Genre : Horreur
Durée : 83’
Acteurs : Sarah Yarkin, Elsie Fisher, Mark Burnham, Olwen Fouéré, Alice Krige, Jacob Latimore...
Synopsis :
Melody, sa sœur adolescente Lila et leurs amis Dante et Ruth se rendent dans la petite ville de Harlow, au Texas, pour lancer une nouvelle entreprise. Mais leur rêve se transforme bientôt en cauchemar éveillé lorsqu’ils pénètrent sans le vouloir dans le monde de Leatherface, le dangereux tueur en série dont l’héritage sanglant continue de hanter les habitants de la région. Parmi eux, Sally Hardesty, unique survivante du tristement célèbre massacre de 1973, et bien décidée à se venger.
La critique de Julien
C’est en 1974 qu’est sorti le film "Massacre à la Tronçonneuse", réalisé par Toby Hopper, d’après une idée partagée avec le scénariste Kim Henkel (qui revient d’ailleurs ici à la production). Considéré comme l’un des meilleurs et des plus influents films d’horreur de tous les temps, celui-ci a permis de révéler aux yeux du monde le faux visage du psychopathe Leatherface, étant donné qu’il y arbore la peau de ses victimes. Né au sein d’une famille de déséquilibrés consanguins et cannibales, Bubba Sawyer (de son vrai nom) y attaquaient alors cinq jeunes hippies un peu trop curieux, se sentant ainsi menacés par ces derniers (lui, et sa famille), et cela à l’aide d’outils, et principalement d’une tronçonneuse. C’est d’ailleurs cet instrument particulier qui fera essentiellement la marque de fabrique de la franchise, et du personnage. Or, parmi ces - premières - cinq victimes, seule une a survécu, Sally Hardesty (jouée à l’époque par la regrettée Marilyn Burns). Inspiré du tueur en série Ed Gein, huit autres films ont notamment suivis, dont ce "Massacre à la Tronçonneuse", récupéré par Legendary Pictures après que Lionsgate en ait perdu les droits, étant donné l’échec commercial de l’inédit préquel "Leatherface" (2017). Et tel que l’a fait Blumhouse Productions avec la franchise "Halloween", ce nouveau film fait abstraction de tous les précédents (suites, remakes, préquels), le considérant alors comme une suite directe du film homonyme de Toby Hopper, même si son intrigue se déroule près de 50 ans après sa tuerie...
Réalisé par le méconnu David Blue Garcia, mais d’après une histoire originale co-imaginée par Fede Álvarez et Rodo Sayagues, à qui l’on doit le réussi remake de "Evil Dead" (2013) et l’excellent "Don’t Breathe : la Maison des Ténèbres" (2016), cette suite était initialement réalisée par les frères Tohill, avant qu’ils ne soient renvoyés par le studio, étant donné des divergences créatives. Blue Garcia repris alors le film à zéro, en Bulgarie, n’utilisant aucune scène tournée par lesdits frères. Tandis que John Larroquette (74 ans) fait entendre sa voix en tant que narrateur tel qu’il l’avait déjà fait (notamment) dans le film original, le film met en scène un groupe de jeunes bobos hipsters entrepreneurs qui se rendent dans la ville reculée de Harlow, au Texas, depuis longtemps abandonnée, prévoyant alors de vendre aux enchères les propriétés afin d’y créer un quartier branché et fortement gentrifié. Sauf qu’ils se heurteront à une vieille femme âgée, censée avoir été expulsée, ainsi qu’à son fils, un homme silencieux et imposant...
Tandis qu’il ne cache pas ses nombreux clins d’œil à son aîné, "Massacre à la Tronçonneuse" court bien plus après le temps qu’après l’originalité. Avec à peine septante-cinq minutes d’images, cette suite ne lui rend en effet malheureusement pas hommage. Abusivement sanguinolent (la scène du bus), le film ne procure jamais une once d’empathie pour ses quatre personnages principaux (malgré la présence de deux sœurs, dont l’une a survécu à la fusillade de son école, l’ayant laissée avec une paralysante blessure traumatique), enchaînant des situations prévisibles et rabattues, desquelles ils ne parviennent pas à s’extraire. On finit même par soupirer tellement certains passages sont surfaits. Trop vite emballé, le film de David Blue Garcia manque ainsi d’ampleur, de substance, de psychologie, d’idées. On lui reconnaît cependant quelques scènes qui font très mal, ainsi qu’une (opportuniste) modernisation des propos, avec notamment l’utilisation des réseaux sociaux et l’arrivée de néo-hippies, insupportables et idéalistes, désirant alors s’accaparer des terres qu’ils n’avaient jusque-là jamais cessé de mépriser. Sans oublier une photographie assez plaisante, notamment lors d’une scène tournée dans un champ de tournesols (et pratiquement la seule en extérieur), et quelques plans bien sympas, évoquant toute la légende de Leatherface. Mais cela reste bien trop peu pour un héritage d’une des plus grandes figures du cinéma d’horreur.