Synopsis : Années 70. Jules Maugin est un acteur au sommet de sa gloire. Ce monstre sacré triomphe tous les soirs au théâtre avec son ex-femme, Jeanne. Si elle s’apprête à se remarier, lui ne parvient pas à tourner la page, tout comme il refuse d’abandonner alcool, tabac et bonne chère. Son médecin le met pourtant en garde, à ce rythme-là, il ne tiendra pas un an. La solution serait peut-être de se débarrasser de ses habitudes parisiennes en revenant dans sa maison aux volets verts, en bord de Méditerranée. Il y emmène Alice, sa jeune souffleuse, et sa petite fille. Seraient-elles la parenthèse enchantée pour un homme à bout de souffle et en bout de course, qui cherche un sens à sa vie ?
Casting : Gérard Depardieu (Jules) ,Fanny Ardant (Jeanne), Benoît Poelvoorde (Félix, Stéfi Celma (Alice),Fred Testot (Narcisse), Anouk Grinberg (Maria)
Points particuliers :
- Adaptation d’un roman de Georges Simenon, publié en 1950
- Le dernier projet d’adaptation de Jean-Loup Dabadie, scénariste, dialoguiste, auteur de chansons, décédé en 2020.
- Jean-Loup Dabadie est l’auteur majeur de la carrière musicale de Serge Reggiani dont en entend la chanson “Il suffirait de presque rien” (pas écrite par Dabadie)
Pourquoi, mais pourquoi, en 2022, adapter ce scénario de Jean-Loup Dabadie d’après un texte de Georges Simenon écrit en 1950 ?
Scénario, dialogues… tout semble aussi las que le personnage principal.
Si Simenon va très bien à Gérard Depardieu quand il enfile l’imper de Jules Maigret - récemment devant la caméra de Patrice Leconte - il le boudine carrément quand il s’entiche de cette maison aux volets verts.
Evidemment que la personnalité gigantesque, gargantuesque de Jules Maugin fait penser à “Gégé” dont on connaît les passions éclectiques (cinéma, théâtre, chanson, viticulture…) et les positions à l’emporte-pièce, mais aussi ses amitiés fidèles, que ce soit avec Fanny Ardant - une amie indéfectible depuis leur rencontre sur “La femme d’à côté” de François Truffaut il y a plus de 40 ans - ou Benoît Poelvoorde avec qui il a déjà tourné près d’une dizaine de films.
On sait que “Gégé” a de l’autodérision, sait se moquer du personnage public qu’il est ou plutôt que la majorité du public croit qu’il est devenu - un bon vivant excessif dans tout, uniquement préoccupé de bonne bouffe, d’alcool, de clopes, un tyrannique qui ne tourne qu’avec ses potes et impose ses potes sur les tournages - mais tout de même, cet effet miroir là, met très mal à l’aise, et fait même peine à voir.
Dans ce film à l’allure testamentaire, Depardieu semble n’avoir plus de voix, vaciller. On a presque envie de traverser l’écran pour le soutenir.
Autour de lui, les comédiens s’enthousiasment, font de leur mieux mais ne sont que des clichés, des parodies de personnages.
Ce sont pourtant tous des pointures : Ardant, Poelvoorde, Testot, la trop rare et toujours sublime Anouk Grinberg qu’on se réjouit de revoir, et la jeune Stéfi Celma - repérée dans la série “Dix pour cent” - est à sa place dans cette brochette de talents.
Que sont-ils allés faire dans cette galère, hormis pour avoir le plaisir - visible - de jouer ensemble ? Vous me direz, c’est déjà ça.
On a aussi connu Jean Becker plus inspiré, plus énergique. C’est mou du genou, sans rythme ni relief.
Tout est soigné - avec la star des chefs opérateurs, Yves Angelo, ce serait malheureux - mais tout sonne faux, vieillot, poussiéreux.
Le pire, c’est que si ce film avait été tourné dans les années 70 - choisies pour l’adaptation - il serait tout aussi anachronique.
Car, quitte à adapter un vieux scénario, pourquoi en garder les clichés qui sonnent désagréablement à nos oreilles aujourd’hui (Poelvoorde redoute de jouer un inspecteur "à voile et à vapeur") ?
Bref, on a rien contre l’équipe sympathique (sauf le gimmick “fiston”, qui devient lourd), mais franchement, quel film inutile.
Un beau gâchis avec de tels talents.