Synopsis : Jason, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d’horreur. Bob Marshal, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48h pour trouver le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma...
Acteurs : Alain Chabat, Elodie Bouchez, Jonathan Lambert, John Glover, Kyla Kenedy, Eric Wareheim, Jon Heder.
Les films de Quentin Dupieux, on aime ou on n’aime pas. Il devrait en être de même pour Réalité. Certains pourraient crier à l’imposture, d’autres au génie... sans cependant l’honorer de la note que je lui donne.
Ne vous fiez pas au synopsis : il ne vous aidera pas. Il est même impossible de résumer, de décrire cet OVNI filmique. Dupieux pousse une logique - d’une certaine manière, celle de l’absurde - jusqu’au bout de ses présupposés. Et ce qui peut apparaître insensé, et même du "non-sens" prend ici tout son sens dans un film qui est une ode à la mise en abîme mais également une critique de la télévision... mais aussi du cinéma.
Il y est question d’une vidéocassette dans le ventre d’un sanglier (mais ce ne sera pas l’univers de Videodrome !), d’une petite fille appelée Réalité mais qui rêve, de rêves et de cauchemars qui s’entrecroisent. Il est question d’un film dans le film dans le film dans le film...
Impossible de décrire les boucles insensées - et qui pourtant font sens, à la fin... même si la fin n’est pas la fin ! - qui rejoignent rêve, réalité et Réalité ; un film à faire mais déjà réalisé... ou qui se réalise au moment même où on le visionne. Un film où les écrans de cinéma court-circuitent ceux de la télévision...
Je ne puis traduire ce film qu’à travers une analogie. C’est un peu comme si l’univers d’Inception (sans les effets spéciaux) était revisité par les gravures de Maurits Cornelis Escher. Les quelques reproductions ci-après peuvent donner un idée du vertige et de l’illusion que suscite le film qui interroge le spectateur en son sein même sur l’acte de création cinématographique.
Réalité est un exercice de style purement (et naïvement ?) inutile mais d’une très grande intelligence à côté duquel les boucles temporelles de Prédestination - qui me semblaient fabuleuses lors de la vision du film - et de la lecture de la nouvelle de Robert Heinlein (attention aux spoilers) - paraissent n’être qu’un exercice de classe maternelle. Ajoutons à cela, la bande son et le jeu des acteurs au service de ces histoires imbriquées au milieu de paysages à la fois beaux et sobres !