Synopsis : Anna, 34 ans, vit avec son mari, ses deux petits garçons et Simon, un enfant placé chez eux par l’Assistance Sociale depuis l’âge de 18 mois, qui a désormais 6 ans. Un jour, le père biologique de Simon exprime le désir de récupérer la garde de son fils. C’est un déchirement pour Anna, qui ne peut se résoudre à laisser partir celui qui l’a toujours appelée « Maman ».
Acteurs : Mélanie Thierry, Lyes Salem, Félix Moati
Sur un thème de ce genre, il serait malvenu de "critiquer" le film, au sens commun du verbe. Il s’agit du deuxième long métrage de Fabien Gorgeart, qui à lire sa page Wikipedia "a été récompensé en recevant le Valois du Jury et le Valois de l’actrice, décerné à Mélanie Thierry à la 14e édition du Festival du film francophone d’Angoulême. Le film reçoit également le prix du Jury, le prix du public et le prix des étudiants au 11e Festival 2 Cinéma 2 Valenciennes". Si Diane avait les épaules pour porter un enfant pour un couple d’amis, ici, Anna a les épaules d’une maman dans une famille d’accueil pour porter un enfant au cœur de sa propre famille. Cet enfant n’est pas le sien. Son père Dris (Lyes Salem), lui, ne pouvait porter cet enfant, le sien, suite à la mort tragique de son épouse et mère de l’enfant. Les services de l’enfance ont donc confié l’enfant à Anna et son mari Eddy (le couple a deux autres enfants). Depuis quatre ans et demi, l’enfant est devenu leur frère et, dans la foulée, le fils d’Anna et Eddy. Jusqu’au jour où il leur faudra découvrir, ou plutôt accepter que cet enfant n’est pas le leur et qu’il faudra faire l’impasse sur lui puisque le père réclame son enfant, demande que celui-ci n’appelle plus Anna "maman". Du reste de l’intrigue on ne dira rien, même si l’on en devine les ressorts qui vont jouer sur le drame, le mélodrame et les larmes. En ce sens, le film a les défauts de ses qualités et vice-versa.
L’on aura droit aux scènes classiques : la famille réunie avec les enfants pour le jeu ; la famille autour de la table du repas où la nouvelle "désastreuse ?", "mauvaise ?" est annoncée et où un des enfants du couple se réjouit déjà de pouvoir bénéficier de la chambre de celui qui s’en ira retourner chez son vrai père, les scènes "religieuses" où l’on voit la famille se rendre à la messe ou prier à la maison (nous avons affaire à de bons catholiques pratiquants de la middle class bourgeoise). Il y a aussi les atermoiements d’Anna (alors qu’Eddy lui a, ou semble avoir, les épaules plus solides et aura les mots et la voix de la raison, notamment lorsqu’il servira d’interface entre le père biologique et son épouse, lorsque celle-ci semble déraper dans son refus de faire le deuil de sa relation avec l’enfant. Dans la foulée, à certains moments le personnage de Dris paraîtra un peu inquiétant ce qui semble appeler le spectateur à prendre fait et cause pour Anna, contre Dris.
Toute la tension du film tiendra donc en ceci : Anna pourra-t-elle lâcher prise ? L’enfant sera-t-il heureux ? Dris sera-t-il un bon père ? Et si oui (vous voyez une autre réponse ?) comment le scénario va-t-il nous proposer une réponse ? Au final (que l’on vous laisse découvrir à l’écran, l’on aura découvert un film assez classique, formaté, jouant un peu sur les ficelles et les ressorts attendus pour nous noyer dans l’émotion et vibrer avec les différents protagonistes. Et il est probable que cela fonctionnera chez pas mal de gens qui aiment se nourrir d’émotions, que ce soit au premier degré, ou même au second, en n’étant toutefois pas dupes des rails sur lesquels le film est posé pour n’en pas sortir.