Genre : Slasher
Durée : 138’
Acteurs : Lauren LaVera, David Howard Thornton, Elliott Fullam, Sarah Voigt, Kailey Hyman, Casey Hartnett, Amelie McLain...
Synopsis :
Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.
La critique de Julien
Produit pour 250 000 dollars, "Terrifier 2" est tout simplement devenu le film le plus rentable de l’année 2022, lequel a "traumatisé" l’Amérique, étant donné son penchant gore et sadique à souhait. Faisant suite au film inédit de Damien Leone sorti en 2016 (et que nous avons rattrapé avant d’en découvrir sa suite), ce film déroule son intrigue un an après les précédents événements, qui voyaient alors deux fêtardes être la cible d’un tueur en série muet, connu sous le nom d’Art le Clown, évidemment le soir d’Halloween, dans le comté de Miles County, tandis que le film s’ouvrait sur l’interview d’une survivante défigurée par ce dernier... Après le succès d’une soirée à thème "Horror Night" dans quelques complexes cinématographiques du royaume, certains ont donc décidé de programmer ce "Terrifier 2", comme c’est le cas chez Pathé. Art le Clown, ressuscité, et toujours affûté d’un sac-poubelle transportant une variété d’armes de fortune, se lancera cette fois-ci à la poursuite de Sienna (Lauren LaVera) et de son jeune frère Jonathan (Elliott Fullam), encore sous le choc de la disparition récente de leur père...
Entre le cinéaste américain Damien Leone et ledit personnage, c’est une longue histoire d’amour. En effet, la première fois que le clown est apparu dans une de ses œuvres date de 2008, en tant que personnage secondaire de son court-métrage "The 9th Circle", avant un second, déjà du nom de "Terrifier", qui le présentait cette fois-ci comme principal antagoniste, et sorti quant à lui en 2011. Puis ses courts ont été incorporés au film d’anthologie "All Hallows’ Eve" (2013), faisant du clown sa première apparition dans un long métrage, lequel était d’ailleurs le premier de son auteur. Naîtra de là une campagne de crowdfunding pour financer "Terrifier", un long métrage spin-off de "All Hallows’ Eve". Sauf que celui-ci n’a pas répondu à ses objectifs, Leone ayant reçu les fonds nécessaires au projet en échange d’un crédit de producteur grâce au cinéaste Phil Falcone, lesquels s’élevaient ainsi à seulement 35000 dollars (!), empêchant notamment le réalisateur de développer ses protagonistes, pour ne se consacrer alors qu’à la boucherie décomplexée, nihiliste et macabre en question. Aussi, après avoir dépeint Art dans toutes les incarnations antérieures, Mike Giannelli a laissé sa place à David Howard Thornton, lui qui aurait été choisi après avoir improvisé une scène de mise à mort, en mime. Résultats ? Ayant pu bénéficier d’une sortie (bien que limitée) en salles aux Etats-Unis, "Terrifier" y est devenu rapidement culte, d’où une suite, aujourd’hui, bien plus audacieuse, produite avec un budget de production bien plus confortable (7 fois supérieur au précédent), et résultant une fois de plus d’une campagne de financements privés, bien que cette fois-ci réussie, étant donné qu’elle a atteint 430% de l’objectif initial (50000 dollars) de quoi permettre, notamment, à Damien Leone, de ne plus éprouver les mêmes regrets qu’avec son "Terrifier", et ainsi s’axer davantage sur les personnages, et la narration...
Damien Leone débute donc son intrigue à peine quelques secondes à l’issue de l’autopsie d’Art (revenu donc d’entre les morts), tout en surfant allègrement sur le twist final du premier film (spoiler : [1]). Bien plus dense (138 minutes) que son modèle (86 minutes), "Terrifier 2" ne ménage pas ses efforts à mettre en place ses deux personnages principaux, sur lesquels on en apprend dès lors suffisamment pour éprouver de l’empathie envers eux. D’ailleurs, Lauren LaVera, qui campe l’adolescente poursuivie par Art, est même convaincante dans son rôle, malgré l’emballage de série B de l’ensemble, et des maladresses d’écriture assez lourdes. Un an après la résurrection d’Art, on y découvre alors l’adolescente qu’elle incarne, elle qui met ici la touche finale à son costume d’Halloween (des ailes d’ange) conçu pour elle par son père, récemment décédé des suites d’une tumeur au cerveau (spoiler : [2]). Son petit frère, lui, s’avère être obsédé par Art, devenu une légende urbaine, lequel souhaite se déguiser en lui pour Halloween, et cela contre l’avis de sa sœur. Le soir précédent Halloween, Sienna sera alors victime d’un cauchemar au travers duquel une connexion entre elle et Art sera faite, elle qui se réveillera dès lors en panique, sa commode en feu, dont son déguisement, tandis qu’une épée qui lui a été offerte par son père restera curieusement intacte...
