Genre : Comédie
Durée : 110’
Acteurs : Dany Boon, Charlotte Gainsbourg, Kad Merad, Caroline Anglade...
Synopsis :
Tridan Lagache a passé sa vie au Club Med, à changer d’amis tous les 8 jours. A 50 ans, il démissionne du club de vacances mexicain où il est né, bien décidé à retrouver, 42 ans plus tard, son grand amour d’enfance, Violette. Il débarque à Paris, naïf et perdu mais heureux d’être hébergé chez Louis, un demi-frère dont il ignorait l’existence. Pour se débarrasser d’un Tridan encombrant, Louis supplie une de ses conquêtes, Roxane, de se faire passer pour Violette que Tridan croit reconnaître au premier regard.
La critique de Julien
La sortie d’un Dany Boon est toujours un événement dans le paysage de la comédie française. Après un détour confiné sur Netflix avec son précédent film "8 Rue de l’Humanité" en octobre 2021, le voici donc de retour au cinéma avec "La Vie pour de Vrai", dans lequel il retrouve Kad Merad, respectivement quinze et neuf ans après "Bienvenue chez les Ch’tis" et "Supercondriaque", tandis qu’il offre ici un rôle et partage pour la première fois l’affiche avec Charlotte Gainsbourg, laquelle sort dès lors ici - à sa demande - de sa zone de confort. En effet, c’est après avoir vu son époux Yvan Attal prendre du plaisir à tourner pour Dany Boon que la discrète actrice et chanteuse s’est osée à souhaiter vouloir tourner avec ce dernier, ce qu’il n’a pas laissé passer, alors que l’écriture de son nouveau film "La Vie pour de Vrai" s’y prêtait...
On y suit alors un certain Tridan Lagache (Boon), lequel a passé sa vie à travailler au Club Med, au Mexique, tout en y étant né, sans jamais n’avoir eu rien à payer, ni à forcer un sourire sur le visage d’autrui. Amoureux à l’époque d’une certaine Violette, Tridan n’a ainsi jamais cessé de se faire de nouveaux amis toutes les semaines, avant de les voir partir les suivantes. La vue d’un bus (touristique) sur le départ lui fait dès lors monter les larmes. Mais aujourd’hui, la fatigue est là, et l’envie de voir "la vraie vie" également. Après plus de quarante ans sur place, le célibataire décidera alors de tout plaquer, et de partir affronter le monde féroce parisien, pour évidemment retrouver son grand amour d’enfance (celui de ses huit ans), pour cela armé de sa guitare, de son sac banane, de sa bonne humeur, mais sans chaussures fermées, étant donné qu’il n’en a jamais porté. Or, avant son départ, sa maman (Aurore Clément) lui annonce que son père (Maxime Gasteuil) décédé (bien des années auparavant) lui a - comme par hasard - légué un appartement situé en pleine Ville Lumière ; rien que ça ! Sauf que ce qu’il ignore encore, c’est que son demi-frère (Merad) aîné, en plein divorce tumultueux, y réside, lui dont il ignorait jusque-là l’existence, avant de franchir le pas de cet appartement. Ce dernier, en pleine galère, et bien décidé à conserver pour lui seul ce que leur père lui aurait (également) légué, va dès lors tout faire pour renvoyer Tridan en Amérique Centrale au plus vite, suppliant Roxane (Gainsbourg), l’une de ses conquêtes rencontrées grâce à une application de rencontres (dont on taira le nom, sans en faire, à notre tour, la publicité), de se faire passer pour ladite Violette, 42 ans plus tard, et de lui inventer une vie, et leur incompatibilité...
Alors que le titre du film fait référence à l’un des nombreux slogans du Club Med et que le prénom du personnage de Dany Boon fait quant à lui un clin d’œil à son logo historique, "La Vie pour de Vraie" s’avère être une comédie poussive, son metteur en scène jouant les grands naïfs bienheureux mettant les pieds (nus) dans un Paris caricaturés, au même titre que ses habitants (en témoigne les scènes de métro), tandis que l’écriture de certains de ses dialogues s’avère très gênante, surtout au niveau des propos misogynes du personnage de Kad Merad, en grand dindon de la farce. Pourtant, c’est Tridan qui se fera bien avant lui rouler, étant donné son profil d’inadapté à la vie, ne connaissant aucunement la fourberie et encore moins la méchanceté, elles qui semblent être monnaie courante à Paris. Quelle triste carte postale, dans un film qui n’en dépasse jamais pourtant le périph’ ! Ressort de comédie classique, le choc - et improbable dépaysement - culturel vécu ici par Tridan prendra alors rapidement une tournure tout aussi épuisée, soit le chemin du romantisme nœud-nœud, mais que Charlotte Gainsbourg viendra cependant saupoudrer de sa fraîcheur, de sa spontanéité, dans le rôle d’un personnage féminin à l’appétit sexuel développé, mais dont elle force cependant le trait. Mais c’est bien à elle à qui l’on doit la grande majorité de la drôlerie du film, tandis que de nombreuses répliques font mouche, alors que c’est pourtant bien un pigeon qui s’invite ici en tant que personnage secondaire...
Mais étant donné le titre de son film, on doute de la démarche opportuniste et démagogique entreprise ici par Dany Boon, interprétant une nouvelle fois un personnage de gentillet benêt (qu’il sait si bien jouer, sans aucune ambition) aux antipodes de l’environnement dans lequel il va se retrouver plonger, lui qui n’a sans doute plus mis un seul pied dans le métro parisien depuis belle lurette... Mais il s’agit bien là de cinéma, et la question de séparation de l’œuvre et de son auteur se pose une nouvelle fois. Mais on ne croit malheureusement pas une seule seconde à son histoire, laquelle, en plus d’être incapable de cacher ses références, s’emballe toute seule, sans ainsi réussir à nous passer, à nous, la bague au doigt, malgré un final plus léger qu’attendu. Qu’importe, "La Vie pour de Vrai" regorge de quelques sympathiques moments de comédie, à défaut de (vite) tourner en rond, et de jouer avec, non plus avec des pétards, mais bien des artifices mouillés...