Genre : Drame, biopic
Durée : 106’
Acteurs : Ben Affleck, Tye Sheridan, Lily Rabe, Christopher Lloyd, Sondra James, Daniel Ranieri, Max Martini, Ron Livingston...
Synopsis :
J.R., un garçon sans père, passe des heures au sein du bar tenu par son oncle Charlie, un homme excentrique, déjanté et haut en couleurs qui représente la seule figure paternelle de son entourage. Alors que la mère du garçon fait tout pour qu’il puisse accéder à des opportunités dont elle n’a jamais pu bénéficier – et ainsi quitter la maison délabrée de son propre père qui la soutient malgré lui - J.R. décide de poursuivre ses rêves personnels et professionnels avec courage et maladresse, tout en gardant toujours un pied dans le bar de son oncle Charlie.
La critique de Julien
Après avoir collaboré avec Netflix pour son film "Minuit dans l’Univers" (2020), George Clooney fait équipe cette fois-ci avec Amazon Studios pour la sortie de son dernier film "The Tender Bar", après que le service de streaming ait racheté les droits de l’ouvrage du même nom de J.R. Moehringer, publié en 2095, racontant les mémoires étalées sur les vingt premières années du journaliste et romancier américain, à Long Island.
"The Tender Bar" prend ainsi racine en 1973, alors que le jeune J. R. Maguire (Daniel Ranieri, pour son premier rôle au cinéma), âgé de 8 ans, grandit avec sa mère Dorothy (Lily Rabe), lui qui n’a jamais connu son père (Max Martini), mais seulement entendu, étant donné qu’il est animateur radio. En perdant leur logement, J. R. et sa maman n’auront alors d’autre choix que d’aller vivre chez son grand-père (Christopher Lloyd), avec le reste de la famille (chaotique), dont Charlie (Ben Affleck), son oncle, patron du bar local le Dickens, lequel va devenir un père de substitution pour J. R.. En parallèle, on suit J. R., adolescent (Tye Sheridan), diplômé de l’Université Yale, avant qu’il n’intègre le New York Times, poussé par son oncle à devenir écrivain, étant donné les nombreux livres qu’il lui a fait lire durant son enfance, rangés au comptoir du Dickens, alors que sa mère, elle, souhaitait qu’il devienne avocat...
George Clooney peine à mettre en scène avec un rythme soutenu ce récit initiatique (plus communément appelé un "coming-of-age movie"), raconté au passé, entre deux époques, et au travers duquel se noue une jolie relation filiale entre un oncle et son neveu. En effet, on a déjà vu plus dynamique dans le genre, tandis que le parcours de R. J. manque ici cruellement de ressenti d’obstacles, étant donné un ton de mise en scène globalement monotone, tandis qu’un narrateur (Ron Livingston) nous raconte cette histoire. Or, ce dernier n’est autre que J. R. Maguire adulte, posant ainsi un regard sur sa propre histoire (qui l’est d’ailleurs un peu trop en l’état de film), laquelle ne nous épargne évidemment pas des sentiments amoureux, mais non-réciproques, ainsi qu’un "grand méchant", même physiquement absent soit-il. Enfin, la rupture elliptique entre l’enfance et l’adolescence de J. R. est également un poil trop brutale, et empêche à l’émotion de se développer continuellement.
Clooney offre ici un rôle de tendre nounours excentrique à son ami Ben Affleck, dans le rôle d’un homme quelque peu raté, ne souhaitant ainsi pas au fils de sa sœur de connaître le même sort, tandis que le très jeune Daniel Ranieri parvient à exister face à l’acteur, au contraire de Tye Sheridan, qui manque de nuances dans son jeu. Dommage également que le film mette de côté certains personnages et leur vécu, tels que la maman de J. R., ou son grand-père, joué tout de même par Christopher Lloyd. Les rares moments où ces derniers interviennent dans la vie du garçon ont pourtant beaucoup de sens, avec plusieurs scènes cocasses ou touchantes, avant qu’ils ne soient finalement abandonnés, ce qui est assez frustrant.
On reste cependant fan des prises de vue du film, filmé dans l’état du Massachusetts, ainsi que de sa bande-originale, très seventies, avec les connus et méconnus King Harvest, Jackson Browne, Pablo Cruise, ou encore les Isley Brothers. "The Tender Bar" est donc un film posé, très humaniste, nostalgique, mais trop léger et mou pour sortir de l’ordinaire.