Genre : Science-fiction, action, thriller
Durée : 90’
Acteurs : Adam Driver, Ariana Greenblatt, Chloe Coleman et Nika King
Synopsis :
Après un terrible crash sur une planète inconnue, le pilote Mills découvre rapidement qu’il a en réalité échoué sur Terre... il y a 65 millions d’années. Pour réussir leur unique chance de sauvetage, Mills et Koa, l’unique autre survivante du crash, doivent se frayer un chemin à travers des terres inconnues peuplées de dangereuses créatures préhistoriques dans un combat épique pour leur survie.
La critique de Julien
Sorti un peu de nulle part, car peu promu par Sony Pictures, "65 - la Terre d’Avant" est la nouvelle réalisation de Scott Beck et Bryan Woods, lesquels ont coécrit le scénario du phénomène "Sans un Bruit" (2018) de John Krasinski, tandis qu’on leur doit aussi celui du passable thriller "The Haunt" (2019) - qu’ils ont également réalisé - ainsi que celui de la future et nouvelle adaptation de "The Boogeyman" de Stephen King, en salles au second trimestre de cette année. Dans ce thriller de science-fiction tourné en grande partie à la Nouvelle-Orléans, Adam Driver interprète le pilote Mills, lequel doit entreprendre une expédition spatiale de deux ans afin de gagner de l’argent pour soigner sa fille Alya (Nika King), restée sur la planète Somaris, avec son épouse. Mais lors du voyage de retour, son vaisseau, transportant des passagers cryogénisés, s’écrasera sur une planète non répertoriée, à la suite d’une pluie de débris d’astéroïde. Or, cet endroit n’est autre que la Terre, pendant la période du Crétacé, il y a 65 millions d’années, à l’aube de l’extinction du Crétacé-Tertiaire, ou autrement dit - et en très résumé - des dinosaures. Persuadé d’être le seul survivant, Mills sauvera cependant la jeune Koa (Ariana Greenblatt) d’une capsule, elle qui parle une autre langue, et dont les parents sont décédés - sans qu’elle le sache encore - dans le crash, ayant également disloqué leur vaisseau en deux. Une navette d’évacuation se trouve alors dans son autre moitié, située à quinze kilomètres de là où ils se trouvent, sur le flanc d’une montagne. Mills fera dès lors croire à sa partenaire que sa "famille" l’attend... Mais c’est sans compter en chemin sur une nature hostile et des créatures dangereuses et "extraterrestres" qui pullulent sur Terre...
"65 - la Terre d’Avant" a l’avantage de ne pas passer par quatre chemins, et donc de ne pas perdre de temps, et cela après son générique d’ouverture tapageur. Mission de survie où le temps est compté, on pourrait résumer le scénario de cette aventure sur un ticket de cinéma, et retranscrire l’ensemble de ses dialogues sur la note salée des gourmandises qui accompagneront votre séance, le manque de communication possible entre ses deux personnages principaux aidant à cela (étant donné la barrière de la langue). On peut donc dire qu’il s’agit là d’un texte peu ambitieux, et plutôt facile à retenir pour ses deux seuls interprètes principaux, dont Adam Driver. Leur prestation est donc davantage ici physique, lesquels jouent face à du vent, et donc des effets spéciaux dantesques, réalisés par les studios britanniques Framestore et Ghost VFX, eux qui ont recréé un bestiaire rempli de dinosaures assez méchants, dont le célèbre T-Rex, sans oublier des insectes très laids. Malgré quelques SFX qui tachent et des incrustations de paysages assez grotesques, l’ensemble tient la route, tandis que cela fait énormément plaisir de revoir à l’écran de vrais dinosaures, prêts à tout pour croquer de la viande fraîche, au contraire de ceux récemment vus dans la trilogie "Jurassic World".
Alors qu’on a pu profiter du spectacle en 4DX, et dès lors des jets d’eau lors de pluies, de jet d’air imprévu dans la nuque, sans oublier des (trop nombreux) mouvements des sièges qui vont avec, "65 - la Terre d’Avant" parvient à faire sursauter aisément le spectateur, la technologie immersive en question décuplant évidemment les effets ressentis, et la tension qui va avec, d’autant plus que d’énormes bestioles bondissent ici à l’écran de nulle part, et souvent à des moments où on ne les attendait pas. Aussi, le film de Scott Beck et Bryan Woods profite de ses décors, tels que des forêts, des sables mouvants, des plaines à geysers, des crevasses, des arbres à grimper, ou encore une chute d’eau, où l’ombre d’un museau géant aux dents acérées se dessine derrière les trombes d’eau, etc. D’ailleurs, les combats musclés et (très) violents entre les humains et la nature parviennent à nous divertir (on attend d’ailleurs que ça !), bien aidés par la technologie avec laquelle les deux survivants se défendent, dont une sorte de radar portatif capable de projeter des hologrammes, ou de détecter l’ennemi (même dans le noir), quant à lui à "la maison"...
Mais malgré tous les artifices qu’il met en scène pour parvenir à sa fin attendue, "65 - la Terre d’Avant", produit par Sam Raimi, est malheureusement voué à l’échec, lequel n’a pas grand-chose à proposer, ni même à sauver en termes d’enjeux, alors que son distributeur n’a pas pu le présenter à la presse, soi-disant pour raison "d’impossibilité matérielle". Or, cela est toujours mauvais signe, quant à la qualité de l’œuvre. Car outre son efficacité cinématographique durant l’instant où il se consomme, ce film de science-fiction se perd au regard de sa mission première, quelque peu guimauve et jamais touchante, tandis qu’on ne sait absolument rien sur la vie de cet homme, ni même de la vie sur Somaris (la planète d’où il vient), et encore mois sur l’équipage cryogénisé à bord du vaisseau qu’il conduisait. Frustrant, le film de Scott Beck et Bryan Woods nous parachute finalement au sein d’une histoire très creuse, sans psychologie, et chaotique, à l’image de sa bande-originale, composée par Danny Elfman, jusqu’à ce que Chris Bacon le remplace, bien que certaines de ses compositions aient été conservées dans le montage final, tandis que Michael Giacchino et Gad Emile Zeitune ont également mis la main à la patte. Or, ce film ne sait justement pas sur quel pied danser, entre l’action, le thriller, le drame, et l’horreur, mais surtout pas la comédie, lui qui manque totalement d’humour. Alors certes, au vu des événements, on peut comprendre que l’ambiance ne soit pas au beau fixe, mais jamais "65 - la Terre d’Avant" n’est jamais parcouru d’un véritable élan de générosité ou de bravoure, venant déjouer les pronostics. Tout est ici finalement linéaire, et manque de consistance, d’où un sentiment final assez amer, même si le plaisir d’y croiser nos tant aimés dinosaures est intact...