Affreusement sanglant, "Terrifier 2" verse des litres et des litres de faux sang devant la caméra de son metteur en scène, plus qu’inspiré pour cette suite, en témoigne la "bedroom scene", longue de plus de trois minutes de mutilation théâtrale en tout genre, où Allie (Casey Hartnett), une pauvre demoiselle et amie de Sienna, sera victime d’Art le Clown, dans sa chambre, après l’avoir refoulé devant sa porte quelques heures plus tôt alors qu’il voulait des bonbons... Yeux arrachés, dos écorché, l’un des bras cassé, l’autre déchiré avec l’aide de ses propres os, eau de Javel et sel versés sur les blessures, visage arraché avec les doigts, le tout en partie devant les yeux de la maman de la jeune fille, qui la découvrira, encore vivante à son retour, alors qu’Art est en train de manger sa chair... Cette scène est tout bonnement abominable, mais en fait surtout beaucoup trop... Le souci avec ce film, c’est qu’il recourt sans cesse aussi à des marionnettes grandeur nature des victimes d’Art, ou de leurs membres sauvages éviscérés, ce qui révèle des effets assez bas de gamme, malgré des maquillages très généreux. À chaque effusion de sang, on a ainsi plutôt l’impression de voir du Ketchup ou de la cire qu’un semblant de chair humaine. Autrement dit, on n’y croit pas une seule seconde ! Par contre, en tant qu’homme, la scène où Art en castre sauvagement un autre nous a fait beaucoup grincer des dents. Damien Leone ne recule dès lors devant aucune source possible et (in)imaginable de jets d’hémoglobine, tandis que David Howard Thornton s’en donne toujours à cœur joie dans la peau d’Art. C’est d’ailleurs sans doute l’une des plus belles réussites du film. En effet, l’acteur tétanise littéralement le spectateur, et joue parfaitement la comédie. Ce terrifiant masque blanc au nez crochu, cette énorme bouche aux contours noirs, ces dents noires et fines... c’est du grand art ! Les mimiques, la dégaine, les poses immobiles, clownesque du personnage, et son jeu muet, provoquant et très expressif sont à l’image de la grandiloquence de l’ensemble. Ce dernier n’a rien à envier à un certain et récent Grippe-Sou (joué par Alexander Skarsgård dans le dyptique "Ça" d’Andy Muschietti), bien que plus ruiné que lui ! Bref, on en redemande !
"Terrifier 2" réserve également son lot de surprises, tout comme le clown semble être tourmenté lui-même par une étrange petite fille pâle qui lui ressemble dans ses attitudes, sans oublier son obscène scène à mi-générique, ouvrant le champ des possibles pour le troisième volet (déjà en chantier), et faisant un pont toujours aussi morbide avec un segment narratif de l’histoire originelle, qu’on avait presque ainsi oublié. C’est qu’il est mal(sa)in ce réalisateur, lequel a donc de la suite dans les idées. Cependant, son film, beaucoup trop long, s’engouffre dans des excès de zèle à n’en plus finir, à l’image de la scène finale, littéralement... sans queue ni tête, et se déroulant dans une fête foraine abandonnée, à l’intérieur même d’une attraction train fantôme, du nom de "Terrifier". Ainsi, à trop vouloir en faire, Damien Leone s’égare dans le ridicule. Mais, entre nous, quand on va voir un film de cette trempe, il ne faut pas s’étonner du produit fini...
Plus abouti que son prédécesseur, plus raconté aussi, "Terrifier 2" est un très généreux programme horrifique à voir comme une antithèse des films de genre actuels venus des grands studios, lesquels visent au maximum la classification PG-13 (accord parental recommandé ; film déconseillé au moins de 13 ans), histoire d’attirer le plus grand et large des publics en salles. Le film de Damien Leone, lui, n’est pas à mettre devant tous les regards (interdit au moins de 18 ans, car "potentiellement préjudiciable" jusqu’à 18 ans), lequel a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre aux Etats-Unis, plusieurs rapports ayant fait état de vomissements et d’évanouissements. Mais en tant qu’amateur de films de genre, on n’ira pas jusque-là, car l’ensemble est bien trop poussif et grotesque dans ses effets que pour en être choqué, ou même terrifié. Au contraire, le film nous a amusé dans sa méchanceté exacerbée et sans limite, ce qu’il assume amplement. On ose espérer que le dosage, ici trop excessif, et de toutes parts, sera bien plus au point dans le troisième film (lequel pourrait être divisé en deux parties). Mais ne soyons pas gourmands ; un morceau à la fois !