Genre : Comédie dramatique
Durée : 99’
Acteurs : Marina Foïs, Gael García Bernal, Rose Pou Pellicer, Chiara Mastroianni, Juliette Havelange, Adèle Wismes
Synopsis :
Dune a 11 ans. Depuis toujours, chaque été, elle traverse la France avec ses parents pour passer les vacances dans leur vieille maison des Landes. Là-bas, Mathilde, 9 ans, l’attend de pied ferme. Une amitié sans failles. Mais cet été-là ne sera pas un été de plus. L’année dernière, Dune et ses parents ne sont pas venus. On ne lui a pas dit pourquoi mais elle sent que quelque chose a changé. Sa mère si distante, les disputes des parents, Mathilde qui tarde à grandir, l’odeur des pins entêtante, le sable qui n’est plus si doux, les films d’horreur ridicules, les amours des grands ados du coin, tout met Dune en alerte. Elle veut comprendre, savoir. Cet été-là, Dune va grandir.
La critique de Julien
Ce n’est pas la première fois que le cinéma s’intéresse à l’été d’un enfant ou d’un adolescent au travers duquel il va particulièrement grandir. On pense notamment à... "Cet Été-Là - The Way, Way Back" (2014) de Nat Faxon et Jim Rash, à "Été 93" (2017) de Carla Simón, ou encore au récent "Été 85" (2020) de François Ozon. Eric Lartigau s’y colle à son tour, lui à qui l’on doit les succès de "Prête-moi ta Main" (2006) et "La Famille Bélier" (2014). Après un détour par l’aéroport de Séoul dans "#JeSuisLà" avec un Alain Chabat parti sur un coup de tête rencontrer la demoiselle avec qui il échangeait sur Instagram et Skype, le réalisateur adapte le roman graphique homonyme de Jillian et Mariko Tamaki, paru en 2014. On suit alors ici les vacances de Dune, 11 ans, avec ses parents, dans les Landes, eux qui ne s’y sont plus rendus depuis deux ans, et cela pour une raison qui la mettra en éveil, mais qu’elle tardera à découvrir, tandis que ses parents, eux, semblent traverser une période difficile. Quelque peu livrée à elle-même, Dune retrouvera sur place son ami Mathilde, 9 ans, lesquelles seront confrontées à des préoccupations qui dépassent leur âge, au milieu des ados du coin...
Eric Lartigau et sa coscénariste nous parlent ici du passage de l’enfance au début de l’adolescence, en présence de cette petite fille qui n’aime pas être considérée comme telle, laquelle est jouée avec fougue et espièglerie par Rose Pou Pellicer, face à sa jeune partenaire Juliette Havelange, jouant toutes deux de manière très naturelle, réussissant à faire obstacle de la caméra. Mais il est surtout question ici de transmission filiale, par le prisme des secrets et des non-dits, et du ressenti de ceux-ci par l’enfant, éprouvant indirectement la nécessité d’en savoir plus, bien conscient que quelque chose a changé, lequel va alors se mettre à en rechercher la cause. Les douces péripéties de Dune nous montrent alors finalement que tout ce qui la chamboule, et la fascine, est à la source du choc vécu par les siens. Bien évidemment, le cinéaste nous parle également de la famille, soit un thème récurrent dans sa filmographie, fragilisée dans ce cas, au sein ici d’un film raconté à hauteur d’enfant, alors plus mature que son âge, tandis que le cinéaste filme ses images avec son regard de gosse, lui qui connaît très bien les lieux filmés, près de Seignosse, avec ses forêts et son ciel contrastés.
Dommage seulement que le spectateur n’ait pas grand-chose à se mettre sous la dent au sein de ce parcours initiatique, où l’adulte, en mal-être, a en plus bien du mal à s’exprimer, et à partager avec l’enfant, à l’image du personnage complexe de Marina Foïs, jouant une mère psychologiquement absente, bien qu’aimante, et de Gael García Bernal, dans la peau d’un père à l’accent prononcé, démuni par les événements, lequel manque de poigne. Mais une fois de plus, la caméra s’intéresse ici l’enfance, et ce qu’elle voit, entend et perçoit des adultes. Aussi, "Cet Été-là" parle de ces périodes de doutes, de troubles, qui nous affectent et nous empêchent d’être nous-mêmes, mais surtout du regain de désir, du courage de les surmonter pour revenir à l’essentiel, et reprendre le chemin, retenter. Mais dans l’ensemble, "Cet Été-là" reste bien trop anecdotique et gentil que pour mériter le ticket de cinéma...