Synopsis : Phil s’est exilé dans une petite communauté presbytérienne sur l’île de Lewis, au nord de l’Ecosse. Une nuit, il est victime d’une attaque qui lui provoque une perte de mémoire. De retour sur l’île, il retrouve Millie, une femme de la communauté qui s’occupe de lui...(suite = spoiler en note !) [1]
Acteurs : Bouli Lanners, Michelle Fairley, Clovis Cornillac
Cinquième film, mais premier film en anglais qui se déroule sur un ile écossaise. Mais, tout comme les films précédents, le héros (ou anti-héros !) est à l’écart, en dehors du flux des activités humaines. Ici, triplement : sur une île, avec une communauté « identitaire » repliée sur elle-même et eux-mêmes, Millie et Phil, en marge de cette communauté !
Si l’on visionne le film sans connaître le synopsis (espérons que vous n’avez pas lu le "spoiler", le spectateur pourra penser à un film de genre, où le mystère plane dans la communauté, où il y un secret, quelque chose à cacher, or sans "spoiler" l’intrigue, ce quelque chose à cacher est paradoxal, en creux plutôt qu’en trop plein, un manque… En revanche, l’on découvrira peu à peu une singulière histoire d’amour…
Cette histoire est aussi celle d’une mémoire à combler lorsqu’elle fait défaut ! Comment construire une mémoire lorsque celle-ci est défaillante ? Sans dévoiler outre mesure l’intrigue, ce travail de reconstruction d’une mémoire, d’un passé est essentiel. Qu’est-ce que l’on mémorise, qu’est-ce que l’on oublie, qu’est-ce que l’on change, adapte ?
Lors de son interview pour Les premiers, les derniers, Bouli Lanners reconnaissait que son film avait une dimension religieuse. Ici, cette dimension est présente. Nous sommes dans un culte presbytérien. Le spectateur peu averti se demandera de quoi il s’agit : non catholique et en même temps pas dans l’imaginaire que l’on se fait du protestantisme. Cet aspect religieux est important et constitue une des dimensions du film.
Les acteurs apportent une densité au film. A commencer par Michelle Fairley, une actrice anglo-irlandaise que beaucoup auront vue comme Lady Stark dans Game of Thrones. Elle est ici aux antipodes d’un tel rôle… Il y a enfin Bouli Lanners, comme acteur principal. Ce n’est pas la première fois (c’était déjà le cas dans Les premiers, les derniers, et dans Eldorado). Il y a enfin, Clovis Cornillac qui vient du continent et que l’on découvre au milieu du film et on vous laisse découvrir le rôle de Benoît dans le film.
Nobody Has to Know vous fera découvrir une très belle histoire d’amour, la (re)construction de la mémoire lorsque le milieu dans lequel l’on vit, sans y être hostile, ne laisse pas de place aux sentiments et à l’humain à cause d’un carcan religieux qui empêche les effusions et la manifestation des affects.