Genre : Drame
Durée : 105’
Acteurs : Frances McDormand, Denzel Washington, Corey Hawkins, Brendan Gleeson, Moses Ingram, Harry Melling, Ralph Ineson, Alex Hassell, Kathryn Hunter...
Synopsis :
Un seigneur écossais est convaincu par un trio de sorcières qu’il deviendra le prochain roi d’Ecosse, et sa femme ambitieuse le soutient dans ses plans de prise du pouvoir. Une adaptation de la tragédie de William Shakespeare.
La critique de Julien
Alors que son frère Ethan se consacre pleinement au théâtre, c’est seul que s’est lancé Joel Coen sur cette adaptation de la célèbre tragédie McBeth de William Shakespeare, publiée pour la première fois en 1623, et pour laquelle il s’est également chargé du scénario adapté. Alors qu’il était censé sortir fin décembre dernier chez nous, avant d’être retardé d’une semaine en raison de la fermeture prématurée des salles des cinémas belges, "The Tragedy of MacBeth" est également disponible sur Apple TV+, depuis le 14 janvier dernier.
Dans cette adaptation très sombre filmée en noir et blanc, les Macbeth, joués respectivement par Denzel Washington et Frances McDormand (l’épouse du réalisateur), sont plus vieillissants que d’accoutumée, ce qui apporte une quête du trône encore plus pressante, ainsi qu’une désolation qui le sera d’autant plus. Le duo d’acteurs se donnent alors corps et âme dans ce récital de dialogues de la langue de la pièce, préservés ici à "environ 85%", d’après son metteur en scène. Washington est époustouflant dans la peau de ce roi aveuglé par le pouvoir, n’hésitant pas à (faire) assassiner pour conserver sa place, elle-même acquise par le sang versé, et sombrant peu à peu dans la paranoïa. Poussé par son épouse, que McDormand interprète avec fermeté et de persuasion, cet homme sera alors confronté à trois sorcières prophétiques (que l’actrice et directrice de théâtre britannique d’origine américaine Kathryn Hunter joue en épousant l’allure d’un corbeau, avec une voix d’outre-tombe), lui présageant son avenir, pessimiste, étant donné le danger que représente Macduff (Corey Hawkins), annoncé comme futur roi d’Écosse. À moins de le massacrer, lui et sa famille, McBeth étant convaincu de son invincibilité...
La cinématographie de cette adaptation ne fait ici aucun doute, elle qui aspire à épouser l’aspect tragique de cette histoire, que le spectateur connaît déjà, et encore plus le cinéphile. Ce noir et blanc, ce jeu d’ombres et de grandes formes géométriques sur le sol et les murs est absolument sublime, tout comme certaines prises du vue, aux allures très théâtrales, mais parfaitement incluses dans la vision qu’a Joel Coen de l’œuvre de Shakespeare, lequel en met habilement en scène l’imagerie littéraire. Par contre, on doute que le jeune public puisse s’accrocher à cette relecture, certes fidèle, mais extrêmement bavarde, et parlée dans un langage vieux de plusieurs siècles, et donc peu accessible. Ainsi, la question de la nécessité de cette nouvelle adaptation peut se poser. Enfin, le métrage, aussi long paraît-il, est pourtant court et net dans la relecture de ces enjeux, tragiques et capitaux pour ceux qui les vivent, ne laissant dès lors que peu de temps au spectateur pour en soulever toute l’importance, le désespoir, tandis qu’il lui faudra faire des efforts pour rester concentré face aux dialogues, et tenter d’en comprendre tous leurs sens...