Genre : Thriller, comédie
Durée : 114’
Acteurs : Sebastian Stan, Daisy Edgar-Jones, Jojo T. Gibbs, Charlotte Le Bon...
Synopsis :
Noa fait la connaissance de Steve dans une épicerie. Refroidie par les applications de rencontres, elle accepte sur un coup de tête de lui donner son numéro. Après un premier rendez-vous, elle tombe sous le charme de cet homme très séduisant et accepte de partir avec lui en amoureux le temps d’un week-end. Elle va vite découvrir que son nouvel amant a un appétit insatiable… et peu commun !
La critique de Julien
Qu’il est curieux de découvrir dans la section Star de la plateforme Disney+ ce thriller original ayant pour thème le cannibalisme. Autant dire qu’il va falloir activer le contrôle parental de votre application si vos enfants l’utilisent via un écran partagé. "Fresh", c’est le premier long métrage de la cinéaste américaine Mimi Cave, co-produit par Adam McKay ("Don’t Look Up"), lequel met en scène la star de la série phénomène "Normal People", Daisy Edgar-Jones, ainsi que Sebastian Stan, connu du grand public pour son rôle de Bucky - le Soldat de l’Hiver - dans le MCU. La jeune demoiselle y interprète ici Noa, qui s’essaye à des rencontres en ligne, tout en détestant tout ce que cela implique, en plus d’être constamment déçue du manque de décence des hommes. C’est au supermarché qu’elle rencontrera pourtant la perle rare - du moins en apparence - du nom de Steve (Stan), charmant et respectueux, avec qui elle flirta rapidement. Ils coucheront d’ailleurs ensemble le premier soir, tandis que Steve l’invitera pour un week-end à partir avec lui, mais cela contre l’avis de sa meilleure amie Mollie (Jonica T. Gibbs), qui ne l’a toujours pas rencontré. En effet, cette dernière trouve ça rapide, en plus qu’il n’ait pas de compte Instagram. Cette rencontre moderne réservera alors une mauvaise surprise pour Noa, découvrant rapidement la nature horrifiante de Steve, aux appétits inhabituels...
Alors que l’intrigue débute par un date qui va mal tourner, avant d’enchaîner avec une romance des plus parfaites, "Fresh" va rapidement virer au cauchemar pour sa principe intéressée, découvrant ainsi qu’elle va finir en morceaux de viande pour de riches clients, pour lesquels travaille Steve, lequel garde alors ses victimes en vie le plus longtemps possible afin de garder "sa viande" fraîche, quitte à "la" dépecer à petit feu. Tandis qu’elle voit son personnage tomber malgré elle dans le piège de son bourreau, Daisy Edgar-Jones étonne et convainc dans la peau de cette jeune femme qui s’autorise ici, pour la première fois, de se laisser porter par ses sentiments, acceptant finalement l’invitation d’un parfait inconnu, lequel a parfaitement calculé son coup. Sebastian Stan se révèle quant à lui parfait dans cet effroyable rôle de docteur maniaque, insensible et sans scrupule. Ensemble, le duo détone, et offre une partition impertinente qui fait du bien, bien loin des standards de la comédie romantique, même si ce film n’en est finalement pas une !
Mimi Cave, sa réalisatrice, d’après un scénario de la méconnue Lauryn Kahn, filme ici un rapport pervers de domination entre un hôte et son invitée, laquelle tentera d’inverser cependant la tendance en le séduisant à son tour, en rentrant dès lors dans son jeu. Provocateur et éprouvant, le concept de "Fresh" nous montre une vision horrifique du corps de la femme sous le joug de l’homme, pour assouvir ses propres besoins. Mais cette histoire riposte, avec malice, et présente des personnes féminins très forts, avec lesquelles s’amusent Mimi Cave et Lauryn Kahn, en commençant par Daisy Edgar-Jones, ainsi que Jonica T. Gibbs, dans le rôle de sa meilleure amie, prévenante et persistante, sans oublier celui campé par Charlotte Le Bon, mais que l’on taira ici. Si "Fresh" est un thriller qui manque de tension en plus de crédibilité, il est bien évidemment à prendre au second degré, tel que le filme son metteur en scène, notamment lorsque Steve découpe sa viande, et prépare ses colis, le tout en se déhanchant en musique. D’ailleurs, au plus l’intrigue se dévoile, au plus sa tournure bifurque vers de l’humour noir, en témoigne le final, très cru, et complètement décomplexé, jouissif, même si vite emballé, voire frustrant. Aussi, on regrette que cet humour pointe tardivement le bout de son nez.
Avec sa photographie rougeâtre et orangée, rappelant celle de la chair humaine, et signée Pawel Pogorzelski ("Hérédité", "Midsommar"), "Fresh" se révèle aussi être un curieux objet de cinéma, utilisant alors à bon escient son concept de base pour quelques très bonnes idées visuelles, comme un premier premier rendez-vous "amoureux" filmé à hauteur d’une bouche et d’un regard, ainsi que des plans de fourchettes aux bouchées charnelles qui pénètrent dans la bouche, ou encore toute la préparation d’un spaghetti au haché de viande humaine. Très imagée, cette comédie horrifique accentue dès lors sa vision du cannibalisme à son paroxysme, quitte à dégoûter. Bref, un film à éloigner des végétariens et végétaliens !