Genre : Comédie
Durée : 105’
Acteurs : Michèle Laroque, Isabelle Nanty, Thierry Lhermitte, Patrick Timsit, Jeanne Balibar, Antoine Duléry, Jean-Hugues Anglade, Alysson Paradis...
Synopsis :
Sandra découvre, après 30 ans de mariage, que Paul la trompe avec sa meilleure amie. Elle le quitte sur le champ et n’a d’autre choix que de retourner dans la maison de son enfance, où vit toujours sa sœur Danie. La cohabitation sera mouvementée car tout les oppose. Tout, excepté leur passion commune pour la danse.
La critique de Julien
En octobre dernier, nous avions fait le choix de ne pas découvrir le nouveau film de Michèle Laroque, "Alors on Danse", alors qu’elle était venue le présenter au Festival International du Film Francophone de Namur. Pourtant, son troisième long est sans aucun doute son meilleur film, après le four critique et commercial qu’a été "Chacun chez Soi", sorti en juin 2020 pour la seconde réouverture des salles de cinéma. Mais cela ne veut pas dire autant qu’il s’agit d’un bon film. Loin de là. Et on comprend pourquoi "Alors on Danse" gravite au-dessus de ses précédents passages derrière (et devant) la caméra, étant donné que ce dernier est une libre adaptation de la comédie britannique "Finding Your Feet" (2018) de Richard Loncraine, que nous avions particulièrement apprécié à l’époque, laquelle faisait d’ailleurs partie de notre top 3 de l’année. En manque d’idées, Michèle Laroque n’en garde alors que sa colonne vertébrale, et certaines scènes, ciblant son récit autour d’une bourgeoise (Sandra) découvrant l’adultère de son mari (Paul ; Antoine Duléry), et n’ayant d’autres choix que de se réconcilier avec ses racines sociales moyennes, étant donné qu’elle se réfugiera chez sa sœur (Danie, jouée par Isabelle Nanty), à l’opposé d’elle. L’occasion aussi de redécouvrir leur passion commune, à savoir la danse, que Sandra a abandonnée très tôt...
C’est un fait : "Finding Your Feet" était un irrésistible feel-good movie "so british" autour du troisième âge, alors porté par un quintet d’acteurs on ne peut plus attachants, offrant au film une joie et un amour communicatif, tandis que la finesse des dialogues faisaient prendre à des expressions de la vie de tous les jours un sens tout particulier. Son remake, lui, est vidé de toute la substance qui en faisait sa réussite. Quant à Laroque, elle reste fidèle à elle-même, et joue la bourgeoise froissée et nunuche, elle qui s’offre physiquement un rôle de choix, toujours bien habillée, mettant sans cesse en avant sa plastique, à soixante-et-un ans. Et autant dire que l’actrice ne parvient pas à rendre empathique la femme qu’elle interprète, évoluant en plus dans un quatuor de personnages écrits au premier degré, dont sa sœur, passant complètement sous la trappe au profil de ses nains de jardins, ainsi que Lucien (Thierry Lhermitte) et Roberto (Patrick Timsit), en pieds nickelés de la danse et princes charmants de la seconde chance... Car il est bien question de ça, dans cette comédie sans une once d’humour, dans laquelle son joli petit monde - caricatural - se bat pour leur troupe de danseurs amateurs, alors menacée de fermeture par un projet municipal. Sans compter sur une certaine "lutte des classes", sur laquelle insiste constamment, mais faussement, ses répliques. Tout cela est tellement téléphoné et artificiel que le métrage en devient forcément gênant.
Alors non, on ne danse pas. À la vision de ce film, c’est à se demander comment certains projets peuvent encore obtenir un financement, au regard de nombreux cinéastes qui doivent souvent puiser dans leur portefeuille pour boucler leur film. Michèle Laroque, elle, ferait mieux de consacrer à ce qu’elle sait (si bien) faire. Tandis que les presque deux heures de "Finding Your Feet" mettaient sans cesse du baume au cœur et passaient à la vitesse de lumière, "Alors on Danse", lui, traîne des pieds, et nous entraîne avec lui dans sa chute.