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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Olivier Ducray et Wilfried Meance
Jumeaux mais pas Trop
Sortie du film le 28 septembre 2022
Article mis en ligne le 2 octobre 2022

par Julien Brnl

Genre : Comédie

Durée : 97’

Acteurs : Ahmed Sylla, Bertrand Usclat, Pauline Clément, Gérard Jugnot, Isabelle Gélinas, Nicolas Marié, Jean-Luc Bideau, Claude Perron...

Synopsis :
33 ans après leur naissance, deux frères jumeaux découvrent soudainement l’existence l’un de l’autre... Pour Grégoire et Anthony, la surprise est d’autant plus grande que l’un est blanc, l’autre noir ! Il y avait une chance sur un million que ce phénomène génétique survienne. Mais leur couleur de peau est loin d’être la seule chose qui les différencie ! En faisant connaissance, aucun des deux n’a l’impression d’avoir tiré le gros lot...

La critique de Julien

Prix du public au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez 2022, "Jumeaux mais pas Trop" est le premier long métrage d’Olivier Ducray et de Wilfried Méance, lesquels ont fréquenté la même école et ont tourné ensemble le court "Mon p’tit Bernard" (2019). Portée par Ahmed Sylla et Bernard Usclat, lui qui n’est autre que le créateur et interprète principal de la série française "Broute", cette comédie nous emmène à la rencontre de deux jeunes hommes qui vont découvrir qu’ils sont jumeaux, après un test ADN réalisé dans le cadre d’une enquête policière. Sauf que l’un est noir, et vit de combines dans une cité (sans être un délinquant), et que l’autre est blanc, et candidat de droite aux prochaines élections législatives, de surplus catholique et gosse de riches. Après plusieurs tentatives d’approche du premier, ces derniers vont être amenés à se découvrir, en découvrant d’abord qui ils sont vraiment, en allant de (mauvaise) surprise en surprise, et cela à une semaine de la fin de la campagne du second...

Tel que l’affiche du film nous l’annonce, nous avions donc une chance sur un million que ce film existe. Et nous aurions pu nous en passer, même si le résultat n’est pas aussi catastrophique qu’attendu. Avec pour modèle le tandem Olivier Nakache/Éric Tolédano, les réalisateurs et le coscénariste Jean-Paul Bathany ont souhaité ici nous parler du rapport relationnel en Noirs et Blancs, de l’égalité des chances, ou encore de ce qui nous construit au-delà de notre ADN. Aussi, ces derniers ont souhaité inverser les clichés, bien qu’ils aient finalement préféré en partir pour mieux les déconstruire. Le film joue d’ailleurs plus sur le sentimentalisme que sur l’humour, relatif alors ici à la gémellité des personnages principaux issus de milieux sociaux opposés, lequel souligne d’ailleurs très maladroitement le coté totalement improbable de la situation, à savoir qu’ils sont d’une part frères, d’autre part jumeaux, et de surcroît noir et blanc. "Jumeaux mais pas Trop" tourne donc toujours autour du même ressort soi-disant comique, mais sans jamais se révéler l’être. On reste aussi très circonspect face à l’interprétation totalement insupportable de Bertrand Usclat, dans la peau d’une véritable tête à claques macroniste antipathique, ainsi que face à la place que lui donne l’écriture de cette espèce de road-movie mécanique en quête identitaire. Et comme si de rien n’était, ce personnage va, bien évidemment, révéler un grand cœur, et voler véritablement la vedette à son comparse de jeu, étant donné une évolution narrative plus approfondie, sans pour autant réussir à marquer le coche. En effet, derrière cette volonté de montrer un autre regard de ce personnage qui s’interroge sur son identité, "Jumeaux mais pas Trop" fait malgré lui triompher la droite, en lui révélant ainsi un visage méconnu, honnête et plus doux (surtout lorsque l’on creuse), capable de se remettre en question, du tout au tout. C’est donc ici un brin trop facile et opportuniste que pour nous permettre de ressentir quelque chose de vrai envers cette histoire assez poussive, même si jamais grossière, ni prétentieuse.

Alors qu’elle tente de faire exister quelques personnages secondaires à l’image de celui de Pauline Clément (également au générique de "Broute") ou de Nicolas Marié, cette comédie ne joue donc pas dans la finesse vis-à-vis des moyens qu’elle se donne pour atteindre ses objectifs, en témoigne toute la partie du film où les deux frères se rapprochent, et cela d’une part l’un de l’autre, et d’autre part vis-à-vis de leur histoire, dont ils ne savaient pas tout. À titre d’exemple, "Jumeaux mais pas Trop" donne à voir ses deux personnages à bord d’une voiture, caméra fixée sur le capot, filmant dès lors le pare-brise et ces derniers, après une émouvante révélation les concernant, en appuyant alors l’émotion avec une version acapella du titre "Wave" de Dean Lewis en bande-son, et cela pendant d’interminables et gênantes secondes, sans compter sur la scène où les frères chantent, hésitant, du Natasha St-Pier, en pleine découverte de l’autre... Enfin, force est de constater que la mise en scène manque cruellement de rythme pour nous ternir en haleine face à cette comédie qui manque de piment et d’audace, même si elle fait des efforts pour ne pas jouer la carte de l’humour gras et caricatural, ni des clichés du racisme. Cela est déjà une multiple victoire en soi, surtout lorsque l’on regarde le paysage actuel de la comédie française...



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