Genre : Drame, romance
Durée : 104’
Acteurs : Odessa Young, Josh O’Connor, Glenda Jackson, Sope Dirisu, Olivia Colman, Colin Firth, Emma D’Arcy...
Synopsis :
1924, Beechwood en Angleterre. Jane Fairchild est la bonne de la famille d’aristocrates, les Niven. A l’occasion de la fête des mères, ses patrons lui accordent une journée de repos. Seulement, orpheline, Jane profite de l’occasion pour retrouver son amant, Paul. Ce dernier est le fils des voisins des Niven et il est fiancé à Emma Hobnay. Les Niven qui ont perdu leur fils lors de la Première Guerre mondiale se réjouisse du futur mariage de Paul comme si celui-ci était leur propre enfant...
La critique de Julien
Présenté il y a près d’un an au Festival de Cannes 2021 en section Cannes Premières, "Mothering Sunday" est le nouveau film de la cinéaste française Eva Husson, lequel est librement adapté du roman du même nom de Graham Swift, paru en français sous le titre "Le Dimanche des mères", en 2016. Cette romance dramatique se déroule majoritairement en 1924, et débute précisément le 30 mars de cette année-là, en Angleterre, alors que le dimanche des mères a lieu, soit un jour où les domestiques sont autorisés l’après-midi à rentrer chez eux afin de passer du temps avec leurs mères. Jane Fairchild est une jeune femme de chambre orpheline (Odessa Young), qui travaille pour le couple d’aristocrates Niven (joués par Colin Firth et Olivia Colman), à Beechwood, dans la campagne anglaise, eux qui sont toujours endeuillés par la mort de leurs deux enfants pendant la Première Guerre mondiale. Sauf que la demoiselle profitera alors de cette après-midi pour retrouver son amant, Paul Sheringham (Josh O’Connor), dans le domaine de ses parents, lui qui est (également) le seul fils survivant des Sheringham, que les Niven - amis des Sheringham - considèrent également comme un fils. Mais alors que Paul et Jane entretiennent une relation illicite depuis maintenant sept ans, le jeune homme s’apprête à se marier dans quelques semaines avec une jeune femme riche de son cercle social, Emma Hobday. Peut-être s’agit-il dès lors pour les amants de leur dernière rencontre ?
On ne sait jamais où attendre Eva Husson. Très jeune actrice chez Christian Zarifian en 1994, puis en 1999 chez Judith Cahen, avant de réaliser deux courts-métrages (dont un de fin d’études), la réalisatrice et scénariste s’est finalement lancée dans le long métrage. En 2015, tout d’abord, avec "Bang Gang (une Histoire d’Amour Moderne)", ayant créé la polémique à sa sortie lorsque l’association Promouvoir demandait que le film soit interdit aux moins de 18 ans. Puis trois ans plus tard, avec "Les Filles du Soleil", autour du combat de femmes kurdes yézidies captives et esclaves d’extrémistes lors des massacres de Sinjar en Irak, lequel a connu un double échec, à la fois commercial et critique, malgré sa sélection officielle au Festival de Cannes la même année... La voilà donc cette fois-ci de retour, mais avec un film d’époque, mais pas comme les autres, étant donné la sensualité qui s’en dégage, puisqu’il y sera question d’un franchissement de classe et d’éducation au profil d’une liaison sexuelle pourtant impossible, avec, en sous-textes, une histoire de deuils (dont la perte d’enfants et la culpabilité qui va avec), et de processus de création artistique qui en découlera.
L’histoire de cette demoiselle, maîtresse d’elle-même, jongle alors furtivement entre trois périodes narratives, autour de ce secret gardé et de son poids, deux des trois étant fortement rapprochées, tandis que la troisième confronte celle-ci au présent, alors qu’elle est âgée, et interprétée par l’actrice Glenda Jackson, 86 ans, lauréate de deux Oscar, elle qui n’avait plus jouée au cinéma depuis le film King of the Wind (1990) de Peter Duffell. Eva Husson suspend pourtant le temps, avec une mise en scène épurée, et intime, filmant en gros plan le visage de ses acteurs, elle qui capte aussi le corps d’Odessa Young gambadant, nue, tel un fantôme, dans une maison d’aristocrates, vide. C’est un drame (à moitié) costumé et sensible que filme ici la cinéaste française. Mais "Mothering Sunday" manque surtout de force dans ses drames, et ne parvient pas à émouvoir, la faute justement à sa mise en scène, à la fois lente et alanguie. L’ennui guette ainsi le spectateur, face au manque de perspectives que lui offre l’histoire de cette demoiselle évanescente, devenue femme, orpheline (de cœur) jusqu’au bout...