Synopsis : L’acteur Riggan Thomson, has been connu pour avoir incarné un célèbre super-héros, monte une pièce à Broadway autour de son propre personnage dans l’espoir de renouer avec sa gloire passée. Pour se faire, il est soutenu par sa fille, fraichement sortie d’une cure de désintoxication qui devient son assistante, par une actrice et un producteur farfelu.
Acteurs : Michael Keaton, Emma Stone, Edward Norton, Naomi Watts, Andrea Riseborough, Zach Galifianakis, Amy Ryan, Merritt Wever.
Que voilà une excellente surprise pour un cinéphile ! Je préviens d’emblée : il faudra faire un effort pour entrer dans le film qui ne se pare pas des plumes de la séduction sinon celle d’un super héros plus que vieillissant.
Dans le rôle de ce héros, quasiment anti-héros, Michael Keaton dont on comprend facilement que les Golden Globes 2015 l’aient consacré meilleur acteur dans un film musical ou une comédie pour ce film.
Au-delà de l’interprétation remarquable de Keaton (sans compter Edward Norton, excellent lui aussi dans le rôle d’un acteur... très sûr de lui et plus sûr - ou plus dur ? - encore sur scène que dans la vie réelle !) ce cinquième film Alejandro González Iñárritu est véritable réflexion (un jeu de miroirs !) sur l’acteur. Les mises en abîme se court-circuitent : entre théâtre, cinéma et littérature.
En effet, le roman What We Talk About When We Talk About Love de Raymond Carver est une des clés du film. Riggan met le roman en scène au théâtre, ce qui fait l’objet du film. Mais la pièce qui se joue sur scène... se joue ou se vit dans la "réalité" (entendons, telle que présentée à l’écran bien entendu). Car il y a des liens également avec le vie réelle de l’acteur qui interpréta jadis un super héros, oiseau de nuit, Batman... en 1989 et 1992, sous la direction de Tim Burton.
Il y a donc de multiples jeu de miroirs (présents aussi dans la loge de Riggan) entre le roman de Carver, la pièce de théâtre qui est mise en scène, la vie "réelle" des protagonistes du film, et celle de l’acteur dans la "vraie vie" mais aussi dans sa vie de super-héros cinématographique.
Et le film est lui-même une leçon de cinéma, nous faisant passer dans un même plan de la répétition de la pièce sans public à la représentation en avant-première devant le public. La quasi totalité du film se déroule d’ailleurs en un quasi huis clos, celui du théâtre dont on arpente la scène ; les loges et le toit. Le film ne quittera ces lieux que pour les airs où nous nous envoleront avec le héros, comme un oiseau dans une scène qui fera se fracasser (ou s’envoler !!!) le rêve fantasme contre la réalité où l’atterrissage sera rappelé à la dure réalité du sol par la demande d’un chauffeur de taxi que sa course lui soit payée. Le film se donne à voir comme un unique "plan-séquence" (même s’il n’a pas été tourné comme tel).
Nous aurons droit à quelques scènes qui nous ferons découvrir les fantasmes du héros qui se rêve encore "super" capable de bien des prouesses de télékinésie mais qui, la robe de chambre coincée dans la porte du théâtre va se retrouver en slip dans la rue... Dur rappel de la réalité.
Le film ne manque pas non plus d’égratigner le milieu du cinéma et des acteurs renommés sans oublier non plus celui des critiques (de théâtre... mais bien sûr de cinéma également).
Le film déconcertera probablement mais il est une réflexion (je joue ici sur le double sens) sur ce qui se "joue" et se "trame" dans la vie d’acteur, sur scène et dans les coulisses. A recommander chaudement aux cinéphiles et à ceux qui veulent découvrir un cinéma intelligent, de qualité et qui demande un certain effort pour y entrer, probablement sans pop corn !