Synopsis : Phil s’est exilé dans une petite communauté presbytérienne sur l’île de Lewis, au nord de l’Écosse. Une nuit, il est victime d’une attaque qui lui provoque une perte de mémoire. De retour sur l’île, il re-trouve Millie, une femme de la communauté qui s’occupe de lui. Alors qu’il cherche à retrouver ses souvenirs, elle prétend qu’ils s’aimaient en secret avant son accident...
Casting : Bouli Lanners, Michelle Fairley, Julian Glover, Clovis Cor-nillac...
Point particulier : Premier long-métrage de Bouli Lanners en anglais
Un plan fixe d’une lande déserte aux différentes heures du jour, soulignant les variations de la lumière, comme pour nous inciter à ne pas nous fier aux apparences.
D’emblée, « Nobody has to know » nous montre que la nature sera un personnage à part entière de son récit. Un personnage qui ne révèle pas ses secrets : l’île de Lewis, au nord-ouest de l’Ecosse, est certes magnifique, sauvage, isolée mais apparaît glaciale et austère. Qui de la nature ou de la communauté presbytérienne, qui s’y est installée, a façonné l’autre, nul ne le sait, toujours est-il que les quelques individus que l’on croise sur cette île ne respirent pas la chaleur humaine. Sans être franchement accueillants, ils ne sont pas pour autant hostiles.
Mais pour le côté démonstration d’effusions, on repassera.
Phil (Bouli Lanners) travaille pour un fermier du coin, Angus (Julian Glover). Entre deux réparations de clôtures, cet homme d’âge mûr, taciturne, a ce qui ce rapproche le plus d’une relation amicale avec Brian, le petit-fils d’Angus, qui travaille aussi pour lui.
Souligner que Phil n’est pas un bavard est loin d’être anodin, car lorsqu’il est victime d’un AVC, ne se souvenant plus de rien ni de personne, il va bien falloir utiliser les mots pour poser des questions, et retrouver des bribes de ses souvenirs.
Millie (Michelle Fairley), la fille d’Angus, qui s’occupe de lui, lui assure qu’ils étaient amants, mais lui demande de garder le secret.
Comment se reconstruire quand on ne sait plus qui on est ? A-t’on de nouveau la même personnalité, les mêmes envies qu’auparavant ?
Sur quelles bases repartir quand on ne peut se fier qu’à ce que l’autre nous affirme ?
Bouli Lanners est touchant, juste dans ce personnage d’homme sans bagage, mystérieux, décidé à ne pas trop se dévoiler.
Michelle Fairley, aux antipodes de son rôle de Lady Stark dans « Game of thrones » offre une partition sensible et interprète avec ferveur ce personnage en manque d’amour, jusqu’à s’en imaginer un, mais on a du bien du mal à comprendre les étapes qui pourraient expliquer son comportement. On devine bien que vivre dans cette communauté austère a étouffé pas mal de ses désirs, de ses rêves, mais aucune scène ne vient appuyer cette supposition.
Les personnages sont loin d’être creux, mais le couple qu’ils forment manque de profondeur : en privilégiant la pudeur, et en ne se concentrant pas uniquement sur ce couple, formé par deux personnalités pétries de non-dits, Bouli Lanners reste à la surface.
Il y a de très belles scènes - ce jeu de regards dans un miroir - dans ce « Nobody has to know », une délicatesse et un calme contemplatif loin d’être désagréables, mais on est un peu frustrés de ne pas vibrer davantage d’émotion et d’intensité.
Un film qui se regarde sans déplaisir mais dont j’attendais plus.