Genre : Thriller, action, espionnage
Durée : 122’
Acteurs : Ryan Gosling, Chris Evans, Ana de Armas, Regé-Jean Page, Jessica Henwick, Billy Bob Thornton, Wagner Moura, Dhanus, encore Julia Butters ...
Synopsis :
"Gray Man" est le nom de code de l’agent de la CIA Court Gentry, alias Sierra Six. Recruté dans une prison fédérale par son officier traitant, Donald Fitzroy, Gentry était autrefois un redoutable tueur à gages à la solde de la CIA. Mais la situation a radicalement changé : Gentry est désormais la cible de Lloyd Hansen, ancien comparse de la CIA, totalement déterminé à le traquer à travers le monde pour l’éliminer. L’agent Dani Miranda le couvre – et il en aura besoin.
La critique de Julien
"C’est juste un jeudi ordinaire". Netflix s’apprête à dégainer sa production la plus chère jamais produite, lui qui vient justement de perdre près d’un million d’abonnés au 2ᵉ trimestre de l’année. Mais nul doute que ce film devrait rameuter quelques téléspectateurs devant leurs écrans, et cela après les grands écrans, étant donné que le film s’est frayé une courte fenêtre de sortie dans nos salles de cinéma (au même titre que "Don’t Look Up" d’Adam McKay ou "The Power of the Dog" de Jame Campion, en leur temps). "The Gray Man", c’est l’adaptation d’un roman éponyme de Mark Greaney, publié en 2009, lequel a écrit une dizaine de romans autour de ce personnage, lui qui a collaboré avant ça avec le romancier Tom Clancy, à qui l’on doit - notamment - les aventures de Jack Ryan, dont Mark Greaney a poursuit les aventures à la mort de ce dernier en 2013...
Réalisé par les frères Russo, c’est-à-dire les metteurs en scène de plusieurs films du MCU, comme "Avengers : Infinity War" (2018) et "Avengers : Endgame" (2019), "The Gray Man" suit l’histoire de Court Gentry (Ryan Gosling), surnommé "Sierra Six" ou "Six", un ex-taulard formé depuis dix-huit années comme le plus redoutable des mercenaires par la CIA, dans le cadre d’un programme ultra-secret d’opérations noires. Sauf qu’il mettra la main en mission sur de sombres secrets sensibles concernant son employeur Denny Carmichael (Régé-Jean Page, vu dans "La Chronique des Bridgerton", déjà sur Netflix), devenant la cible de ce dernier, lequel engagera alors pour l’éliminer Lloyd Hansen (Chris Evans), sans doute le pire des agents, car sans scrupule dans ses méthodes de psychopathe sanguinaire...
Si vous êtes amateurs de gros films d’action et d’espionnage, alors "The Gray Man" est fait pour vous. Voyageant sans cesse à travers le monde à la vitesse de l’éclair, cette superproduction bourrine mérite d’être vue sur grand écran pour le spectacle qu’elle offre au spectateur, lui qui en met plein les yeux, où courses-poursuites, fusillades et combats à mains nues ou à armes tranchantes se succèdent. Le rythme effréné de l’action participe évidemment au caractère (très) divertissant du film, avec près d’une dizaine de scènes d’action, tandis que les frères Russo filment leur joujou avec une caméra épileptique et souvent plongeante, rappelant le cinéma de Michael Bay. Sauf que les frères sont bien meilleurs ici pour mettre en scène de violentes rixes étroitement cadrées plutôt que de grosses explosions nécessitant des effets spéciaux dantesques, comme le démantèlement d’un avion en plein vol, ou le déraillement d’un tram. Visuellement, "The Gray Man" pique alors parfois aux yeux, à vouloir trop faire dans la surenchère. Qu’à cela ne tienne, la seule longue scène se déroulant à Prague est exceptionnelle, et répond parfaitement aux codes du genre, laquelle verra Ryan Gosling faire face à des unités d’élite entraînées à l’éliminer, ainsi qu’à des dizaines d’assassins internationaux, sa tête étant mis à prix par le personnage de Régé-Jean Page, lequel offrira dix millions de plus à celui qui sera capable de "dégommer Ken". Une réplique prémonitoire, donc, tandis qu’on y apprécie souvent les dialogues, au sein desquels les ennemis prennent notamment un malin plaisir à se moquer les uns des autres.
Ryan Gosling, le regard ténébreux, la barbe épaisse, est donc un "MacGyver" bodybuildé et increvable dans "The Gray Man", lequel en redemande, malgré tous les coups de couteaux ou de ciseaux chirurgicaux qu’il se prend, lequel n’exprime ici sa douleur que par de petits bruits maîtrisés. Chris Evans, zappé comme jamais, se la joue sadique pervers, arborant des atouts capillaires qui ne devraient pas passer inaperçus, alors qu’Ana de Armas nous ressort l’artillerie lourde, telle qu’elle l’avait déjà faite dans le dernier James Bond, dans le rôle ici de Dani Miranda, une agente de la CIA qui va s’allier à Six. Billy Bob Thornton est quant à lui un ex-mentor muet comme une tombe, qui n’a pas non plus peur de la douleur, alors que Régé-Jean Page est impitoyable dans la peau du responsable des opérations noires. Tous ces personnages évoluent alors au sein d’une histoire sans originalité aucune, prévisible, laquelle cache bien des ficelles, et tente de falsifier ses failles par des retournements de situation dont on ne comprend guère grand-chose, car faussement tirés par les cheveux. Enfin, autour de toute cette histoire, il sera bien évidemment question d’un sauvetage. Car c’est bien connu : même le pire des tueurs cache un cœur gros comme celui d’un ours, duquel on découvrira d’ailleurs le passé, et donc les événements l’ayant conduit, très jeune, derrière les barreaux, avant d’être recruté par la CIA. Et puis, force est de constater que le scénario écrit à trois mains ouvre des portes pour une suite, Netflix espérant bien lancer une franchise autour de ce "Gray Man", au même titre que "Tyler Rake", son récent triomphe, lequel était justement produit par les frères Russo, et dont la suite arrivera prochainement...
"The Gray Man", c’est donc du cinéma d’action très généreux, pétaradant, voire trop explosif, lui qui ne fait pourtant que réchauffer une recette déjà bien connue, et cuisinée sans audace. Les Russo cochent alors ici toutes les cases du film de mâles sous testostérone, lesquels aiment se taper dessus, et cela pour notre plus grand plaisir, si c’est bien évidemment tout ce qu’on est venu y chercher...