Genre : Thriller, action
Durée : 136’
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Yahya Abdul-Mateen II, Eiza González, Garret Dillahunt, Keir O’Donnell...
Synopsis :
Totalement désespérés, deux frères volent une ambulance avec, à son bord, un auxiliaire médical et un patient dans un état critique...
La critique de Julien
Après un détour par Netflix avec "6 Underground" (2019), Michael Bay revient au cinéma avec "Ambulance", remake américain du film danois "Ambulancen" de Laurits Munch-Petersen, sorti en 2005. Dans ce film d’action tourné comme une course-poursuite à travers tout Los Angeles, Yahya Abdul-Mateen II (vu dans le récent "Candyman") interprète Will Sharp, un vétéran de la guerre ayant désespérément besoin d’argent pour payer les soins de sa femme, malade. C’est alors qu’il reprendra contact avec son frère, Danny, joué par Jake Gyllenhaal, pour lui demander de l’argent à prêter. Criminel endurci, ce dernier lui proposera alors de l’aider à braquer une banque, et, in fine, de se partager plusieurs millions de dollars. Sauf que leur casse ne se déroulera évidemment pas comme prévu, étant donné que Will tirera sur un officier de la police de Los Angeles, avant qu’ils ne détournent ensemble une ambulance, dans laquelle ils tiendront en otage la technicienne ambulancière Cam Thompson (Eiza González), en train de soigner l’officier mourant sur lequel l’un des frères vient de tirer...
D’emblée, on reconnaît la patte bourrine du réalisateur Michael Bay, et ses insupportables mimiques de mise en scène, pendant que le drapeau américain flotte dans les airs de nombreux plans. "Ambulance", c’est la cavale en ambulance de deux frères, liés pieds et poings fermés, malgré leurs différents, eux qui, petits, jouaient aux symboles patriotiques américains du shérif et du cowboy, avant que l’un ne finisse comme son père, et l’autre, fils adoptif, comme un héros de guerre déchu, n’ayant alors d’autres choix que de braquer pour joindre les deux bouts. Écrit avec les gros sabots, "Ambulance" accumule évidemment les clichés du genre, et peine surtout à le renouveler. Beaucoup trop long, le film pâtit également de facilités d’écriture déconcertantes, elles qui n’aident pas à justifier ce braquage et ses modalités, décidées sur le tard, lui qui ne pouvait dès lors que très mal tourner. Ayant pour seules garanties de survie leurs otages, les deux frères, aidés en externe par d’autres criminels stéréotypés, causeront alors bien des dégâts aux véhicules de la police de Los Angeles, pendant que la courageuse et dévouée infirmière en question procédera à une opération non-stérilisée, sans perfusion ni sang, dans l’ambulance lancée à toute allure. Partie de Docteur Maboul en temps réels et inutilement gore, cette dernière reflète ainsi particulièrement bien le non-sens qui se dégage de ce film, lui qui cherche ainsi par tous les moyens à créer du spectacle, pourtant bien éculé et poussif le concernant.
Michael Bay, d’après un scénario adapté de Chris Fedak (son premier le concernant pour le cinéma), fait alors traîner les hostilités, les protagonistes fermant leurs yeux quant à leur issue, ne pouvant être pourtant que négative. Mais c’est sans compter sur Michael Bay, qui cherche une fois de plus ici à pardonner et à réhabiliter les héros et victimes oubliées par les États-Unis, ayant alors servi leur pays, en la personne ici du personnage de Yahya Abdul-Mateen II, qui, même s’il a tiré sur un policier, n’a pas un mauvais fond, lui qui s’est laissé embobiner par son frère. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien s’il aidera la doctoresse à soigner le pauvre policier, charcuté durant près de deux heures, lequel reprendra pourtant conscience, sans avoir l’air de souffrir le martyr. Tout cela est pathétique !
Visuellement, Michael Bay fait du Michael Bay, et reste donc fidèle à ses artifices, lequel filme "Ambulance" avec des drones et une caméra plongeante, virevoltante, faisant des vols planés à donner le tournis, et changeant de direction en trouvant des points d’appui sur les buildings du Downtown Los Angeles, à savoir le centre-ville et le quartier d’affaires de la célèbre ville. Des hélicoptères sont également du voyage, notamment lors d’une scène surréaliste filmée au ralenti dans la rivière de Los Angeles, sans parler des armes automatiques, dont le film fait l’apologie. Aussi, la bande-originale assourdissante de Lorne Balfe ne fait pas dans la dentelle, tandis que les deux frères, eux, se disputent sans arrêt, puis se tapent dessus, pour ensuite finir par monter le son de la radio et pousser ensemble la chansonnette, le tout pendant que les flics leur collent aux fesses. Bref, c’est d’un ridicule et d’une naïveté qui dépasse les bornes...