigneuses), tandis que Will s’est enfermé dans son travail, incapable encore d’écouter ses propres filles, et dès lors de leur offrir l’attention qu’elles méritent, lui qui voit sans cesse en elle les traits de son épouse. Or, c’est justement lors de son intrusion pour lui parler que Bilings lui fera part de l’existence d’une entité qui se serait accrochée à lui, tout en ayant tué ses trois enfants. Mais il est trop tard à ce moment-là pour Harper et les siens, puisque le Croque-mitaine a déjà pris possession des lieux, y sentant matière à se nourrir, lui dont le menu diététique est composé de peurs humaines, lequel s’exécute alors dans le noir (avec une préférence pour les placards et dessous de lit), tout en étant capable d’imiter les voix des proches de ses futures victimes...
Avec son ambiance bien sombre et pesante (qui rappelle celle du film "Dans le Noir" de David F. Sandberg sorti en 2016), lequel dévoile son intrigue au sein d’un deuil familial, ce film d’horreur regorge de quelques jolis moments de frousse. Car la mise en scène de Rob Savage n’agit jamais dans la démesure ni ne repose que sur des jump-scares prévisibles et artificiels auxquels le cinéma de genre nous a trop facilement habitués. Étant donné l’entité en question, agissant dans la pénombre, et surgissant de là où on ne l’attend pas toujours, "Le Croque-mitaine" réussi alors majoritairement ses effets visuels et sonores, sans non plus parvenir à durablement nous terroriser sur notre siège, malgré quelques apparitions d’outre-tombe qui ne nous rassurent pas. En effet, le scénario, notamment coécrit par le duo Scott Beck et Bryan Woods (lesquels sont déjà les auteurs de celui de "Sans un Bruit" de John Krasinski, mais également du récent "65", qu’ils ont également réalisé) repose avant tout sur un lourd drame familial baigné de surnaturel, et mettant ainsi en avant ses personnages et le mal qui les ronge. Mais on croit pleinement en ceux-ci, étant donné notamment la qualité d’interprétation des acteurs, mais également par cette présence maternelle qui rôde dans les parages, leur rappelant alors sa perte, mais leur donnant toutefois la force de combattre leur monstrueux ennemi, que l’on aperçoit fort heureusement ici. Dommage cependant qu’il soit entièrement réalisé en images de synthèse. Aussi, au rayon des petites déconvenues, "Le Croque-mitaine" est raconté sans grand rythme de croisière, bien que certaines scènes, plus violentes, déboulent comme si de rien n’était au montage (au regard des cauchemars et hallucinations dont seront victime les filles d’Harper), lesquelles viennent dynamiser le tout, et surtout nous surprendre, pour alors nous rappeler qu’on est bien là en présence d’un film d’horreur. Et entre nous, cela ne fait pas de mal de regarder un film de genre qui n’en fait pas des tonnes, et (pour une fois) sans hémoglobine !