Synopsis : Dans la vie réelle, Suzu est une adolescente complexée, coincée dans sa petite ville de montagne avec son père. Mais dans le monde virtuel de U, Suzu devient Belle, une icône musicale suivie par plus de 5 milliards de followers. Une double vie difficile pour la timide Suzu, qui va prendre une envolée inattendue lorsque Belle rencontre la Bête, une créature aussi fascinante qu’effrayante. S’engage alors un chassé-croisé virtuel entre Belle et la Bête, au terme duquel Suzu va découvrir qui elle est.
Mamoru Hosada est un grand réalisateur. Toki o kakeru shōjo (La Traversée du temps) avait marqué les cinéphiles fans d’animes en 2006. Trois ans plus tard il s’attaquait, d’une certaine façon, aux réseaux sociaux, avec Samā wōzu (Summer War). Nous avions beaucoup apprécié Miraï (Mirai no Mirai / Miraï, ma petite soeur) et Bakemono no ko (Le garçon et la bête), deux animes qui abordaient le rapport entre l’humain et son animalité pour l’un et les relations familiales pour l’autre. Belle avait marqué le Festival de Cannes 2021 et obtenu une très... belle standing ovation du public. Autant dire, ou plutôt écrire, que nous partions très confiants pour la vision de ce film.
Hélas, le charme n’a pas vraiment opéré. Il y a bien l’opposition entre les deux univers virtuel et réel (et celui-ci est à « l’image » du travail habituel d’Hosoda), et possiblement une critique des réseaux sociaux (il y avait déjà Summer Wars il y a douze ans).
l y a aussi la relecture de La Belle et la Bête (plus celle de Disney que du conte français !!!). L’animalité avait déjà été abordée dans Le garçon et la bête… Mais ici, il y avait quelque chose de too much et qui tient aussi la cohérence des univers proposés. Il faut que ceux-ci soient « crédibles » en admettant bien entendu les postulats de départ. Nous acceptons ceux-ci, mais alors cinq milliards de followers cela veut dire que nous en sommes à trois fois plus d’humains sur la Terre. Et à voir les images du monde « réel » on n’a pas l’air de se bousculer.
L’univers U semble si moderne (un peu, dans un autre style, avec le film Ron débloque où on a un petit robot ultra performant que s’adapte à son maître) que les applications sur les téléphones semblent bien anciennes (rien de différent avec le monde d’aujourd’hui).
Et aussi lorsque Belle/Suzu est pourchassée, pourquoi ne pas quitter le réseau virtuel ? Et la façon en deux coups de cuillère à pot les jeunes trouvent le lieu où se trouvent les enfants victimes des violences paternelles. Et aussi comment le père abandonne-t-il aussi rapidement ? Et rien que le voyage en train, toute seule ! Ou encore, ce monde U créé et géré par 5 personnes et où une bande de « justicier » peut faire la police sans crainte (comme dans un mauvais Matrix !). Alors que nous étions entré sans problème dans les univers de Le garçon et la bête, ou de Miraï.
Alors, il y a bien sûr le chant qui doit sauver la situation… mais nous avons bien plus été sous le charme des chansons de Your Name.
Donc, en résumé, pas un mauvais film, mais qui ne nous a pas accroché faute de proposer un univers cohérent dans sa construction. L’on s’abstiendra de coter le film et vous laissons trouver d’autres lectures plus positives que la nôtre !