Synopsis : Belfast, fin des années 60. La capitale de l’Irlande du Nord est marquée par un conflit opposant les communautés catholiques et protestantes. De quoi chambouler le quotidien du jeune garçon Buddy. Devant la flambée de la violence et la pression de son entourage pour prendre parti, papa songe sérieusement à déménager. Il faudra pour cela convaincre toute la famille et moins voir les grands-parents vieillissants. Entre le cinéma, l’école et son béguin pour une camarade de sa classe, Buddy n’a pas le temps de s’ennuyer. Il ne faut pourtant qu’une simple étincelle pour que des manifestations tumultueuses déferlent sur le quartier.
Acteurs : Caitriona Balfe, Jamie Dornan, Judi Dench, Ciarán Hinds, Jude Hill
L’affiche du film est assez explicite sur le ton et l’ambiance de celui-ci. Belfast est tourné, avec un certain nombre de plans-séquences, en un très beau noir et blanc. Il y a quelques scènes en couleur (essentiellement au début et à la fin, mais aussi durant le film où l’on découvre un film projeté en couleurs dans une salle de cinéma avec un "petit effet je montre mon savoir-faire de type arty" lorsque dans la salle, filmée en noir et blanc l’on voit l’image couleur dans les reflets des lunettes de la grand-mère (Judie Dench). Explicite aussi par la joie exprimée par les protagonistes et la mise en valeur de l’enfant !
Belfast est filmé non pas à hauteur d’enfant mais avec le regard d’un enfant qui est ici l’alter ego de Kenneth Branagh qui puise dans ses propres souvenirs. Il s’agit de faire mémoire d’un conflit religieux dont l’histoire a gardé trace de sa violence et de ses aspects sanglants, un conflit entre protestants et catholiques en Irlande. Mais cette mémoire, passée au filtre d’un gamin de 9/10 ans, a presque quelque chose de ludique qui atténue la violence des combats et des divisions entre les uns et les autres, parfois dans une même rue. Le terrain des combats est d’ailleurs quasiment limité à cette rue, la violence entre les voisins, la présence de l’armée britannique. L’on pourrait faire la comparaison avec Roma d’Alfonso Cuarón, mais celle-ci ne serait que de surface, tant Belfast n’atteint pas la profondeur et la qualité de Roma. Ce n’est pas que Belfast soit un mauvais film (comme ce fut le cas pour Mort sur le Nil mais qu’il manque de profondeur, d’aspérité. La violence est certes présente ou plutôt présentée, mais semble hors champ de la réflexion qui porte sur le fait de quitter l’Irlande pour l’Angleterre où le père travaille. Jamie Dornan (que nous avions découvert en 2014 dans Flying Home un film en partie belge par son casting et le lieu de l’action) est ici assez sobre et nous sommes bien loin de la franchise Cinquante nuances... Du reste, le distributeur belge s’est vu imposer un embargo assez surprenant puisque de nombreuses critiques étaient disponibles (y compris en langue française). Dès lors, habitué à rédiger nos critiques dans la foulée de la vision, la mémoire vient à faire défaut au moment l’écrire. Sauf peut-être et c’est anecdotique, que Buddy (dont il faut relever la qualité d’interprétation) lit à un moment donné un comic (Thor). Pour le souci de vérité, il semble bien qu’il tienne en mains un numéro d’époque. Mais s’agissant de vérité (et cela arrive dans d’autres films) cela fait tout sauf vrai, car lette revue aurait dû être neuve au lieu de porter le poids des décennies depuis son impression !
Le film est dédié "à ceux qui sont restés" ; "à ceux qui ont quitté" et "à tous ceux qui étaient perdus".