Genre : Science-fiction, comédie
Durée : 102’
Acteurs : Florent Dorin, Arnaud Ducret, Enya Baroux, Ludovik Simon Astier, Kyan Khojandi...
Synopsis :
2555. Dans un futur dévasté, l’apocalypse menace la Terre. Le dernier espoir repose sur un homme capable de voyager dans le temps. Sa mission : retourner dans le passé et changer le cours des événements. Mais la Brigade Temporelle, une police du temps, le traque à chaque époque. Débute alors une course contre la montre pour le Visiteur du Futur...
La critique de Julien
Au rayon des sorties de la semaine, il y a l’adaptation de la web-série "Le Visiteur du Futur", créée, écrite et réalisée par François Descraques, laquelle a connu un certain succès de 2009 à 2014, avant de connaître une diffusion télévisée, tout le long de ses quatre saisons, suivie de produits dérivés, telles que la bande-dessinée "L’Elu des Dieux", le roman numérique "La Meute" publié aux Éditions Bragelonne, ou le manga "La Brigade Temporelle", édité par Ankama Éditions. Travaillant sur ce projet en secret depuis 2014, François Descraques est également à la réalisation de ce film, lequel a mis du temps à trouver des financements, tandis que l’écriture de son scénario a pris au total trois années... Mais ce parcours du combattant en valait-il la chandelle ?
Alors que des acteurs et actrices d’origines reprennent ici leur rôle, comme que Florent Dorin ou Raphaël Descraques lui-même, l’intrigue du "Visiteur du Futur" se situe huit années après la fin de la série, mais également après les péripéties du roman et du manga, lequel met en scène deux nouveaux personnages principaux, à savoir ceux d’Arnaud Ducret et d’Enya Baroux. Le premier incarne ainsi un père veuf de famille dont la construction d’une centrale nucléaire a créé un cataclysme apocalyptique sans précédent dans le futur (en 2555), où un nuage radioactif tue la moitié de la population terrestre tous les 70 ans, tandis que la seconde interprète sa fille "bobo hipster du XXIe siècle", contre les projets de son père. Venu justement du futur, un Visiteur (Descraques) va alors les emmener tous deux bien des années plus tard, afin de les confronter au monde de demain s’ils ne changent pas celui d’aujourd’hui. Mais c’est sans compte sur une Brigade Temporelle, dont le but est de protéger le continuum espace-temps, et donc l’ordre du temps...
Produit pour "seulement" quatre millions et demi d’euros, "Le Visiteur du Futur" s’inscrit dans la SF francophone audacieuse, en plus de proposer une histoire dans l’air du temps, entre préoccupations écologiques et conflit entre générations, où beaucoup ne voient, en effet, que par le présent, tandis que d’autres, bien plus lucides, ne voient quant à eux que les conséquences, et pensent au futur. Et c’est justement par le biais de ce père et de sa fille que l’intrigue avance au pas de course, elle qui est à la fois destinée aux fans, et aux néophytes. Bourré de clins d’œil à la série, tout en étant accessible à toute la famille, cette adaptation est en tout cas une prise de risque sans précédent dans le cinéma francophone de la comédie, étant donné que la science-fiction hexagonale est un genre qui se casse souvent les dents au box-office (et d’après ses premiers jours d’exploitation, ce sera sans doute encore une nouvelle fois le cas). Mais d’un point de vue critique, celle-ci s’avère être payante, malgré quelques faiblesses bien visibles, que le futur permettra peut-être d’effacer (au présent ?)...
Réalisé avec la même équipe que celle de la web-série, "Le Visiteur du Futur" fait preuve de débrouillardise, et profite de quelques bonnes idées de mise en scène, certes très référencées, mais toujours portées vers le haut, tandis que les maquillages étonnent (la population irradiée est transformée en zombies), au contraire par contre des plans larges d’extérieurs, réalisés sur fonds vert, qui eux, piquent aux yeux. Signalons également un sympathique travail sur les costumes, et des effets spéciaux efficaces, à défaut d’un budget plus conséquent. Côté humour, on est clairement dans la même veine que celui de l’œuvre originale, ce qui freinera sans doute (le plus) ceux qui ne sont pas initiés aux précédentes aventures. Et en l’occurrence, l’humour joue dans la même cours que "Kaamelott", avec plein de caméo à la clef. Par contre, on reste bien dubitatif quant aux paradoxes temporels décrits (qui nous échappent) et sur lesquels jouent (avec facilités) l’intrigue, au même titre que certaines incohérences. Mais "Le Visiteur du Futur" nous rappelle qu’on est bien là dans de la science-fiction, elle qui ne répond ainsi à aucune logique. Pourtant, la part dramatique du récit à bien, elle, les pieds sur Terre, d’où un scénario pas si bête. Enfin, le ton monocorde sur lequel est raconté le film peut être un frein au-dessus duquel il faudra passer, pour l’apprécier ainsi à sa juste valeur, même si l’action est continuelle.
Dans l’absolu, François Descraques a donc réussi à convier ici l’intime et l’absurde au sein de l’univers loufoque et débridé de son œuvre originale. Ce dernier est parvenu à mettre en scène un film sincère qui déborde d’imagination, tout en rendant hommage à des classiques du genre dont il ne cache aucunement son amour.