Synopsis : Fin des années 1920, Umberto Nobile, ingénieur aéronautique italien et concepteur de dirigeables, mène une vie tranquille avec sa chienne bien-aimée Titina, qu’il a recueillie dans les rues de Rome. Un jour, le célébrissime explorateur norvégien Roald Amundsen le contacte et lui commande un dirigeable pour aller conquérir le pôle Nord. Nobile saisit l’occasion d’entrer dans l’histoire. Il emmène Titina avec lui, et l’improbable trio part en expédition vers le dernier endroit à découvrir sur la Terre. Une épopée, véridique, vue à travers les yeux de Titina.
Avec la voix de Raphaël Personnaz (Umberto Nobile)
L’histoire vraie de l’expédition au Pôle Nord de Roald Amundsen et d’Umberto Nobile, à bord du Norge, le dirigeable que l’ingénieur italien a lui-même conçu à la demande de l’explorateur norvégien
Les images d’archives en noir et blanc intégrées au film d’animation forment un très chouette mélange
Là, comme ça, vous me dites “un film d’animation sur une expédition au Pôle nord datant du siècle dernier ? euh…je sais pas si j’irais voir”.
Eh bien, vous auriez tort de vous priver de “Titina” !
L’histoire commence à Rome en 1978, Titina, petite chienne fox-terrier au poil blanc et marron, au ventre alourdi, fait tomber une boîte en carton remplie de souvenirs.
Son maître, un vieil homme, se remémore alors leur formidable aventure et repasse le film retraçant leur expédition au Pôle nord, 53 ans plus tôt.
Si la vraisemblance à propos de l’espérance de vie d’un chien (en moyenne 10 à 15 ans) fait tiquer un instant, on l’oublie vite, tant l’important est ailleurs et parce que “Titina” raconte une histoire vraie.
Celle de cet ingénieur italien, concepteur de dirigeables, Umberto Nobile, contacté par le célèbre explorateur norvégien Roald Amundsen, obsédé par le Pôle nord.
L’Italien est pris en tenaille : tout en voulant éviter la récupération politique du Duce en pleine ascension - le film se fait d’ailleurs satirique en montrant Mussolini, petit homme boursouflé d’égocentrisme et ridicule, intervenant comme il le peut devant le dirigeable - Nobile doit lutter pour conserver sa place face au très mégalo explorateur norvégien Amundsen, ombrageux et plein de morgue, qui réussit à lui voler la vedette et à quasiment l’effacer de l’histoire.
Cette bataille d’égos et de trahison est observée à hauteur de quatre pattes, celles de Titina, et elle est surtout contrebalancée par ces moments de réelle poésie, ce dialogue muet, cache-cache hypnotique entre Titina et les mammifères aquatiques.
Ce qui fait la force de ce film d’animation, ce sont les images d’archives en noir et blanc, intégrées au récit, mais également tout ce travail de dégradés de couleurs pour rendre magnifiquement la luminosité froide et majestueuse de la banquise, la multiplicité des plans, aussi, entre plongées et contreplongées.
Et puis, il faut souligner ce très beau travail du son : que ce soit la glace qui crisse sous les pas, les tourbillons de vent pendant la tempête de neige, le chant mélancolique de la baleine, le silence aussi, sur la banquise déserte, on s’y croit vraiment. Tellement qu’on a l’impression de sentir le froid, regrettant immédiatement de n’avoir pas de bonnet et d’écharpe sous la main.
Le dessin, style ligne claire, peut sembler assez académique, mais l’expressivité et le dynamisme des protagonistes rend ce film d’animation très limpide et vivant.
Bref, ce film inattendu - exploration du pôle Nord - offre un beau moment de poésie et une incursion intelligente dans l’Histoire.