Genre : Fantastique, action
Durée : 108’
Acteurs : Jared Leto, Matt Smith, Adria Arjona, Tyrese Gibson, Jared Harris, Corey Johnson...
Synopsis :
Gravement atteint d’une rare maladie sanguine, et déterminé à sauver toutes les victimes de cette pathologie, le Dr Morbius tente un pari désespéré. Mais ce qui semble à première vue être un succès se révèle rapidement comme un remède potentiellement plus grave que la maladie...
La critique de Julien
Quand on y pense, cela fait presque deux années qu’était censé sorti au cinéma ce "Morbius", réalisé par Daniel Espinosa ("Safe House, "Life"), lui qui a donc été, comme beaucoup d’autres films, repoussé à plusieurs reprises à la suite de la pandémie mondiale. Désormais troisième film du "Sony’s Spider-Man Univers" après "Venom" (2018) et sa suite sortie l’année passée, "Morbius" est donc basé sur le personnage de l’écrivain Roy Thomas, conçu à l’origine par le dessinateur Gil Kane, lui qui est ainsi un autre ennemi juré de Spider-Man. Et, à y regarder sa première bande-annonce et la dernière, force est de constater que le montage final de ce film n’est pas celui qu’on aurait dû voir s’il était sorti au cinéma à temps et à heure, lequel surfe ainsi maladroitement sur le succès récent de "Spider-Man : No Way Home", en plus d’être un film d’anti-héros vidé de toute essence cinématographique novatrice...
On y suit ainsi le biochimiste Michael Morbius (Jared Leto), atteint d’une rare maladie du sang, lequel tente de trouver un remède pour soigner les nombreuses victimes de cette pathologie, dont son frère de substitution, Milo (Matt Smith). Alors qu’il vient de décliner un prix Nobel pour son travail de sang synthétique, le scientifique capturera des dizaines de chauves-souris vampires du Costa Rica, dans l’espoir d’épisser leurs gênes avec les siens, afin de guérir de cet état, ce que découvrira, inquiétée, sa collègue Martine Bancroft (Adria Arjona). Cette expérience virera évidemment au chaos, le transformant en une sorte de vampirisme transgénique, acquérant des capacités surhumaines, mais aucune faiblesse superstitieuse associée aux vampires. Responsable de la mort de plusieurs hommes à l’endroit de sa première transformation, Morbius sera à son tour une proie, mais de deux agents du FBI, tandis que Milo, découvrant que Michael est guéri, deviendra furieux lorsqu’il apprendra qu’il refuse de le guérir...
Même si est moins laid, et surtout moins stupide dans l’esprit que "Venom : Let There Be Carnage", "Morbius" n’infuse aucun sang neuf aux films de super-héros de commande, tandis que son personnage principal est coincé entre l’image du gentil méchant qui évitera à tout prix de tuer des humains et celui d’un méchant qui cherchera à tuer l’homme-araignée dans un avenir proche. On ne sait ainsi sur quel pied prendre ce film, charcuté au montage, lequel déballe son intrigue cousue de fil blanc une fois son cadre posé. Pourtant intéressant sur papier, le personnage de Jared Leto perd ainsi rapidement en profondeur et en ambition, une fois la "malédiction" s’abattant sur lui, lequel n’aura alors d’autre détermination que celle de mettre un terme à tout cela. Sauf que le sérum passera entre temps dans d’autres veines, histoire de pimenter un peu la chose. Dans le rôle du vrai antagoniste, Matt Smith peine aussi à offrir un semblant d’intérêt à cet homme riche, cupide, gâté, tête à claques, autrefois moqué pour sa maladie, lequel n’aura aucun scrupule à enlever des vies depuis qu’il a acquis les mêmes capacités que Michael. "Morbius" ne nous offre alors qu’une énième rivalité cinématographique entre deux frères de - faux - sang, mais sans une once d’âme, et malmenée par son manque flagrant de caractérisation, laquelle est, de plus, saupoudrée par une enquête policière complètement inutile, et à côté de plaque.
Visuellement, Daniel Espinosa fait ce qu’il peut pour offrir un semblant de spectacle à son film, bien que l’entièreté de son action repose sur des effets spéciaux partiellement illisibles, laids, et beaucoup trop appuyés sur des ralentis convenus, tandis que les métamorphoses en vampires des personnages ne laissent aucune place ici au maquillage, au profil de l’imagerie numérique, inerte, ce qui est bien dommage. À vrai dire, le metteur en scène n’arrive jamais à imprégner son film d’idées de mise en scène propre à son univers vampirique. Pourtant, le mythe du vampire ne manque pas d’imagination. Mais "Morbius", si, à quelques rares traînées de fumée ou d’ondes sonores urbaines résultant de l’écholocation surhumaine de Morbius. Le film se suit alors d’un bout à l’autre, avec son scénario troué de partout, incohérent, ce qui n’est en rien étonnant quand on sait qu’il est écrit par le duo de scénaristes à qui l’on doit les improbables et insignifiants scénarios de "Le Dernier Chasseur de Sorcières" (2015) de Breck Eisner et de "Gods of Egypt" (2016) d’Alex Proyas. Mais que dire également des deux scènes post-générique du film, opportunistes et pourtant sans queue ni tête, elles qui trahissent, d’une part, ce qui a été vendu au spectateur depuis deux ans, et d’autre part le multivers de Marvel...