Genre : Comédie dramatique
Durée : 109’
Acteurs : Alexandra Lamy, Muriel Robin, Hugo Questel, Xavier Lacaille, Eye Haïdara...
Synopsis :
Thelma est prête à tout pour aider son fils Louis à sortir du coma dans lequel il est plongé depuis un accident de skate board. Elle se lance dans un pari fou : réaliser à sa place les "10 choses à faire avant la fin du monde" qu’il avait inscrites dans son journal intime. Elle est convaincue que Louis entendra le récit de ses aventures et reviendra à la vie. En accomplissant à quarante ans les rêves d’un ado, Thelma va vivre un voyage incroyable qui l’emmènera bien plus loin que ce qu’elle imaginait...
La critique de Julien
Adaptée du roman "La Chambre des Merveilles" de Julien Sandrel publié en 2018 aux Éditions Calmann-Lévy, cette comédie dramatique est le premier film que la cinéaste française Lisa Azuelos n’a pas écrit, laquelle est ainsi partie d’un scénario existant, tout en se le réappropriant, elle qui n’a pas souhaité lire le livre duquel cette histoire s’inspire pour en tourner sa libre adaptation. Arrivée à un tournant de sa vie après "Mon Bébé" (2019) et un passage sur Amazon Prime Video pour son film "I Love America" (2022), c’est avec le sentiment d’avoir fait le tour des sujets personnels qui lui tenaient à cœur que Lisa Azuelos a découvert ce récit, sous l’impulsion du producteur Philippe Rousselet, elle qui a perdu ses deux parents durant le processus créatif du film. On y suit ainsi une maman (Thelma, jouée par Alexandra Lamy) vivre pour son fils de douze ans (Hugo Questel) la vie dont il rêvait, lui qui a été plongé dans le coma après un accident. C’est, en effet, après avoir mis la main sur un de ses carnets dans lequel il a dressé une liste de toutes les "merveilles" qu’il aimerait vivre au cours de son existence que cette maman va les réaliser par son intermédiaire, tout en lui rapportant à l’oreille ses/leurs aventures, en espérant ainsi que ça le ramène à elle. L’occasion pour elle, au cours de cette (folle) expérience, de se recentrer sur sa propre vie, et le fait d’être en vivante...
Prenant de nombreuses libertés vis-à-vis du roman de Julien Sandrel, "La Chambre des Merveilles" est un drame au travers duquel une mère, obnubilée par le travail, va redonner vie à son fils en se redonnant vie à elle-même, elle qui va pour cela voyager de la France au Japon, en passant par le Portugal et l’Écosse, tandis que le symbole du loup - qui n’est autre que le totem de Louis, son fils - la guidera et la protégera dans son périple, en sortant ainsi de sa zone de confort, et en surmontant ses peurs. Parsemé de leçons de vie aussi touchantes que maladroites ("La vie, c’est comme les encéphalogrammes ; quand c’est tout droit, c’est mort."), le film de Lisa Azuelos accumule pourtant les clichés du récit initiatique d’une quarantenaire qui reprend espoir en la réalité et qui se reconstruit, un peu à l’image de Julia Roberts dans "Mange, Prie, Aime" (2010) de Ryan Murphy... De plus, bien que les raisons de cette reconnexion personnelle (en connexion avec son fils) soient dramatiques, "La Chambre des Merveilles" est un bon prétexte pour enchaîner les spots touristiques, en témoigne une scène de plongée superficielle avec les baleines, elle qui a été raccordée au montage du film, étant donné que ce n’est pas Alexandra Lamy qui y nage avec les cétacés, mais bien de la réalisatrice elle-même, lors d’un voyage en Polynésie française. C’est d’ailleurs un sentiment qui ressort du film, soit celui d’une histoire bricolée (à l’image dudit carnet dans lequel le jeune garçon a inséré avec du papier-collant des photos), faite pour émerveiller, des paillettes dans les yeux. D’ailleurs, le film se veut bien plus lumineux que le roman de Julien Sandrel, le personnage d’Alexandra Lamy prenant rapidement le pli - en termes de narration - de se mettre en marche pour son fils, malgré le contre avis de sa mère (Muriel Robin, sous-exploitée, mais convaincante), restée quant à elle au pays, à l’hôpital, auprès de son petit-fils, tandis que l’absence d’un père reste tabou entre les deux femmes...
Autant dire que "La Chambre des Merveilles" doit beaucoup à la qualité d’interprétation d’Alexandra Lamy. Généreuse dans ses émotions, et affichant un irrésistible sourire (malgré le drame), l’actrice porte le film sur ses épaules, et émeut le spectateur au travers de son personnage, alors que la mort rôde autour de son unique raison de vivre. Outre ses enjeux personnels, cette histoire est également une ode à l’amour maternel, au cordon ombilical invisible qui relie une mère à son enfant, ainsi qu’à la vie, et à l’importance de tous ses instants. Cependant, on a la curieuse impression d’avoir déjà entendu un millier de fois ces discours, trop parfaits, d’autant plus que "La Chambre des Merveilles" suit une trame à fleur de peau, cousue de fil blanc, sans réelle surprise, elle qui ne parvient que trop rarement à nous bousculer. Enfin, on reste sceptique quant au traitement réservé à l’enfant, ici dans le coma, pendant que sa mère passe la majorité de son temps à exaucer les merveilles de rêves de ce derniers, et bien plus encore à s’exaucer elle-même...