Genre : Comédie, policier
Durée : 103’
Acteurs : Alice Pol, Miou-Miou, Eddie Mitchell, Zabou Breitman, Pablo Pauly, Pascale Arbillot, Gustave Kervern, Sarah Stern...
Synopsis :
Jeanne Chardon-Spitzer, brillante architecte, se voit confier la réhabilitation du somptueux manoir des Daguerre, étrange famille à la tête d’un empire du jeu de société. Quand César, le patriarche, est retrouvé assassiné en pleine Murder Party, Jeanne est entraînée dans un jeu d’enquête grandeur nature pour démasquer le meurtrier.
La critique de Julien
Nous avions été horrifiés par la découverte de l’affiche officielle de "Murder Party" en août dernier, calquée délibérément sur celle du film à succès "À couteaux Tirés" (2019) de Rian Johnson. Premier film du cinéaste français Nicolas Pleskof après plusieurs courts, "Murder Party" met également en scène un "whodonit", soit un film à énigme, dans lequel ici plusieurs membres de la famille Daguerre, à la tête d’un empire du jeu de société, doivent découvrir qui parmi eux est le meurtrier du patriarche, et cela avec l’aide de l’architecte chargée de la réhabilitation du manoir, embarquée malgré elle dans un "Cluedo" géant, à la façon d’un escape game...
Avec ses références explicites au cinéma d’Hitchcock, de Wes Anderson ou encore de Douglas Sirk, Nicolas Pleskof nous livre-là un premier film très violent, mais pas dans le sens premier du terme. Jamais marrant, embarrassant, bruyant, surjoué, assommant, "Murder Party" est un plateau de jeu dans lequel on se perd d’une part volontairement pour s’en éloigner, et d’autre part involontairement, car on aurait quand même préféré ne pas subir le truc, voire même être acteur de cette histoire, et participer, à notre échelle, à l’enquête en cours. Mais sa découverte fait le même effet qu’une lecture de règle d’un jeu, et principalement au moment où l’on pensait avoir enfin compris ses règles, sauf qu’il n’en est rien, alors qu’on vous force en plus à y jouer. Car autant dire qu’on est jamais préparé à s’infliger un film comme celui-là...
Malgré une direction artistique baroque et saturée plutôt assumée, un travail du maquillage très fifties, une composition musicale orchestrale et loufoque, ainsi qu’une Alice Pol qui y croit dur comme fer, on a bien du mal à sauver quelque chose de cette énigme thérapeutique et familiale, elle qui nous passe largement par-dessus la tête, et cela même avant qu’elle ne tente un retournement de situation aux trois-quarts de son intrigue farfelue, censé ainsi changer les règles du jeu, ici d’un nouveau genre. Le problème, c’est qu’on a décroché de la partie bien plus tôt, fatigué par tout son brouhaha et son trop-plein d’idées tous azimuts. En gommant également ses repères spatio-temporels, Nicolas Pleskof finit par nous enfermer dans un mauvais rêve duquel on souhaite vite sortir, mais cette fois-ci physiquement. Bref, c’est triste à dire, mais cessons de perdre notre temps, et vous le vôtre. On vous aura prévenus...