Genre : Comédie dramatique
Durée : 103’
Acteurs : Franck Dubosc, Louna Espinosa, Jean-Pierre Darroussin, Marie-Philomène Nga, Catherine Jacob, Michel Houellebecq...
Synopsis :
Tony, la cinquantaine, chauffeur d’autobus scolaire renfermé sur lui-même, vit seul après avoir abandonné femme et enfant vingt ans plus tôt. Bousculé par un malaise cardiaque, il trouve le courage nécessaire pour affronter son passé et s’inscrire incognito dans le cours de danse dirigé par sa fille, qu’il n’a jamais connue, dans le but de la (re)conquérir et de donner un sens à sa vie.
La critique de Julien
"Tout le Monde Debout", la première réalisation de Franck Dubosc, sortie en 2018, avait mis tout le monde d’accord. L’humoriste et acteur, et désormais cinéaste accompli, mettait alors en scène une comédie dramatique, impertinemment délicieuse, autour d’une romance délicate et pleine de charme, bien que basée sur un mensonge volontaire, et sur fond de handicap ; soit un sujet duquel il aurait pu très bien ne pas se relever. Pourtant, le film s’avérait être une réelle surprise, à la fois lumineuse, profonde et alerte. Le voilà donc de retour avec "Rumba la Vie", un second métrage au titre sans équivoque, tourné il y a bientôt deux ans, et dont la date de sortie a été repoussée à plusieurs reprises.
"Rumba la Vie", c’est un projet né, d’une part, de l’envie pour Franck Dubosc de planter ses décors dans ceux de la danse de salon et, d’autre part, du besoin de déculpabiliser du fait de quitter ses enfants pour le travail. Il y interprète alors Tony, la cinquantaine, chauffeur d’autobus scolaire, plutôt renfermé sur lui-même, au look singulier, lequel vit seul, après avoir abandonné sa femme (Karina Marimon) et son enfant (Louna Espinosa), vingt ans plus tôt. Après un pépin de santé, ce dernier décidera alors d’affronter le passé, et de chercher à rencontrer sa fille, et à lui demander pardon. Sauf que celle-ci est professeur de danse, lequel devra alors s’y mettre, se faisant d’abord passer pour un nouvel élève, ne trouvant pas la force de lui dire la vérité...
Une fois de plus, le comédien joue un homme qui se fait passer pour un autre, ce qu’il n’a finalement jamais cesser de faire sur scène. Pourtant, au travers de son cinéma, force est de constater qu’il se révèle petit à petit derrière et devant la caméra, reconnaissant une forme de pudeur dans cet art d’être quelqu’un d’autre, ce qui est, en soit, bien plus facile qu’être soi-même. Même s’il souhaite encore réaliser des fictions tendres et drôles, et tourner dans des films rigolos pour autrui, Franck Dubosc semble trouver dans la comédie dramatique une sorte de justesse qu’on avait jusque-là insoupçonnée, avant sa première réalisation. Dans "Rumba la Vie", qu’il a une nouvelle fois écrit seul, jusqu’aux dialogues, ce dernier fait preuve d’une tendresse des mots et de la mise en situation, lui que l’on sent capable d’imaginer ses idées, et surtout de les mettre en scène, avec toute l’émotion qui va avec.
Quête de rédemption d’un père qui n’a jamais été présent pour sa fille, ce film nous prend alors par la taille pour nous guider au rythme de ses pas vers la réconciliation mutuelle, les deux protagonistes principaux avançant alors l’un vers l’autre. Mais Dubosc aime soigner l’écriture, jouant des faux-semblants et de la ruse comme personne, inversant alors les rôles pour tester l’individu et ses véritables intentions, et voir jusqu’où il est capable d’aller pour atteindre son objectif. Voir évoluer ce couple père et fille devant nos yeux nous émeut alors autant que cela nous réconforte. Et l’émotion est d’autant plus palpable grâce au jeu de la jeune Louna Espinosa, à qui Dubosc offre ici sa chance, pour son premier grand rôle au cinéma, elle qu’on a pu voir dans la série télévisée "Les Bracelets Rouges". Mais le réalisateur n’en oublie pas pour autant ses seconds rôles, dont Jean-Pierre Darroussin dans le rôle d’un collègue qui deviendra son ami, ou encore Marie-Philomène Nga, dans celui d’une enseignante noire qu’il approchera afin qu’elle lui apprenne quelques pas sur la rumba congolaise...
"Rumba la Vie" porte bien son nom, et ne cherche jamais à en faire des tonnes. C’est un joli moment de cinéma, aussi sincère que parfois maladroit. Mais c’est finalement tout ce qui le rend touchant, et sensible. On espère en tout cas voir Franck Dubosc poursuivre sur cette lancée-là.